Environ 8 000 généralistes sont engagés sur la maîtrise de stage dans leur cabinet médical et il faut au minimum 4 000 terrains de stages pour former les futurs médecins généralistes de demain. Mais le nombre d’enseignants en médecine générale demeure dérisoire et leur rémunération insuffisante.
Alors que la grande majorité des personnes exposées à un trouble de santé sont soignées hors des CHU, la formation de nos futurs confrères s’y déroule pendant 8 ans sur les 9 années d’études. La formation initiale des jeunes spécialistes
en médecine générale a pour objectif de former des généralistes compétents, capable de se questionner, de remettre en cause les certitudes, mais aussi d’adapter les données validées sur des milliers de sujets au seul patient qui est en face de lui. Un patient qui a son histoire, ses craintes, ses attentes, et sa perception de la santé. Toutes ces compétences peuvent s’acquérir hors de l’hôpital, dans les stages ambulatoires ou avec des enseignants de médecine générale. Mais les maîtres de stage, au rôle pédagogique indéniable, sont mal indemnisés pour leurs fonctions universitaires.
Le nombre d’enseignants en médecine générale reste dérisoire au regard des autres spécialités : un enseignant titulaire pour 100 internes en médecine générale, contre un pour dix dans les autres spécialités. Comment les chefs de clinique de médecine générale, si peu nombreux, peuvent-ils participer à la recherche fournissant des données de médecine générale et de soins primaires ? Cette recherche est pourtant indispensable afin d’adapter la pratique à la réalité du terrain. Il faut faire la place aux pédagogies nouvelles pour former des internes capables de réfléchir à ce qu’ils prescrivent. Un plus grand nombre d’enseignants, des moyens pour la recherche en médecine générale et pour les maitres de stage, des terrains de stage de qualité pour former les futurs confrères. Tout cela s’impose pour la formation initiale des futurs
généralistes.
Généralistes et maître de stage : à quand le virage annoncé ?
Notre pays a, au minimum, besoin de 4 000 terrains de stages pour les jeunes médecins généralistes en formation. A ce jour, environ 8 000 généralistes sont engagés sur la maîtrise de stage dans leur cabinet médical où ils reçoivent des
internes de 1er et de 2e cycle, en particulier pour des stages autonomie en soins primaires ambulatoires supervisés (SASPAS).
Ces stages sont payés par le ministère de la santé via l’université qui rétrocède les honoraires. Reste que ces derniers supportent des cotisations URSSAF qui réduisent encore un peu plus leur montant et les rend peu attractifs. Ce
montant s’élève à 600 euros par mois et par étudiant en stage à temps plein. Les stages pour les externes – à mi-temps – réduisent cette rémunération de moitié.
Elle est largement insuffisante pour encourager les médecins généralistes à s’engager dans la maîtrise de stage. Sans compter que des incertitudes subsistent sur le maintien “ hors quota ” des formations accordées par l’Organisme de Gestion du DPC à ceux qui souhaitent se former à la maîtrise de stage et devenir formateurs. Les maîtres de stages ont besoin d’un soutien plus affirmé de la part des pouvoirs publics, qui servira également le “ virage ambulatoire ” annoncé par la ministre de la santé.
“ La priorité est de graver dans le marbre une augmentation de la rémunération des maîtres de stage qui sont au contact du terrain, en vue de reconnaître le formidable travail qu’ils font au quotidien pour former les futurs généralistes", estime Mathieu Calafiore (photo), généraliste à Wattrelos et président du SNEMG. "Cette reconnaissance passe une revalorisation de leurs honoraires, qui doivent au minimum être réajustés à 1,5 fois du montant de ceux qu’ils perçoivent à ce jour. Car le temps pédagogique doit être payé et il doit l’être à sa juste valeur ”