Notre rôle de médecin généraliste est bien sûr de soigner nos patients, de faire tout ce qui est possible pour maintenir ou rétablir leur santé. Mais nous devons aussi leur permettre d’obtenir tous les avantages que leur état de santé justifie.
CODE DE DÉONTOLOGIE DES MÉDECINS, ARTICLE 50 (articleR.4127-50 Du CSP)
"Le médecin doit, sans céder à aucune demande abusive, faciliterl’obtention par le patient des avantages sociaux auxquels son état lui donne droit.
À cette fin, il est autorisé, sauf opposition du patient, à communiquer au médecin-conseil nommément désigné de l’organisme de sécurité sociale dont il dépend, ou à un autre médecin relevant d’un organisme public décidant de l’attribution d’avantages sociaux, les renseignements médicaux strictement indispensables.”
Quand nous rédigeons un arrêt de travail, c’est parce que nous considérons que le handicap provoqué par la maladie est incompatible avec l’exercice normal de son activité professionnelle par le patient. Et finalement, nous prescrivons un certain nombre de jours d’arrêt.
Et là, les choses se gâtent … trop souvent car les caisses traduisent aussitôt la durée de l’arrêt en « dépenses de santé ».
Nous discutons avec nos patients de leurs difficultés à se lever ou à s’assoir, à bouger, à sortir, mais foin de tout cela ! Avec les CPAM, il faut parler « sous ».
Donc, bien évidemment nous prescrivons … trop. Donc trop cher !
Certains d’entre nous prescrivent plus que la moyenne, mais n’ont pas obligatoirement une patientèle « moyenne ».
La CNAM fait “tourner” ses gros ordinateurs. Les résultats tombent.
Docteur UNTEL,
2,5 fois plus d’arrêts que la moyenne régionale des praticiens « comparables ».
Dans une région où une grande ville fournit 80 % de l’emploi et ou 90 % du territoire est rural, on imagine bien les distorsions et écarts à la moyenne que recouvre la statistique brute.
Les praticiens « comparables », pour la CNAM, c’est “code 01 Omnipraticien”.
Tant pis s’ils sont “MEP”, mode d’exercice particulier, respectables mais bien moins souvent sollicités pour des problèmes justifiant un arrêt maladie.
Les statistiques brutes masquent les distorsions.
L’ennui, c’est qu’une fois dans le collimateur de la CNAM, vous êtes comme le lapin, “pris” dans le faisceau des phares d’une voiture, aveugle, désemparé !
Vous n’avez pas accès à des chiffres détaillés, vous êtes seul et on vous dit : c’est TROP !
Une procédure « policière » s’enclenche. Le projecteur dans la figure, on vous somme de vous expliquer. Puis le “flic gentil” vous propose un « arrangement » : la “mise sous objectifs”.
Allez, 30 % de moins sur les six mois qui viennent. Ouf, sauvé.e !
Sauvé.e ? Devant nos patients, que fait-on ? Devons-nous réduire les durées des arrêts maladie de 30 % ?
“Cancer, en chimio, je vous arrête 20 jours ce mois-ci, les 10 autres jours, quand vous tiendrez un peu debout …”
Et si par hasard, vous y parvenez, la prochaine étape sera encore 20 % de moins …
Si la machine infernale vous atteint, PAS DE PANIQUE.
Ne regardez pas le projecteur. Regardez vers MG France.
Chaque jour, dans votre région, nous vous défendons. Notre service juridique vous accompagne dans tous vos contacts avec la CPAM.
Refusez la mise sous objectifs !
NE RESTEZ PAS SEULS !
Jean-Christophe Nogrette