Je vous ai peut-être déjà parlé de cet éminent professeur de médecine bordelais qui, s’adressant aux externes, leur rappelle régulièrement : « vous êtes nuls, nuls tellement nuls que vous finirez généraliste dans le Périgord ! » Ce mépris nous le retrouvons, un peu plus policé certes, mais de manière tout aussi profonde, toute aussi ancrée chez nos interlocuteurs qu’ils soient membres des cabinets ministériels ou issus des rangs de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM). En un mot, nous ne suscitons que peu d’intérêt parce que ce que nous faisons n’est pas sensationnel, n’est pas prestigieux, et surtout n’est pas visible ! Pour autant….


…c’est parce que nous ne sommes rien, que nous ne sommes ni écoutés, ni entendus que MG France et les autres syndicats signataires ont décidé le 28 janvier de quitter la réunion du Comité Paritaire National. Manifestement M. Nicolas REVEL, nouveau directeur de l’UNCAM, n’a pas pris ses marques comme patron de l’assurance maladie, mais s’affiche plutôt comme répétiteur des consignes gouvernementales. Comme les autres, il n’a toujours pas compris l’investissement qu’il est indispensable de faire sur le premier recours. Comme les autres, le patron de l’assurance-maladie n’a toujours pas saisi l’anachronisme ridicule qui veut que des médecins qui ont fait des études longues, complexes et spécialisées, fassent de plus en plus de travail administratif et de moins en moins de travail médical.

Nous continuons à faire notre travail de syndicaliste : réclamer les réajustements tarifaires nécessaires pour que les médecins généralistes aient enfin les moyens de leurs missions ; au premier rang desquels des revenus suffisants pour avoir un secrétariat.

Chacun d’entre nous, dans son cabinet, dans sa ville ou dans sa campagne, doit faire le maximum de bruit pour que la médecine générale redevienne visible. Le comportement des politiques a atteint ses limites ! Quand ils nous rencontrent individuellement, ce que nous faisons est à leurs yeux « merveilleux ». Que de louanges ! Mais quand, en troupeau, ils doivent prendre des décisions sur l’avenir de notre système de santé, ils se défilent ou se comportent comme des girouettes à l’écoute des lobbies ou de ceux qui hurlent le plus fort, bien souvent sans raison. Nous arrivons bientôt au bout de cette logique. La faire perdurer ne pourra qu’être préjudiciable à la santé des Français et à leur prise en charge. Nous le dirons haut et fort au cours des prochaines journées d’action et lors de la prochaine campagne électorale.

Bernard Plédran