Le 18 mai dernier, nos voisins helvètes se sont clairement prononcés en faveur d'un renforcement des soins primaires, dits "soins de base". Par 88,02 % des voix, les Suisses ont ainsi plébiscité l'inscription d'un article sur les soins médicaux de base dans leur constitution.

L'article qui vise à revaloriser le rôle des médecins généralistes, des pédiatres et autres infirmiers a été accepté par près de 2,5 millions de votants. Moins de 338 000 Suisses ont dit non. Alors que la France devra attendre l'an prochain pour voir les soins primaires inscrits dans un texte de loi (1), nos voisins suisses viennent de trancher sur un sujet qui fait débat sur les bords du lac Léman comme dans l'ensemble des 23 cantons que compte la Confédération. La Suisse romande, rapporte la Tribune de Genève, s'est montrée la plus acquise à la cause des médecins et autres soignants. Neuchâtel remporte la palme du canton le plus favorable, avec 93,7% de «oui». Genève, qui compte l'une des plus fortes densités médicales du pays, suit de près (92,8%). Les Vaudois se classent au troisième rang (91,3%). Parmi les autres romands, Fribourg a dit «oui» à 90,8%, le Jura à 90,7% et le Valais à 84,2%. A Berne, le soutien s'est inscrit à 89,5%.

Médecine générale, composante essentielle des soins médicaux

L’art 117 a (nouveau) sur les soins médicaux de base stipule que « dans les limites de leurs compétences respectives, la Confédération et les cantons veillent à ce que chacun ait accès à des soins médicaux de bas suffisants et de qualité. Ils reconnaissent la médecine de famille comme une composante essentielle des soins médicaux de bas et l’encouragent.

Le nouvel article constitutionnel va même jusqu’à inscrire le financement de la médecine de famille comme composante essentielle des soins médicaux. Le Conseil fédéral entend leur accorder en moyenne 9,80 francs suisses (8,05 euros) de plus par consultation médicale. Il confirme également la « perspective d’avenir selon laquelle les soins de base seront prodigués par davantage de professionnels et d’institutions » en garantissant aux médecins de familles et aux pédiatres une rémunération appropriée à leurs prestations. Sur ce dernier point, l'Association des médecins de famille, présidée par François Héritier, attend l'annonce d'améliorations de l'ordre de 200 millions de francs suisses (164,44 millions d'euros) dès le mois de juin dans le cadre de la hausse des tarifs. Pour la Fédération des Médecins Suisse (FMH), présidée par Jürg Schlup, "le résultat de la votation indique une volonté claire non seulement de poursuivre sur la voie d’une médecine de premier recours fonctionnelle et de haute qualité, mais également d’encourager de manière ciblée la relève médicale." Car en Suisse, comme en France, la pénurie de médecins généralistes gagne du terrain et le Conseil fédéral entend donner un signe fort pour encourager les jeunes générations de médecins à s'y investir.

JJC

(1) "Le service territorial de santé au public mettra en place une organisation accessible, lisible, compréhensible. Il doit faciliter la structuration territoriale des soins primaires" a souligné Marisol Touraine le 19 juin dernier. "Il concernera au moins cinq domaines clefs : les soins de proximité, la permanence des soins, la prévention, la santé mentale et l'accès aux soins des personnes handicapées. Ces domaines seront proposés dans la loi pour être déclinés territoire par territoire."