Certains médecins libéraux découvrent le tiers payant à l’occasion des annonces du gouvernement et s’interrogent sur ses bénéfices et ses risques. D’autres le pratiquent de longue date. D’autres encore le refusent systématiquement. Que faut-il en penser ? Quelle est la position du syndicat des généralistes MG France ?
Sa généralisation est-elle une mesure anti libérale ?
Manifestement non. Car il est pratiqué depuis très longtemps dans tout le secteur libéral : médecins spécialistes, infirmières, pharmaciens, cliniques, hospitalisation privée, orthophonistes, kinés, etc. Et il est en vigueur dans 24 des 27 pays européens libéraux. Surprise : ceux qui le dénigrent sont ceux qui le pratiquent le plus ! La relation entre chiffres d’affaires, revenus des médecins et usage du tiers payant est très parlante. Plus le tiers payant est utilisé, plus les honoraires et les revenus sont élevés. A lire ci dessous et à méditer.
Spécialité |
Chiffre d’affaire 2010 |
Revenu net 2010 |
% des honoraires en tiers payant (part RO) |
Directeur médical de laboratoire |
1 370 000 (2004) |
210 000 (2003) |
98% |
Radiologue Radiothérapeute Médecine nucléaire |
508 111 |
217 910 |
92% |
Anesthésiste |
301 303 |
190 200 |
90% |
Ophtalmologue |
282 638 |
145 870 |
31% |
Stomatologue |
261 492 |
116 100 |
61% |
Chirurgiens |
253 204 |
132 490 |
82% |
Cardiologue |
227 541 |
120 830 |
62% |
Gastro-entérologue |
206 368 |
108 630 |
77% |
ORL |
189 811 |
95 270 |
36% |
Gynécologue |
182 543 |
88 100 |
44% |
Pneumologue |
176 572 |
89 820 |
55% |
Rhumatologue |
161 529 |
81 220 |
22% |
Généralistes |
131 277 |
71 320 |
37% |
Pédiatre |
134 531 |
70 890 |
26% |
Dermatologue |
138 085 |
64 270 |
9% |
Psychiatre |
113 624 |
63 030 |
39% |
Il n’y a pas de différences significatives entre secteur 1 et secteur 2
Doit-il être obligatoire ?
En aucun Cas ! Hormis les cas où il l’est déjà (CMU, AME, accident travail), le tiers-payant doit être une faculté offerte au patient quand le médecin le souhaite. Et quand toutes les conditions de garantie seront assurées ! MG France est favorable à un tiers-payant simple et facilité chez le médecin, à sa demande et à condition de ne pas compliquer sa tâche.
Est-il inflationniste ?
Toutes les études sérieuses (dont la plus connue, celle du fonds CMU) montrent que cette idée reçue est fausse. Si c’était le cas, il faudrait rapidement l’interdire dans les secteurs libéraux que sont la pharmacie (93% de TP), les labos d’analyse (98% de TP), les gastro-entérologues (77% de TP) les radiologues (92%), etc.
Déresponsabilise-t-il les assurés ?
94 % des assurés sociaux ont une mutuelle. Ils sont totalement remboursés ou ils bénéficient d’une dispense d’avance de frais presque partout. Sont ils tous devenus irresponsables ?
Posons la question aux spécialistes libéraux qui le pratiquent le plus !
Est-il nécessaire ?
Bien souvent la pratique du tiers-payant est indispensable pour permettre à nos patients de venir nous consulter.Dans une France en crise économique, la santé des populations passe par un accès facilité aux soins de premier recours. Nul ne doit renoncer à voir son médecin généraliste faute d'argent.
Est-il source de complications ?
Aujourd'hui le tiers-payant n'est pas organisé pour le médecin traitant. Seule une solution simple, garantissant les sommes dues et sans aucune surcharge administrative aura le soutien de MG France. C’est possible. C’est même une condition sine qua non ! Les spécialités, les pharmaciens, les cliniques et les hôpitaux ont les moyens de gérer le tiers payant avec leur secrétariat, mais 2 généralistes sur 3 n’en n’ont pas.
Le tiers payant est une mesure simple qu’il faut adapter techniquement aux médecins traitants. Il est utilisé en France par les principales spécialités médicales. Pour quelle raison les médecins généralistes se priveraient-ils d’un outil largement utilisé par d'autres ?
Dernière heure !
Unanimité syndicale en faveur du tiers payant chez les radiologues : lire le communiqué MG France du 3 octobre 2013.