Une seule spécialité libérale, essentielle, la médecine générale, voit ses effectifs en baisse. Le secteur libéral des soins respecte ses objectifs budgétaires (un ONDAM à moins de 2 %) depuis plusieurs années. Mais le pays demeure suréquipé en lits d’hospitalisation. L’hôpital public reste un gouffre financier. Il vient d'obtenir 250 millions de plus.

Rapprocher ces informations devrait conduire un gouvernement responsable à des décisions claires en faveur de la médecine générale, probablement à budget constant, en orientant une part plus importante des financements vers cette spécialité. Pour restaurer son attractivité et donc ses effectifs, ce gouvernement renforcerait ainsi un secteur qui a démontré son efficience.
Qu’observe-t-on dans les faits ? Le gouvernement prévoit un plan d’investissement pour revaloriser l’attractivité et les carrières (1) … au sein de l’hôpital public ! On s’en doutait.

Les médecins urgentistes hospitaliers grognent une demi-journée. Ils obtiennent ce qu’ils demandent, soit 80 millions euros. L’hôpital public râle un peu plus : on lui donne sans sourciller 250 millions de plus.
Les médecins libéraux protestent unanimement contre une loi de santé mal ficelée qui ne règle aucun des vrais défis auquel le système de santé français doit faire face. Ils n’ont rien !

La médecine générale, spécialité essentielle pour l’accès aux soins des français, se meurt à petit feu. Elle ne reçoit rien.
Les médecins généralistes ne comprennent pas comment le gouvernement peut être aveugle et sourd à ce point. Il donne l’impression d’avoir décidé d’abandonner la médecine générale.
Il précipite le pays dans un système “tout hôpital”, qui n’est ni souhaitable ni souhaité par la population et les acteurs de la santé.
Il pérennise des solutions qui sont en échec et replâtre un hôpital qui explose à vouloir tout faire au lieu de le recentrer sur ses missions premières.
Il néglige la solution qui est le développement des soins primaires, en proximité, en leur donnant les moyens nécessaires.
Nous devons lutter de toutes nos forces contre cette “politique de santé” qui nous précipite dans le mur !

Jean-Christophe Nogrette

 

(1) Les trois axes du plan gouvernemental pour revaloriser les carrières à l'hôpital public :

- Favoriser l’engagement dans la carrière médicale hospitalière, en accompagnant chaque jeune praticien dans ses choix d’orientation professionnelle, en garantissant aux assistants et aux praticiens contractuels, souvent plus jeunes, les mêmes droits sociaux (maternité, maladie…) qu’aux titulaires, et en créant une prime d’engagement pour encourager 3000 praticiens à exercer, d’ici 2018, dans les hôpitaux qui manquent de professionnels médicaux

- Fidéliser les professionnels qui exercent à l’hôpital et favoriser leur implication dans les projets médicaux de territoire, en créant une prime d’exercice territorial destinée à encourager l’exercice sur plusieurs sites, en permettant aux praticiens de diversifier leurs missions et en encourageant le travail en équipe autour de projets médicaux partagés ;

- Renforcer l’animation des équipes et améliorer les conditions de travail à l’hôpital

Pour en savoir plus : les 57 propositions du rapport Le Menn