N° 35 - 3 février 2015
 

Le mépris de l’UNCAM : une attitude qui n’est plus tolérable

Bernard Plédran

 

Je vous ai peut-être déjà  parlé de cet éminent professeur de médecine bordelais qui, s'adressant aux externes, leur rappelle régulièrement : « vous êtes nuls, nuls tellement nuls que vous finirez généraliste dans le Perigord ! » Ce mépris nous le retrouvons, un peu plus policé certes, mais de manière tout aussi profonde, toute aussi ancrée chez nos interlocuteurs qu'ils soient membres des cabinets ministériels ou issus des rangs de l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (UNCAM). En un mot, nous ne suscitons que peu d'intérêt parce que ce que nous faisons n'est pas sensationnel, n'est pas prestigieux, et surtout n'est pas visible ! Pour autant....

Pour autant....…c’est parce que nous ne sommes rien, que nous ne sommes ni écoutés, ni entendus que MG France et les autres syndicats signataires ont décidé le 28 janvier de quitter la réunion du Comité Paritaire National. Manifestement M. Nicolas REVEL, nouveau directeur de l’UNCAM, n’a pas pris ses marques comme patron de l’assurance maladie, mais s’affiche plutôt comme répétiteur des consignes gouvernementales. Comme les autres, il n’a toujours pas compris l’investissement qu’il est indispensable de faire sur le premier recours. Comme les autres, le patron de l’assurance-maladie n’a toujours pas saisi l’anachronisme ridicule qui veut que des médecins qui ont fait des études longues, complexes et spécialisées, fassent de plus en plus de travail administratif et de moins en moins de travail médical.

Nous continuons à faire notre travail de syndicaliste : réclamer les réajustements tarifaires nécessaires pour que les médecins généralistes aient enfin les moyens de leurs missions ; au premier rang desquels des revenus suffisants pour avoir un secrétariat.

Chacun d’entre nous, dans son cabinet, dans sa ville ou dans sa campagne, doit faire le maximum de bruit pour que la médecine générale redevienne visible. Le comportement des politiques a atteint ses limites ! Quand ils nous rencontrent individuellement, ce que nous faisons est à leurs yeux « merveilleux ». Que de louanges ! Mais quand, en troupeau, ils doivent prendre des décisions sur l’avenir de notre système de santé, ils se défilent ou se comportent comme des girouettes à l’écoute des lobbies ou de ceux qui hurlent le plus fort, bien souvent sans raison. Nous arrivons bientôt au bout de cette logique. La faire perdurer ne pourra qu’être préjudiciable à la santé des Français et à leur prise en charge. Nous le dirons haut et fort au cours des prochaines journées d’action et lors de la prochaine campagne électorale.

Vraie carte bleue et fausse bonne idée...

JC Nogrette

Certains proposent une alternative au tiers payant généralisé obligatoire voulu par le gouvernement : la création d'une "carte à débit différé santé", fournie aux patients par leur banque. Cette carte permettrait le débit bancaire du montant de la consultation au profit du médecin, après que cette somme soit remboursée par les organismes d'assurance maladie obligatoire et complémentaire et créditée sur le compte du patient. Outre le petit parfum d'usine à  gaz - et à problèmes pour les médecins - que dégage cette idée....on peut objecter que les cartes bleues à débit différé existent déjà. On peut objecter surtout que les cartes de crédit sont payantes pour leurs titulaires et payantes pour les médecins qui les acceptent : ils paient leurs abonnements pour le lecteur de carte bleue et au service bancaire afférent ainsi que la commission d’inter-échange sur chaque transaction.

On voit pourquoi les banques sont pour cette solution ! Au total, cette fausse bonne idée consiste bel et bien à généraliser une prise de commission sur le montant déjà trop faible de la consultation du MG. Elle a aussi un autre avantage, de l’aveu même de certains dirigeants syndicaux : elle rend moins « visible » la ponction opérée pour dépassement d’honoraires.

Un peu “faux-jeton”, la fausse bonne idée ?

Nous préférons donc la solution de tiers payant en un seul flux par le régime obligatoire, sans autre vérification des droits que ceux permis par l'usage d'une carte vitale ou attestation RO à jour. Le tiers payant deviendrait alors ce qu’il est déjà pour nos patients en ALD : facile, sûr. Il doit bien entendu rester optionnel. Le nombre d’actes dans le parcours de soins est connu à l’unité près et la compensation à verser par la mutualité aux régimes obligatoires serait facile à calculer.

Mais évidemment, quelques millions d’euros de commissions supplémentaires échapperont aux banques. Les spécialistes en secteur II devront continuer à demander aux patients le versement direct de leurs “compléments d’honoraires”. Enfin le gouvernement sera face à sa responsabilité pour la question de la récupération des franchises...

On voit bien qu’il s’agit là d’un vrai choix politique : Marisol Touraine peut choisir un système simple facilitant la vie aux médecins généralistes comme à leurs patients, ou choisir une ou plusieurs usines à gaz destinées avant tout à permettre aux autres spécialistes, aux mutuelles et aux banques de s’entendre sur notre dos, comme d’habitude. Quel choix fera-t-elle ?

Tiers payant : bonne nouvelle, la ministre de la Santé va tuer la Sécu

JC Calmes

Marisol Touraine le répète à qui veut l'entendre, « ad nauseam » disent certains : le tiers payant sera la réforme essentielle portée par la loi santé. C'est une mesure « de gauche », indispensable pour l'accès aux soins. Plus que la suppression des franchises ? Qui, au passage ne servent à  rien, coutent plus chers à  prélever que ce qu'elles rapportent et dont François Hollande avait promis la suppression !

Marisol Touraine dit être très attachée au tiers payant. Au point de déclarer récemment, à propos de l’organisation du tiers payant par les organismes complémentaires : « On entrera dans une pièce et on en sortira lorsqu'il y aura de la fumée blanche ». Et ces assureurs de s’écrier : « Habemus tertia pars reddi !!!»

Conscient des difficultés techniques, et du risque réel de voir la Sécu perdre de plus en plus de poids dans la prise en charge des soins, nous avons proposé que le tiers payant soit organisé en un flux, garanti et non obligatoire vers les CPAM. « Ce n’est pas ce que souhaitent les mutuelles » a rappelé la ministre.

Certes. Mais ce que souhaitent les médecins et les patients, est ce que cela compte ? Nos patients seront ravis d’apprendre que s’ils ne veulent pas payer 6,9 euros – part non remboursées par la Sécu -, ils sont obligés d’avoir une mutuelle. Comme ils seront ravis de constater qu’en plus de leurs cotisations sociales salariales, ils vont devoir cotiser davantage pour leurs complémentaires. Quant à l’avis des médecins, qui connaissent les difficultés de plus en plus grandes de leurs patients, il ne compte pas. Pas plus d’ailleurs que celui des patients.

Salle d'attente : la grève expliquée à  nos patient(e)s

>Florence Lapica

Votre médecin généraliste participe au mouvement de grève en cours, mais pourquoi ? Quelques vérités bonnes à savoir pour vous toute la population... Notre pays a la chance d'avoir un système de santé avec des médecins généralistes proche de vous, il connait votre dossier médical mais aussi votre vie, votre entourage... Mais pour combien de temps encore?

Depuis plusieurs semaines, les médecins généralistes ont entamé un mouvement revendicatif. Les médias donnent des informations qu’il est essentiel d’éclaircir et de rétablir. Les médecins généralistes aiment leur travail, avec eux les étudiants découvrent avec beaucoup d’intérêt leur métier, si passionnant et pourtant la relève n’est pas assurée. Les orientations et les décisions prisent par le gouvernement ne défendent pas l’organisation du système de santé avec des médecins généralistes. Le risque en est la disparition de votre médecin de proximité. Pourtant, c’est lui qui vous connait le mieux, qui fait le lien entre vos médecins, qui connait votre milieu de vie, qui prend en charge une très grande quantité des consultations. Le projet de loi ne prévoit aucun moyen permettant à votre médecin de vous recevoir dans de meilleures conditions, dans un cabinet accessible.

Le projet de loi prévoit la généralisation du tiers payant. C’est la non avance des honoraires du médecin par le patient. Nous le faisons déjà pour certains patients. Donc arrêtons de dire que les généralistes y sont opposés ! Mais le projet de loi de Santé fait craindre aux généralistes une surcharge administrative. Ils seraient en effet contraints d’avancer sur leur trésorerie le paiement des consultations, en lieu et place du patient, puis de se faire rembourser par la Sécurité sociale et les assureurs complémentaires. Cela les contraindrait à tenir les comptes des remboursements et plus encore à courir après les 652 mutuelles françaises…Les médecins généralistes veulent l’assurance d’être payé pour leur travail par un système simple et fiable. Ce n’est pas à votre médecin généralistes de vérifier si vos droits caisse primaire ou mutuelles sont ouverts, c’est bien à votre médecin généraliste de vous soigner.
 

Accessibilité : déclaration sur l'honneur !

Gilles Perrin

Pour les rares collègues qui ont la chance d'avoir un cabinet totalement aux normes (c'est par exemple le cas de ceux qui ont acheté un local neuf après 2007) le ministère a mis en ligne un document type appelé attestation sur l'honneur d'accessibilité" (on se demande qui a trouvé ce drôle de nom !) qu'il faut envoyer à la commission communale d'accessibilité (souvent en mairie) et qui vous permet de clore toute formalité sur le sujet accessibilité. Vous avez jusqu'au 1er mars 2015 pour l'envoyer.

Pour toutes les autres, MG France continue son action de lobbying auprès des instances pour essayer de défendre en particulier les médecins de secteur 1 qui avec des honoraires bloqués à 23 euros ne peuvent assumer de lourds travaux, et encore moins les répercuter sur des tarifs bloqués par la convention

Prescriptions : encore un bonnet d’âne…

JC Calmes

Il fut un temps où l’on distinguait les mauvais élèves en les mettant au coin avec un bonnet d’âne sur la tête. Les médecins généralistes, déjà stigmatisés par une consultation 2 euros moins chère que celle des autres spécialistes, sont en plus suspectés de ne pas savoir lire les recommandations légales et viennent de se voir affublé d’un nouveau bonnet d’âne.

C’est ainsi qu’après nous avoir interdit la prescription des anticholinestérasiques, du clonazepan, des gels de viscosupplémentation, de la rosuvastatine, etc., on nous interdit la primo-prescription d’Isotretinoïne. A priori ce traitement, aux indications par ailleurs extrêmement limitées, aurait été prescrit depuis sa commercialisation dans un certain nombre de grossesses ayant conduit à de nombreuses ITG. Et comme nous sommes les seuls « coupables », les généralistes n’auront plus le droit de le prescrire. Les dermatologues savent donc mieux lire que nous. CQFD

C’est certainement grâce à l’efficacité de leur DPC.

Parce que le nôtre, de DPC, « peuchère », comme on dit sur la Canebière…
 

Grève administrative : mode d’emploi

Gilles Perrin

Outre la journée de fermeture des cabinets médicaux du 5 février prochain, MG France vous propose de maintenir la pression sur les caisses (et la ministre de la Santé) en procédant à des grèves administratives.
Voici comment procéder en détail.

1/ Grève administrative envers les caisses : faire des feuilles de soins papier (FSP), chaque fois que cela ne vous pénalise pas trop (donc pas pour les CMU ou les ALD en 1/3 payant par exemple) ni le patient, et donc les faire au cas par cas, selon les revenus du patient, puisque le délai de traitement d’une FSP peut être très long dans certains départements. Arrêter aussi l’utilisation des télé-services de l’assurance maladie (Protocole de soins, AAT...) et là encore privilégier le papier. Ces actions commencent à porter leur fruit, puisque qu’un chiffre de 12% de FSE en moins depuis le début du mois circulerait, d’ailleurs en « représailles » la CNAM vient d’annuler la dernière commission nationale de simplification administrative, justement au motif qu’elle « ne voulait pas nous simplifier la tâche puisqu’on lui la compliquait » ! Chacun appréciera…

2/ La grève de la PDS : Là encore il s’agit de montrer tout le travail accompli par les médecins généralistes en plus de leur 60 heures de travail hebdomadaires. La procédure à adopter est de se déclarer gréviste auprès de son conseil départemental de l’Ordre des médecins, et d’attendre la réquisition de l’Etat, si elle vient. Attention pour être valide, cette réquisition doit être délivrée en mains propres ! Avantage collatéral, en cas de réquisition, c’est l’Etat qui vous assure en responsabilité!

Les autres syndicats ayant donné des mots d’ordre assez similaires, l’effet cumulatif devrait vite se faire sentir et remonter en haut lieu.

 

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