Deux mots qui jettent le trouble dans la sphère politico-médiatique, l’espace de quelques semaines.
Le Médiator®, la grippe H1N1, l’aluminium des vaccins, le Lévothyrox®…

 
Avez-vous remarqué comment ça marche, une crise sanitaire ou “trouble médical
de la sphère politico-médiatique” ?
Au début, les agences gouvernementales ne communiquent pas ou mal sur un problème de santé publique.
Des gens concernés -ou qui pensent l’être- généralement très fâchés,
“sortent” alors l’affaire dans la presse.
Les journalistes se jettent dessus, pleins de bonne volonté, mais ils ne comprennent pas grand-chose à ces sujets très techniques, comment les en blâmer ?
Plusieurs jours de balivernes et approximations diverses, puis la bulle médiatique explose, des vedettes proclament leurs points de vue (et leurs images du monde…) et les politiciens se divisent entre ceux qui défendent l’État et ceux qui l’accusent.
 
Et les citoyens, les malades, dans tout ça ?
Les mamans qui ont un bébé et qui ont peur de le faire vacciner, les gens qui sont traités par du Lévothyrox® depuis 20 années et qui soudain sont terrorisés, les patients âgés fragiles qui regardent le vaccin anti-grippal avec défiance, ceux qui se croient victimes de Servier alors qu’ils n’ont jamais pris de Médiator®…

Qui mesure le trouble que ces polémiques publiques sèment dans la population ?
Qui mesure la charge de travail qu’implique pour les MG la réponse à ces angoisses ?
Car qui explique et re-explique, avec des mots simples et en prenant du temps ?
Qui répond jour après jour aux mêmes questions, aux mêmes angoisses ?
Qui vaccine et soigne au delà des rumeurs ?
Toujours les mêmes, les MG.
 
Les “vaccinodrômes” de l’épidémie grippale H1N1 de l’hiver 2009-2010 n’ont pas servi de leçon. Ce contournement des MG a pourtant provoqué la défiance et la baisse dramatique du taux de vaccination dans les populations cibles, mais comme si de rien n’était, on continue de tenir les MG à l’écart de l’information et des décisions concernant la santé publique.
Et chaque “crise sanitaire” le montre bien, c’est une lourde erreur.
 
Certes on connait le célèbre aphorisme de Clémenceau,
“la guerre est une affaire trop grave pour la confier à des militaires”.
Précisons toutefois qu’il a déclaré cela trente ans avant la “grande guerre”, à seule fin de démolir la réputation de Boulanger …
 
Alors affirmons-le sans trembler,
il n’y a pas, il n’y aura pas de santé publique sans les MG !

 

Jean-Christophe Nogrette

DGS, médecin traitant