L'Observatoire de la sécurité des médecins 2013 (1), dont les résultats viennent d'être rendus publics par l'Ordre des Médecins, note une nette augmentation du nombre de violences : 925 médecins étaient agressés en 2013, contre 798 en 2012.

Le taux de victimation (2) est également en hausse (0,46 contre 0,40 en 2012)."Il s’agit là du chiffre annuel le plus élevé depuis la mise en place de l’Observatoire en 2003",nous explique le CNOM, qui encourage le déploiement d’un plan d’actions de prévention, en partenariat avec les acteurs institutionnels concernés.Pour Claude Leicher, président de MG France, une des réponses au problème des agressions des cabinets médicaux passe par les regroupements de professionnels de santé (maisons de santé) et par l'absence totale de liquidités dans les cabinets.

Les médecins généralistes sont les plus concernés par l’insécurité : ils représentent 58% des médecins agressés, un taux plus élevé que leur proportion dans la population médicale (54 %). En tête des spécialités les plus touchées se trouvent les ophtalmologistes suivis des psychiatres, des gynécologues et des pédiatres. Les hommes sont plus touchés que les femmes (55 % contre 44 %) et les médecins sont les premiers concernés à titre personnel par les agressions (90 %), loin devant leurs collaborateurs (20 %).

Le patient est en général l'agresseur (53 %), devant celui qui l'accompagne (16 %), qui peut être un membre de la famille (7 %), voire un patient ou un riverain (1 %). Dans 4 % des cas, l'agresseur va jusqu'à utiliser une arme (couteau ou cutter dans 1 % des cas, voire révolver pour 1 %). En cas de vol, la préférence des agresseurs va à ce qui est suceptible de lui procurer de l'argent (confiscation des sacoches, sac à main, portefeuille etc). Si les agressions verbales ou menaces dominent (69 %), le passage à l'agression physique se manifeste également dans 11 % des cas. d'atteintes aux personnes (78 % au total).

"Les principaux facteurs qui déclenchent les incivilités et les violences à l’égard des médecins restent identiques aux années précédentes", précise le bilan de l'Ordre : ils vont du reproche quant à une prise en charge aux délais de rendez-vous lointains, au temps d’attente jugé excessif, en passant par les refus de prescription (16 % des cas d'agression). Les incivilités (agressions verbales et menaces) en rapport avec l’acte médical sont également en progression significative : elles passent de 66 % en 2012 à 69 % en 2013.

Quant aux départements les plus touchés, la situation est comparable à celle des années précédentes : le Nord, la Seine-Saint-Denis et Paris enregistrent le nombre de déclarations le plus élevé.  Comme on peut l'imaginer, ce sont globalement les médecins en milieu urbain qui sont les plus exposés aux risques de violence.

Pour répondre à ces situations, le CNOM rappelle que des mesures concrètes pour assurer la sécurité des médecins ont été déployées dans 48 départements surles 71 qui ont fait l'objet d'un protocole national de sécurité en avril 2011 entre le CNOM et les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Santé. Ces mesures concernent :

  • la mise en place d’un numéro d’accès direct à la cellule de sécurité départementale uniquement destiné aux médecins,
  • la désignation d’un référent ordinal sécurité et d’un référent sécurité dédiés, au sein des services de police et de gendarmerie.

Par ailleurs des dispositifs de prévention des violences faites aux médecins ont également été mis en place dont :

- des supports pédagogiques vidéo destinés à la coanimation de réunions dédiées à la prévention et à l’anticipation des situations génératrices d’agressions. "Environ 100 formateurs vont agir dans les départements pour sensibiliser les médecins aux bonnes pratiques pour faire face aux situations sensibles et les aider à les désamorcer", précise le CNOM..

- un pack pédagogique sécurité a été adressé à tous les référents sécurité des conseils départementaux

- une affiche destinée aux salles d’attente a été adressée aux médecins. Elle reprend les principales sources de difficultés dans la relation entre le professionnel et le patient telles qu’elles ressortent des résultats de l’Observatoire.

Enfin, le CNOM a déclaré apporter son soutien aux dispositifs de géo-sécurisation des médecins mis en place dans les départements du Val-de-Marne, de la Seine-Saint-Denis et des Bouches-du-Rhône.

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(1) L’Observatoire de la sécurité a été créé en 2003 par le Conseil National de l’Ordre des Médecins afin d’assurer un suivi de l’insécurité à laquelle sont confrontés les médecins dans le cadre de leur exercice professionnel.

(2) Nombre d'incidents déclarés sur le nombre de médecins inscrits au tableau