Le neuvième Congrès de MG France s’est déroulé fin juin à Dijon, réunissant plus de 400 participants, avec le plaisir de nous retrouver en présentiel. Comme à l’accoutumée, ce fut un creuset de réflexions bouillonnantes, agrémenté d’agapes et de doux élixirs typiquement Bourguignons ! Mais sérieux oblige, seulement le soir après le travail. La réflexion de ce Congrès était articulée autour des axes « engagement local, social et durable »...

L’engagement local
Il a été décliné dans des ateliers de réflexion sur l’installation libérale et l’aide apportée par un assistant médical. Tout le monde s’accorde sur la levée des freins à l’embauche d’un assistant médical. Par ailleurs, concernant les études de médecine, le versant “enseignement réel” de la médecine générale, qu’il s’agisse de formation théorique ou de stages pratiques, a été souligné. Avec bien entendu un rappel :
la spécialité médecine générale est sous encadrée au plan universitaire et on manque cruellement de MSU dont il faudrait améliorer le statut. Les MG s’installeront d’autant plus facilement s’ils connaissent les territoires et les aspects réglementaires et pratiques du monde libéral. La formation a aussi été passée au crible, notamment les nouvelles obligations de recertification et là encore l’unanimité se fait… contre l’ANDPC dont la fonction « budgétaire » est trop prégnante et montre bien que la formation continue des médecins libéraux n’est pas la tasse de thé de l’administration. Les organisations locales ont été passées en revue et c’est l’équipe de collaborateurs du médecin traitant qui a chez nous le vent en poupe. Gagner du temps de soins en se faisant aider pour les tâches que nous pouvons déléguer sans risque. La vraie clef de l’efficience ?

L’engagement social

Il a été étudié selon les aspects populationnels du travail du MG, les questions de la PDSA et du SAS ont été retravaillées avec les simplifications que nous proposons, la régulation à distance pour que chaque MG
puisse réguler de son cabinet sans trajets chronophages et rebutants, nos revendications sur l’intégration de la matinée du samedi dans la PDSA également. La revalorisation de l’effection est aussi une nécessité
unanimement soulignée. Et surtout, l’initiative laissée aux territoires et à leurs organisations... La coordination avec les autres professionnels du bassin de vie a été également abordée, un atelier passionnant avec nos amis spécialistes a permis de noter les attentes de part et d’autre pour fluidifier nos rapports avec les correspondants : télé expertise, équipes de soins spécialisées, et à force de rappeler la place indispensable des médecins traitants dans le parcours de soins, les spécialistes correspondants ont fini par proposer que le cursus dans leurs spécialités puisse inclure un stage chez un médecin traitant ! Enfin l’accès aux soins pour tous est une préoccupation à MG France. Le référentiel métier, la re-certification ont aussi été confrontés au besoin d’un accès de proximité à une qualité de soins irréprochable. Les aspects financiers et notre vieille revendication de l’exonération du ticket modérateur en médecine générale reparaissent également toujours dans nos débats : c’est d’une telle évidence...

L’engagement durable

Il a été décliné en deux ateliers sur la Santé Planétaire et le cabinet écoresponsable. Rien que l’affluence, notamment de jeunes médecins, à ces ateliers, démontre s’il en était besoin, que la prise de conscience est réelle au sein de nos effectifs ! La planète brûle et tout est lié. Si le comportement de l’humanité et le changement climatique appauvrissent les ressources essentielles en eau, en nourriture, en terres arables et déplacent les populations, il y aura des conséquences sur la santé partout dans le monde, même dans nos campagnes les plus paisibles. Les soignants ont la responsabilité de se préparer à ces changements. Et en attendant ils doivent aussi comme nous l’ont montré les intervenants, se préoccuper d’économiser les ressources, dans la sobriété de fonctionnement de leurs cabinets, avec le soutien de mesures non médicamenteuses et d’un tri écologique des thérapeutiques employées. Nos réflexions ont déjà trouvé un écho puisqu’en plénière, Marguerite Cazeneuve, de la CNAM, a comme nous suggéré que l’écoresponsabilité devienne un des critères de la ROSP ! Enfin deux fondatrices de l’Alliance Santé Planétaire nous ont présenté cette association et son appel aux soignants que MG France a d’ailleurs déjà relayé dans sa communication.

Les plénières, politiques

Elles ont réuni la plupart des acteurs qui comptent... sauf le ministère de la santé qui était alors vacant pour cause de défaite aux élections législatives... Étaient présents la CNAM, la Mutualité, des élus locaux, les syndicats de médecins libéraux polycatégoriels et spécialistes, les syndicats de jeunes, les enseignants de médecine générale, les pharmaciens de la FSPF en Duplex vidéo de leur propre Congrès, les représentants des infirmiers, des IPA, des kinés, des patients. Et un Grand Témoin, M. Pierre Louis BRAS, patron du COR* et éminent spécialiste du monde de la santé. De riches débats assurément, qui nous ont permis de réaffirmer la place incontournable du médecin traitant et de demander pour lui des moyens d’action, locale, sociale et durable ! C’est du bon sens, c’est de médecins traitants dont ont besoin les patients, pas de solutions de contournement... Il est bien dommage que le ministère et le gouvernement n’aient pas été représentés. Car si toutes et tous s’accordent à dire qu’avoir un médecin traitant, c’est important, on ne sait toujours pas si le gouvernement est prêt à y mettre le prix ! Quoi qu’il en soit, MG France est en marche !