Vous avez raison d’être choqués par ces petites phrases lâchées sans précaution : « les médecins généralistes font trop d’arrêt de travail » et en plus « 15 % des arrêts sont inappropriés » ce qui est faux car le taux réel d’arrêts injustifiés est de 0,75 %. Encore une fois, les médecins généralistes sont la cible de critiques dévalorisantes pour notre travail. C’est inadmissible !


MG France n’a de cesse de rappeler que « les médecins généralistes ne sont pas responsables de la hausse continue des arrêts maladie ». « Les conditions de travail se dégradent », le taux d’emploi des plus de 55 ans a augmenté* et on sait que c’est dans cette tranche d’âge qu’il y a le plus d’arrêts longs. Cela nécessite que le Gouvernement prenne en compte ces éléments avant de stigmatiser les médecins généralistes sur cet acte de soins primordial.

Un arrêt de travail n’est pas seulement une indemnité journalière, c’est avant tout un soin pour des patients qui souffrent et qui ne peuvent assurer leur travail, que la souffrance soit physique ou psychique.

Notre quotidien de médecin généraliste passe maintenant par un temps de plus en plus conséquent d’accompagnement de patients en souffrance professionnelle. L’arrêt de travail est une acte thérapeutique indispensable lorsque la souffrance est telle qu’elle ne permet plus le travail. Effectivement, nous voyons davantage de troubles musculo-squelettiques, de troubles dépressifs, de syndrome d’épuisement … qu’il y a quelques années. L’augmentation de 4 % des arrêts de travail est une réalité pour nous car nous faisons le constat quotidien que nombre de travailleurs vont mal dans leur métier.

Notre rôle est de soigner les maux de ces patients, de les accompagner dans le maintien de leur emploi si c’est possible (parfois avec l’aide des médecins du travail), de leur prescrire un arrêt si la situation aiguë le nécessite.

Notre décision de prescrire un arrêt est toujours empreinte d’une réflexion placée au niveau du soin et non au niveau du coût. Nous sommes des soignants et nous le resterons. Nos arrêts de travail ne sont pas des « abus ».

MG France demande que le Gouvernement prenne en compte davantage cette dimension du soin inhérente à notre fonction de médecin. Tant que les conditions de travail seront difficiles, des arrêts de travail seront prescrits. Ne faites pas « la chasse aux IJ », donnez nous des moyens et des relais dans le domaine socio-professionnel.


* source DARES juin 2018, le taux d'emploi des 55-65 ans est passé de 38% en 2008 à 52 % en 2018