Selon le bilan définitif de l'Institut de veille sanitaire (InVS), l'épidémie de grippe de la saison 2014-2015, qualifiée de "forte ampleur", a touché 5,8 millions de personnes et a durement frappé les personnes âgées, en entraînant une surmortalité hivernale record de 18 300 décès en France. Une meilleure vaccination des plus de 65 ans dans les cabinets des médecins généralistes traitants s'impose pour éviter à l'avenir une telle hécatombe.
Selon l'InVS, il s'agit du chiffre le plus élevé depuis la mise en place du système d'évaluation de la surmortalité hivernale, c'est-à-dire depuis l'hiver 2006-2007. La précédente estimation de l'InVS (12.300 décès) ne correspondait pas à une estimation nationale. L'épidémie, dominée par des virus A/H3N2 (dont une partie n'était pas couverte par le vaccin), a conduit 2,9 millions de personnes à consulter pour syndrome grippal. "On considère qu'avec ceux qui n'ont pas consulté, la grippe a touché 5,8 millions de personnes", a indiqué le Dr François Bourdillon, directeur général de l'InVS.
Les plus de 65 ans, qui représentent 90 % de cette surmortalité record, toutes causes confondues, ont été les premières vicitmes durant les neuf semaines de l'épidémie (semaines du 12-18 janvier au 9-15 mars 2015). "Il y a une surmortalité en hiver, y compris quand il fait moyennement froid (...). On observe à la fois des problèmes cardiovasculaires et respiratoires, et avec la grippe et d'autres virus, cela rompt l'équilibre fragile chez les personnes âgées. Les maladies pré-existantes s'aggravent", a ajouté le Dr Bourdillon pour qui il reste encore à mieux déterminer la part attribuable à la grippe.
"La grippe, c'est une maladie grave chez les personnes âgées", rappelle le médecin.
Réorienter la politique de prévention
L'épidémie de grippe a entraîné près 30.000 passages aux urgences et 3.133 hospitalisations, dont 47 % chez les plus 65 ans.
Une surmortalité a également été observée dans 13 des 15 pays participant au projet européen de surveillance de la mortalité (avec 90.000 décès). "Ce n'est pas la plus forte des épidémies de grippe des 30 dernières années", a relevé le Dr Bourdillon, même si c'est l'une des importantes (14e rang) observée sur cette longue période. "Par contre, avec le
virus H3N2, les épidémies sont plus graves et donnent plus de complications chez les personnes âgées, notamment chez celles souffrant déjà d'autres maladies".
Selon les calculs de l'InVS réalisés sur une période de dix ans, lors d'une épidémie normale, si l'on avait vacciné 75 % des + 65 ans, on aurait évité quelque 3 000 décès. Or, le taux de vaccination des personnes âgées de plus de 65 ans n’a jamais été aussi bas. Il dépasse à peine 55 %. Ces chiffres doivent conduire à s'interroger sur la nécessité d'organiser une politique de prévention pilotée à partir des cabinets des généralistes : la vaccination doit s’inscrire dans un parcours organisé et coordonné par le médecin généraliste traitant pour lui donner la traçabilité nécessaire et éviter une dilution des responsabilités.
JJC (avec AFP)