Martial, je ne suis pas non plus ministre de la santé.

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Info Express
Martial, je ne suis pas non plus ministre de la santé. 
 
Je suis MG ordinaire.
Je fais des consultations sur rendez-vous car c’est plus pratique pour tout le monde.
Mais je prends les urgences. Je les intercale comme je peux.
Je fais des visites à domicile et en EHPAD (cinq établissements en tout).
Mon plus jeune patient a 13 jours. Mon plus vieux 101 ans. 
Je fais des sutures, des immobilisations, des infiltrations, des frottis cervico-utérins, je pose des implants et des DIU…
Je fais peu de gardes et j’en ai fait énormément. 
Je ne régule pas : ça me fait peur.
Oui, je suis un MG ordinaire qui n’a rien abandonné, 
qui collabore avec les pharmaciens, les IDE et les kinésithérapeutes de son secteur, 
sous la forme d’une ESP où chacun trouve sa juste place.
 
Je suis aussi syndicaliste. 
J’ai pris ma première cotisation à MGF à peu près quand tu en as pris la présidence.
Mais c’est une totale coïncidence. 
J’ai pris quelques responsabilités dans la maison depuis ce temps. 
C’est dur, prenant, ça ma fait perdre des patients et ça agace souvent ma femme et mes enfants.
Mais il en faut ! Tu as connu ça. 
Et justement parce que tu as connu ça, Martial, je trouve que tes propos donnés à Égora, 
propos qui ne sont qu’un long tissu de dénigrement injuste, sont outranciers et idiots. 
C’est peut-être pour cela que tu as été “renversé” ! 
Car à l’époque tu n’étais déjà pas loin de ta position actuelle. 
MG France et la Médecine Générale ont très bien grandi sans toi. 
Excuse-nous de ne pas t’avoir trouvé indispensable. 
 
Et pas la peine de stigmatiser toute la profession pour les quelques “brebis galeuses” qu’elle comprend, 
comme toutes les professions.
Nous ne méritons pas cela. 
Et tu mérites tout juste qu’on te réponde tant ton propos est à la fin : stupide. 
 
Si j’étais ministre de la santé, je ferai quelque chose de très simple.
 
Je ferais confiance aux MG que tu déstestes, je leur donnerais des moyens et je leur dirai : à vous de faire ! 
Et adaptables et inventifs comme je les connais, ils feraient, j’en suis certain.
Leur métier redeviendrait attractif et considéré, le problème des diplômés qui n’exercent pas se résoudrait très vite.
Tu vois, il suffit de faire confiance, d’investir. 
À Bac+10, on est pas tout à fait sot en général. 
Descends toi aussi de ton piédestal d’arrogance. Regarde autour de toi. 
Les soins primaires dans leur ensemble, méritent considération, confiance et moyens matériels suffisants. 
On le sait depuis Alma Ata en 1978… C’est cela qu’il faut à la population. 
 
Ce devrait-être possible, Martial, que tu le comprennes, que les ministres le comprennnent ... 
 
 
Jean-Christophe NOGRETTE, 
Médecin Généraliste