Séance d’ouverture des négociations conventionnelles le 15 novembre 2023

Propos liminaire d'Agnès Giannotti, Présidente de MG France

Tout d’abord MG France tient à réaffirmer une fois de plus son attachement au système conventionnel et son regret que les conditions proposées n’aient pas permis sa signature en février dernier.

En effet, ce contrat nous lie à une assurance maladie solidaire et non à des fonds privés, garantissant un égal accès aux soins pour tous. Il nous permet de ne pas nous poser la question des ressources du patient avant de le soigner.

Soutenir pleinement la convention, c’est soutenir et défendre avant tout le secteur 1.
Mais une négociation conventionnelle signifie co-construire les solutions dans une écoute mutuelle respectueuse.
Car il nous faut arriver à donner le meilleur accès aux soins à chaque français en répondant à ses besoins de soins dans un moment de crise intense de l’ensemble du système de santé.

Seule une logique de cohérence d’ensemble peut y parvenir et non des lobbys d’acteurs indépendants les uns des autres.

Cela nécessite un climat de confiance entre les partenaires conventionnels.
Malheureusement, chacun constate aujourd’hui sur le terrain les spectacles désolants qui se déroulent autour de la campagne MSO/MSAP, orchestrée par l’assurance maladie, qui ne peuvent que susciter rejet et défiance des professionnels. Il est primordial de remédier à cette situation.

La lettre de cadrage du ministre de la santé réaffirme le rôle du médecin généraliste traitant, souligne l’articulation premier et second recours et la nécessité de répondre aux besoins de soins de la population vieillissante impactée par les maladies chroniques.
Ce cadre bien différent de celui que nous avons connu l’an dernier, s’éloigne de la logique qui consiste à satisfaire les demandes immédiates sans prendre en compte la pertinence des soins. Nous partageons ces nouveaux objectifs.

Le choc d’attractivité de la spécialité médecine générale, en particulier dans la fonction médecin traitant est affirmé.
Effectivement c’est indispensable si l’on veut que notre système solidaire perdure.
Pour y parvenir, le parcours de soins avec la mise en cohérence des interventions des différents acteurs de la santé en utilisant au mieux les compétences spécifiques de chacun est essentiel.
Aujourd’hui, la médecine générale est une spécialité au même titre que les autres, chaque spécialité ayant ses spécificités propres. Il n’est donc plus légitime de raisonner en opposant médecin généraliste et spécialiste. C’est plutôt la notion de premier et de second recours qui doit orienter les réflexions.

Néanmoins le différentiel de revenus est patent, en moyenne un spécialiste en médecine générale gagne 30% de moins qu’un médecin d’une autre spécialité, même si d’autres spécialités cliniques sont également en difficulté. Assurer l’équilibre entre généralistes et spécialistes est une formulation ambigue qui peut être lue comme le maintien de l’inéquité.

MG France prend aujourd’hui à témoin solennellement et publiquement chaque médecin généraliste : un syndicat qui n’affiche pas formellement l’objectif de réduction du différentiel de revenus en défaveur des généralistes travaille contre les généralistes.

Quant aux demandes et aux attentes de MG France, elles n’ont pas évolué depuis l’an dernier, car hélas au lieu de s’améliorer, la situation a empiré du fait de la démographie en berne et de l’inflation en hausse.

  • Mise à niveau de la consultation de base de toutes les spécialités pour tenir compte de l’inflation. En rappelant que la MCS comme la MCG sont des majorations et n’en font pas partie puisque leur application est conditionnelle.
  • Attractivité de la fonction « Médecin traitant » en s’appuyant sur le FPMT, et sur une consultation longue à l’image de la visite longue du médecin traitant, afin d’inciter les jeunes à s’installer et les autres à continuer à assumer cette activité qui, si elle donne tout son sens à notre métier est néanmoins particulièrement pesante en terme de charge de travail et de charge mentale.
  • Ne pas oublier les revalorisations des visites et l’actualisation de la MD et des IK.
  • Et réfléchir à nouveau sur les conditions de travail car il faut impérativement fluidifier et simplifier l’accès à un assistant médical, de la même façon qu’il convient de consolider et développer le dispositif Asalee qui a fait ses preuves depuis plus de 20 ans et qui est plébiscité par les 9850 médecins traitants qui adhèrent au dispositif.

La pertinence des soins et des prescriptions est un sujet important mais complexe car il impose de tenir compte de l’ensemble des déterminants pour chacune des thématiques. MG France est d’accord pour participer à cette réflexion, l’idée étant d’aboutir à des actions efficaces dans une logique de santé publique.

L’enjeu de ces négociations qui débutent est donc majeur. Nous espérons sortir au plus vite du règlement arbitral qui ne satisfait personne et donner un nouvel essor à l’accès aux soins pour tous ainsi que des perspectives d’avenir aux médecins de notre pays.