Les généralistes en grève ce 23 déc. : 1er avertissement au gouvernement

 

 

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Claude Leicher, président de MG France, précise les raisons du mécontentement actuel des médecins généralistes et souligne la nécessité de recentrer notre système de santé sur les soins primaires, faute de voir les jeunes générations de médecins généralistes se détourner de l'exercice libéral. Il invite la ministre de la Santé à concrétiser le "virage ambulatoire" annoncé dans sa stratégie nationale de santé en investissant rapidement dans le soins de proximité et la médecine générale.

Pour quelles raisons appelez-vous les médecins généralistes à se mettre en grève cette semaine ?

Nous avons appelé le 2 octobre dernier les généralistes à se mettre en grève le 23 décembre, puis le 6 janvier prochain, date d’anniversaire de la dernière revalorisation de notre consultation à 23 euros. Un tarif qui n'est plus acceptable, qui doit être réajuster à 25 euros, soit le tarif normal de la consultation dans notre spécialité. Le problème principal qui se pose à notre profession n’est pas seulement la loi de Santé qui sera présentée au Parlement en mai prochain. Il renvoie surtout aux conditions de travail des généralistes, à la démographie des généralistes qui s'effondre et aux Français qui bientôt, dans certaines régions, ville ou campagne ne vont plus trouver de médecins traitants. L’accès aux soins de nos concitoyens fait partie de notre combat. Par cette première journée de grève, les médecins généralistes lancent un avertissement clair au gouvernement.

Vous vous dites opposé au tiers payant généralisé ? Pour quelles raisons, alors même qu’un quart des Français disent qu’à un moment ou à une autre, ils ont renoncé à des soins pour des raisons financières ?

Les conditions matérielles d’organisation de ce tiers payant, tel qu’il existe actuellement, ne nous conviennent pas et nous sommes contre un tiers payant obligatoire. Nous avons pour gérer cette question 86 opérateurs qui gèrent 14 régimes obligatoires d’assurance‐maladie et 682 organismes assurant une prise en charge complémentaire (1). Tous ces organismes ne communiquent pas toujours entre eux avec le même langage. Nous ne pouvons pas dans nos cabinets vérifier les lignes de paiement et les droits de chaque assuré, pour chacune de nos consultations. Deux tiers des médecins n’ont pas de secrétariat pour le faire.

Nous ne voulons pas du système de tiers payant tel qu’il existe actuellement ! MG France n’est pas contre le principe du tiers payant. Nous ne voulons pas de l’obligation, ni des modalités actuelles de ce tiers payant qui nous obligent à vérifier ligne par ligne ce qui a été payé par les organismes d’assurance et qui, au final, nous coûtent de l’argent. Nous voulons un système simple, garanti, sans aucune formalité supplémentaire ni difficulté de réalisation. Une seule demande de réglement et un payeur unique.

La ministre de la Santé souhaite déléguer certaines tâches des médecins traitants à d’autres professions de santé ? Vous y êtes opposé. Pour quelles raisons ?

Nous sommes totalement opposés à des vaccinations faites par les pharmaciens. Le dossier sur la vaccination est emblématique de la désorganisation de notre système de santé : cela a commencé en 2009 avec la campagne contre la grippe H1N1 au cours de laquelle on a créé des centres de vaccination au lieu de confier cette campagne aux médecins traitants. Cela continue actuellement avec la délégation aux pharmaciens envisagée par la ministre de la Santé. La vaccination ce n’est pas seulement faire une injection. C’est surtout une question de prévention, de pédagogie, d’information des patients, des parents, des personnes de plus de 65 ans pour ce qui concerne la grippe.

Vous évoquez régulièrement la moindre attractivité du métier de généraliste. Que dites-vous aux jeunes médecins et aux Français qui s’inquiètent de ne plus trouver un médecin traitant demain ?  

Les jeunes médecins que nous rencontrons nous disent qu’ils ne veulent pas venir travailler en secteur libéral dans les conditions actuelles. Ce n'est pas tant une question de revenus que de moyens. Deux généralistes sur trois n’ont pas de secrétariat et rares sont ceux qui sont prêts à investir dans leur outil de travail avec les rémunérations qui sont les leurs actuellement. De plus, l’assurance-maladie harcèle les médecins sur leurs prescriptions, de médicaments ou d’arrêt de travail, alors qu’ils sont là principalement pour soigner les Français.

Dans tous les pays modernes, on recentre les systèmes de santé sur les soins ambulatoires. Nous ne voyons pas, à MG France, comment Mme Marisol Touraine peut évoquer son fameux « virage ambulatoire » sans investir réellement dans les soins de proximité. Nous voyons 300 millions de patients chaque année. Nous sommes le maillon essentiel du système de santé. Il ne doit pas devenir le maillon le plus faible. Il faut que notre pays agisse comme tous les pays modernes qui recentrent les soins sur la médecine générale et les soins primaires.

Nous avons, en France, la chance d’avoir des généralistes inventifs et qui innovent. Nous avons, il y a des années, inventé les maisons médicales de gardes, puis les maisons de santé pluri-professionnelles pour répondre aux attentes des jeunes généralistes qui ne veulent plus travailler de manière isolée et à celle des patients qui peuvent y trouver des professionnels de santé qui les prennent en charge de manière coordonnée. Nous avons inventé le système ASALEE dans lequel une infirmière salariée intervient au sein d’un cabinet médical pour s’occuper des patients atteints de maladies chroniques. Aujourd'hui, il n’est plus possible d’investir avec des honoraires bloqués en secteur 1

Les médecins des services des urgences hospitalières appellent à la grève le 22 décembre. Vous serez en grève le 23 et au-delà. Les Français trouveront-ils un médecin pour se soigner ?

L’Etat doit faire en sorte que les gardes soient assurées dans tous les départements. Cette organiation est de sa responsabilité. Les ARS vont devoir s'assurer qu'un médecin de garde soit disponible en cas d'urgence dans chaque secteur. Pour cela, ils devront réquisitionner des médecins grévistes. Ainsi, la permanence des soins sera assurée et les Français pourront trouver un médecin en cas d'urgence. En dehors des périodes de grève, l'organisation de l'accès aux soins relève aussi de la responsabilité de l'Etat. 

Un système de santé sans organisation des soins primaires par les professionnels de santé pénalise fortement les patients. La grève va le démontrer. A l'Etat de trouver les moyens pour que les médecins généralistes ne disparaissent pas.

 

(1) Les coûts de gestion de l’assurance maladie (MAP) : http://www.igas.gouv.fr/spip.php?article424

 

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