Loi de santé : des avancées, mais quels moyens pour le premier recours ?

Après les annonces de ce jour de la ministre de la santé au cours de la présentation de la loi de santé, MG France s’inquiète du peu de moyens dévolus à cette «révolution du premier recours».

1) Un médecin traitant pour les enfants de 0 à 16 ans.
L’extension du dispositif du médecin traitant aux enfants corrige une lacune qui était préjudiciable à la santé de l’enfant. Bénéficier des services d’un médecin traitant, en charge de la coordination et du suivi du patient, est utile à la santé des adultes. Ce doit être aussi le cas pour les plus jeunes. Les enfants vont pouvoir ainsi disposer d’un médecin en charge de leur santé, choisi par ses parents et qui pourra être le pédiatre ou le médecin généraliste.

2) Le tiers-payant pour les soins primaires.
Alors que la quasi-totalité des soins les plus coûteux est prise en charge en tiers-payant (radiologie, actes techniques et de spécialités), les médecins généralistes pratiquent très peu de tiers-payant. Améliorer l’accès aux soins de la population, c’est notamment lui permettre de consulter un médecin généraliste sans avance de frais.
Aujourd’hui les difficultés techniques liées à l’absence de coordination entre régimes obligatoire et complémentaire rendent les généralistes très réticents à l’idée de pratiquer le tiers-payant. Ils attendent de la ministre des garanties, notamment qu’il n’y ait pas de vérification des droits, que les paiements soient garantis et que le payeur soit unique.

3) Les soins primaires et la santé publique.
La loi de santé énonce plusieurs priorités en matière de santé publique. Les soins primaires doivent être systématiquement associés aux plans annoncés par le gouvernement, la réalisation des actions reposant sur les acteurs de terrain, qu’il s'agisse de lutte contre les addictions ou de prévention de l’obésité par exemple.
MG France prend acte que sa proposition d’un numéro d’appel unique pour la permanence des soins ambulatoires dans chaque département ait été retenue. Ce numéro devra être géré et les appels régulés par les médecins généralistes qui organisent la PDSA.

4) Des moyens pour la "révolution du premier recours » ?
La "révolution du premier recours » annoncée par la ministre est un des principaux enjeux de la Stratégie nationale de santé. Les médecins généralistes, acteurs des soins primaires doivent disposer de moyens nouveaux et suffisants pour leur permettre d’organiser leur offre de soins.Ces moyens concernent la rémunération de la coordination interprofessionnelle, le forfait structure pour leur cabinet médical, la coordination d’appui pour faciliter les relations entre acteurs des soins primaires, établissements de santé et structures médico-sociales, la réorientation des sommes consacrées à l’ex DMP vers des outils de partage de l’information entre professionnels. Telles sont les principales avancées attendues par les médecins généralistes. Si la négociation interprofessionnelle doit définir les contrats-type rémunérant la coordination entre professionnels, la loi doit faire des soins primaires une priorité et répondre aux besoins des professionnels (lire à ce propos les 9 conditions de MG France). Elle doit aussi conforter les professionnels de terrain dans leur rôle de maîtres d’oeuvre des organisations territoriales, en leur apportant les financements indispensables (notamment en mobilisant les Fonds d’Intervention Régionaux) et les moyens matériels et humains correspondants.
MG France attend donc de la discussion sur le projet de loi des engagements financiers répondant aux attentes des médecins généralistes. La préparation du PLFSS 2015 dira si la volonté de mettre en oeuvre ce qui est annoncé est réelle.

  

Mots-clés : loi de santé, Marisol Touraine, médecin traitant, tiers payant.

 

Contacts :

  • Dr Claude LEICHER - Tél : 06 25 20 01 88
  • Dr François WILTHIEN - Tél : 06 13 60 54 31
  • Dr Jacques BATTISTONI - Tél : 06 62 61 09 99

Référence du communiqué de presse : N° 320 (à rappeler en cas de demande d'info complémentaire)