Bouleversé, c’est le mot. Je viens de lire l’ébauche de la version 2017 de la stratégie nationale de santé (SNS) et j’en ressors tout ébaubi. Que de nouveautés, quelle vision quasi révolutionnaire ! Enfin presque, restons raisonnables.
 

Comme dans la SNS de 2012, la prévention et la promotion de la santé tout au long de la vie et dans tous les milieux, constitue le premier axe fort de cette stratégie.
Je vous dis ça parce que j’ai mauvais esprit et que je suis allé chercher dans le plan de 2012 ce qui avait été écrit.
 
Comme dans la SNS 2012 donc, la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d’accès à la santé constitue le second axe fort. Et là le problème va être rapidement réglé, car la ministre nous l’a dit, il faut passer d’une approche en silo vers une approche centrée sur les besoins. Oui, parce qu’il y a les mots qui tuent et les mots magiques. Les mots magiques du moment c’est l’approche en silo, autrement dit, le mal absolu. Mais cette approche, vous l’avez bien compris, c’est fini.
 
Ce n’est pas écrit pareil, mais ça y est quand même, la nécessité d’accroître la pertinence et la qualité des soins figure comme le troisième axe de cette stratégie. Comme dans les précédentes stratégies la ministre souhaite engager une réflexion sur l’évolution des tarifs à l’activité, système pervers s’il en est, et dont on ne peut que se réjouir. Là où je suis un peu perplexe c’est que la formation des professionnels est le second levier sur lequel elle compte s’appuyer pour atteindre cet objectif. Quand on voit dans quel état les équipes précédentes ont mis la formation professionnelle, on ne peut rester que dubitatif. Parce que depuis 5 mois qu’elle est aux affaires, on ne peut pas dire qu’elle ne soit pas au courant, ni qu’elle ait commencé à faire évoluer quoi que ce soit.
 
Enfin, comme la dernière fois, l’innovation doit être mise au service de tous pour répondre aux besoins. Je sens poindre le retour des hélicoptères et des cabines high tech pour soigner les populations démunies ! Je n’ai peut-être pas fini de rigoler. Jaune.
 
Donc, vous le voyez, inutile de faire vos valises et de préparer votre installation en Ukraine, au Venezuela, ou dans aucun de ces pays qui auraient besoin de nos services. Si la révolution est en marche, elle avance à pas comptés.
 
Ah, j’oubliais. Pas un mot dans ce document sur l’organisation des soins à travers le premier recours. A partir des médecins généralistes, quoi ! Ne préjugeons pas de l’avenir, cette stratégie est en train de s’écrire et rien n’est définitif. Mais n’attendons pas que tout soit prêt pour rappeler notre rôle essentiel, indispensable, pour le bon fonctionnement de notre système de santé.
 

Bernard Plédran

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