Cher médecin généraliste,
Le gouvernement vient d’acter le passage de l’infection à coronavirus en phase épidémique. Nous, médecins généralistes, sommes désormais en première ligne.
Ces mesures ont des conséquences majeures sur notre vie sociale, mais aussi sur notre activité professionnelle. Le confinement de la population va éloigner de nos cabinets médicaux les soins non urgents, les malades chroniques qui peuvent attendre, tout ce qui peut être différé sans craintes sérieuses pour la santé. Nous allons travailler peut-être moins, nous allons travailler autrement. A mesure que l’infection virale va s’étendre, une prise en charge spécialisée des malades suspects d’infection à coronavirus devra s’organiser, de préférence collectivement, sur le terrain, pour pallier les absences de nos collègues malades et pour recevoir les malades de passage, sans médecin traitant ou précarisés. Cette prise en charge collective est un défi à notre profession encore peu organisée, c’est aussi une nécessité pour faire face à la demande de la population. Répondre à notre serment professionnel aujourd’hui, c’est agir ensemble pour soigner la population de notre pays.
Nous sommes nombreux à avoir souligné l’imprévoyance de l’Etat qui n’a pas anticipé les besoins de protection des professionnels de santé libéraux.
Nous avons raison.
MG France a réclamé très tôt des masques en quantité et a exprimé notre colère. L’Etat a longtemps, trop longtemps, estimé que l’infection pourrait être circonscrite et que les soins resteraient l’apanage des établissements de santé. Nous savons maintenant qu’il n’en est rien.
Aujourd’hui nous devons nous protéger avec peu de masques, rationnés et réservés aux professionnels qui en ont le plus besoin. Nous le déplorons, mais cela ne nous empêche pas d’agir. Car le rôle des médecins généralistes ne s’arrête pas à la première consultation du patient fébrile qui tousse. Passé ce premier contact, il faut s’assurer du suivi, du repérage de l’aggravation toujours possible, du soutien de l’entourage et de l’accompagnement du malade. C’est la priorité d’une équipe de soins organisée autour du patient et de son médecin traitant.
Comme à chaque épidémie de grande ampleur, la médecine générale est placée sous les feux des projecteurs. Nous connaissons notre rôle au sein de la société, notre place dans le système de santé, du coté de l’humain, du soin et de l’accompagnement des personnes fragiles et malades. Une nouvelle fois la santé et la sécurité de la population de notre pays, de nos familles, nos amis, nos proches, vont dépendre pour beaucoup de notre profession.
Demain nous ferons le bilan de cette épidémie, de l’imprévoyance relative des pouvoirs publics, des défauts dans l’organisation de notre système de santé qui limitent notre réactivité collective. Demain nous rappellerons combien il est important de disposer d’un tissu professionnel médical partout sur notre territoire. Et de le doter de moyens suffisants.
Cher médecin généraliste, notre pays et notre profession vont connaître des moments difficiles. Des moments de peur, de doute et de peine. De satisfaction aussi pour le travail accompli. Durant plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, l’épidémie à coronavirus va occuper l’essentiel de nos pensées et de nos actions. Je sais, comme tous les médecins, qu’ils soient syndiqués ou non à MG France, que notre profession sera au rendez-vous pour apporter à la population l’attention et les soins dont elle a le plus grand besoin. Je suis fier d’être généraliste comme vous.
Dr Jacques Battistoni
Président de MG France
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