La contrainte à l'installation est absurde pour ce qui concerne les médecins généralistes traitants.
C'est bien de le dire, mais essayons de l'expliquer.
La contrainte à l'installation est un moyen d'assurer un service égal au public sur tout le territoire de la République.
On conçoit bien que l'accès aux professions de service indispensables soit un bien commun.
C'est en cela que la puissance publique fonde sa légitimé à agir.
Pour les médecins généralistes traitants le problème est difficile.
Car 10% de la population n'en a pas et 87 % du territoire est déficitaire en MGT.
Pour les politiques, c'est simple : il faut interdire les installations en zone non déficitaire.
Et c'est là que le bât blesse : le nombre d'installations de nouveaux MGT ne couvre pas actuellement le nombre de MGT qui arrêtent pour retraite.
Si on interdit les installations en zone non déficitaire, inéluctablement et mathématiquement on va rendre toutes les zones déficitaires même celles qui ne l'étaient pas, sans regarnir celles qui l'étaient !
Vous avez 100 cases, 90 pions. Chaque année vous perdez un pion supplémentaire.
Au bout de combien d'années remplirez vous les 100 cases ?
Petit problème niveau CE1 que les politiques font mine de ne pas comprendre.
On peut réguler l'installation de professionnels en nombre suffisant voire excédentaire.
Mais en déficit d'effectif, on ne répartit que la pénurie !
Et si des zones sont miraculeusement préservées c'est qu'elles sont attractives.
Les dépeupler ne rendra pas les autres territoires attractifs et les jeunes pourraient bien renoncer à s'installer si on les oblige à aller s'installer sur un territoire inhospitalier... Ou comment tout saboter !
La vraie solution est de rendre ce métier attractif.
Quand un MGT fait 60h par semaine, les spécialités qui font moins d'heures attirent.
Quand en MG on est payé en moyenne 30% de moins que dans les autres spécialités à horaires égaux, comment s'étonner que cela n'attire pas ?
La population à juste titre réclame un égal accès aux soins partout et on sait qu'en tout premier lieu c'est de MGT qu'elle a besoin.
Il y a actuellement 47 000 MGT en France, alors qu'il y a 90 000 MG au total en exercice : on voit bien que près de la moitié des MG formés et opérationnels s'éloignent du métier de MGT.
Pour les convaincre d'exercer la médecine générale traitante, il faudrait de toute évidence revaloriser considérablement les conditions de travail et de rémunération de ce métier.
Avec un résultat immédiat.
Mais on continue de proposer des "solutions" absurdes...