Lettre ouverte aux parlementaires qui imaginent améliorer l'accès aux soins en confiant les missions du médecin traitant à d'autres acteurs
Comme chaque Français, comme chaque élu, en tant que parlementaire vous êtes confronté aux problèmes d'accès de nos concitoyens à un médecin traitant. Comme chacun d’entre eux, vous le regrettez.
MG France, premier syndicat des médecins généralistes, le regrette comme vous et comme nos patients. Depuis plus de 10 ans MG France alerte les pouvoirs publics et souligne les conséquences sur l'accès aux soins de la crise démographique qui touche la médecine générale.
Rien n'a été fait pour améliorer l'attractivité de ce métier :
- comment reprocher aux jeunes médecins de ne pas choisir la spécialité médicale qui effectue le plus d'heures de travail et qui est la moins bien rémunérée ?
- comment reprocher à de nombreux médecins d'abandonner le statut libéral pour un statut salarié à 35h, que vous-mêmes leur proposez parfois, faute d'attirer les libéraux dans des maisons médicales dont l'architecture a été décidée sans qu’ils ne se soient manifestés ?
- comment avoir envie de s'orienter vers la seule spécialité médicale que beaucoup d'élus souhaitent contraindre (propositions de lois instaurant une coercition à l’installation) ?
Croyez-vous que le généraliste acceptera facilement de voir son rôle cantonné à la rédaction d'interminables certificats, son activité consacrée au suivi complexe de patients poly-pathologiques ou aux consultations la nuit ou les jours fériés, avec un modèle économique où la prise en charge est au même tarif quelle que soit la complexité et la durée du soin ?
Faute d'avoir suffisamment de bras, vous imaginez que notre rôle de médecin généraliste traitant peut être tenu par un infirmier, un pharmacien ou un kinésithérapeute.
Et pour cela vous proposez, quand ce n'est pas le ministère lui-même, un catalogue d'amendements présentés comme des solutions palliatives.
Bien sûr, un vaccin peut être administré par un pharmacien, bien sûr un traitement peut être surveillé par un infirmier et une lombalgie prise en charge par un kinésithérapeute.
Mais cela suppose que le diagnostic soit fait, ce qui est le rôle essentiel du médecin. Un symptôme en apparence banal comme une douleur lombaire peut être le signe d’une maladie grave.
Ce diagnostic est suivi d'une orientation thérapeutique et d’un parcours de soins.
Chaque professionnel de santé trouve ainsi sa place dans ce parcours initié et coordonné par le médecin traitant.
Voilà pourquoi MG France vous demande de repousser les amendements qui désorganisent nos missions et vont à l'encontre d'un parcours de soins coordonné entre tous les professionnels de santé.
MG France est favorable à un système de santé organisé, efficace et cohérent.
Ne découragez pas le médecin généraliste d’exercer son métier.
Mots-clés : PLFSS, délégations de tâches, amendements, organisation