Certains proposent une alternative au tiers payant généralisé obligatoire voulu par le gouvernement : la création d’une “carte à débit différé santé”, fournie aux patients par leur banque. Cette carte permettrait le débit bancaire du montant de la consultation au profit du médecin, après que cette somme soit remboursée par les organismes d’assurance maladie obligatoire et complémentaire et créditée sur le compte du patient. Outre le petit parfum d’usine à gaz – et à problèmes pour les médecins - que dégage cette idée,….

on peut objecter que les cartes bleues à débit différé existent déjà. On peut objecter surtout que les cartes de crédit sont payantes pour leurs titulaires et payantes pour les médecins qui les acceptent : ils paient leurs abonnements pour le lecteur de carte bleue et au service bancaire afférent ainsi que la commission d’inter-échange sur chaque transaction.

On voit pourquoi les banques sont pour cette solution ! Au total, cette fausse bonne idée consiste bel et bien à généraliser une prise de commission sur le montant déjà trop faible de la consultation du MG. Elle a aussi un autre avantage, de l’aveu même de certains dirigeants syndicaux : elle rend moins « visible » la ponction opérée pour dépassement d’honoraires.

Un peu “faux-jeton”, la fausse bonne idée ?

Nous préférons donc la solution de tiers payant en un seul flux par le régime obligatoire, sans autre vérification des droits que ceux permis par l'usage d'une carte vitale ou attestation RO à jour. Le tiers payant deviendrait alors ce qu’il est déjà pour nos patients en ALD : facile, sûr. Il doit bien entendu rester optionnel. Le nombre d’actes dans le parcours de soins est connu à l’unité près et la compensation à verser par la mutualité aux régimes obligatoires serait facile à calculer.

Mais évidemment, quelques millions d’euros de commissions supplémentaires échapperont aux banques. Les spécialistes en secteur II devront continuer à demander aux patients le versement direct de leurs “compléments d’honoraires”. Enfin le gouvernement sera face à sa responsabilité pour la question de la récupération des franchises...

On voit bien qu’il s’agit là d’un vrai choix politique : Marisol Touraine peut choisir un système simple facilitant la vie aux médecins généralistes comme à leurs patients, ou choisir une ou plusieurs usines à gaz destinées avant tout à permettre aux autres spécialistes, aux mutuelles et aux banques de s’entendre sur notre dos, comme d’habitude. Quel choix fera-t-elle ?

J-C. Nogrette