Est-il souhaitable de se passer des médecins généralistes ?
Alors que la mobilisation contre le coronavirus est maximale, le Comité Directeur de MG France, réuni ce jeudi 26 mars en visioconférence, constate que les médecins généralistes, les infirmières libérales et les pharmaciens d’officine qui participent pourtant très activement à cette mobilisation sont oubliés, contournés et négligés.
Oubliés dans la distribution des moyens de protection, alors qu'ils sont en première ligne des contacts patients.
Contournés lorsque le premier ministre dissuade les patients d'aller les consulter, en expliquant doctement qu'aller voir son médecin est plus dangereux qu'aller acheter une baguette ou un paquet de cigarettes.
Négligés quand il s'agit de mettre en place des mesures de sauvegarde économiques.
En instillant le doute dans l’esprit des Français sur leur autorisation à aller voir leur médecin pour se soigner, la communication du Premier Ministre rend inopérante l’organisation des soins mise en place par les médecins généralistes dès le début de l’épidémie. Les messages contradictoires des autorités sanitaires ont ainsi détourné des cabinets médicaux une majorité des patients. Ceci pourrait avoir des conséquences très graves en termes de santé publique dans les semaines qui viennent. Malades chroniques, précaires, personnes âgées à domicile ou en EHPAD : nombreuses sont les populations qui risquent de souffrir d’un défaut de soins, quand il ne s’agit pas de graves retards de diagnostics.
Les médecins généralistes sont pleinement disponibles pour leurs patients qui ont toujours besoin d’être suivis et soignés, et sont mobilisés pour faire face au Covid-19.
MG France renouvelle ses félicitations à tous les professionnels des soins primaires très engagés, souvent héroïquement, pour protéger leurs patients et la population du territoire.
Il renouvelle son avertissement solennel aux pouvoirs publics : sans moyens et sans aide, les médecins généralistes, qui réussissent à maintenir l’essentiel par un engagement personnel énorme, ne pourront pas continuer longtemps.
Il est de la responsabilité de l’État de donner aux médecins généralistes les moyens :
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de se protéger avec des équipements à la hauteur du danger pour rester opérationnels
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de sauvegarder le fonctionnement économique de leurs entreprises médicales mises à mal par les consignes du confinement,
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de s’organiser en proximité sur les territoires, cette crise ayant démontré la pertinence des CPTS partout où elles existent,
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de mettre en oeuvre dès maintenant une régulation des appels relevant des soins de ville, distincte du 15 à réserver aux urgences graves et vitales, avec un numéro dédié,
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de financer l’organisation des centres dédiés Covid-19 et la participation des professionnels de santé à la hauteur de leur engagement !
La prise en charge de la santé d’une population repose, même et surtout en période épidémique, sur les soins primaires.
Aujourd’hui les médecins généralistes sont organisés, avec les infirmières libérales, avec les pharmaciens d’officine, pour répondre aux besoins de santé des malades, atteints de coronavirus ou non.
Demain ils seront au rendez-vous pour assurer le diagnostic et le traitement de la population en sortie de confinement.
Ils seront au rendez-vous après demain pour citer les responsables des erreurs et des décisions inappropriées.