Le calvaire d’Anne d’Autriche

Paris - 1666. Anne d’Autriche, reine de France et épouse de Louis XIII, lutte depuis deux ans d’un cancer du sein. Il s’agit au début d’une petite glande du sein droit qui se propage si rapidement que tout le sein est rapidement atteint.

Au 17ème siècle, les médecins du Louvre ne connaissaient pas grand-chose à la physiopathologie des lésions tumorales aussi on utilisait des méthodes empiriques. Ainsi, on pratique la saignée comme de coutume à l’époque, ce qui affaiblit le malade. Ensuite, on glace la tumeur c’est-à-dire on applique de la ciguë au centre de la lésion car cette plante toxique était censée ralentir la progression de la maladie. Autre traitement : on incise la tumeur dans laquelle on insère des morceaux de viande de boeuf. On postulait alors que le cancer était dû à un parasite donc pendant que le parasite se nourrit des morceaux de viande, le reste du corps était épargné.
Évidemment, rien ne fonctionne donc les médecins décident d’attaquer chirurgicalement la lésion cancéreuse. Tous les jours, leurs lames découpent méthodiquement le sein de la Reine, et ce sans anesthésie, jusqu’à l’os. Le traitement est donc pire que le mal.
Ainsi, quand des cataplasmes à base de chaux sont appliqués, il y a infection et gangrène. Anne d’Autriche a 63 ans, elle a enduré toutes ces souffrances pour rien car le cancer s’est propagé à l’autre sein, aux poumons. On peut lire son calvaire dans les mémoires de Madame de Motteville.
Amaigrie, peu calmée par les jus de pavot, elle décède le 20 janvier 1666. Dans l’antichambre, le roi de France, Louis XIV, en fit un malaise. De l’agonie de sa mère, il ne retiendra que la vanité, l’inefficacité de la médecine de l’époque qui relevait plus de la sorcellerie que de la science. Aussi, il ne pouvait que rire des excès et des dérives du corps médical, si bien décrite et moquée par l’auteur de l’époque, à savoir Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière.
Mais, ça, c’est une autre histoire.

Andrei VIAL