Vers un choc d’attractivité ?
La démographie des médecins généralistes est un sujet important et complexe. En valeur absolue, il n’y a jamais eu autant de médecins en France. Mais la population augmente, et le nombre de personnes âgées dépendantes augmente encore plus. La démographie médicale varie beaucoup selon les spécialités, en fonction des postes ouverts à l’internat et en fonction surtout de l’attractivité de ces spécialités. L’évaluation des besoins de santé n’a jamais été réalisée sérieusement, nous le vérifions tous les jours. L’inadéquation entre demande et offre de soins devient criante, notamment en matière de soins primaires, se traduisant par un déficit de médecins généralistes dans des territoires de plus en plus nombreux. Le statut des médecins généralistes libéraux ne serait-il plus attractif pour les jeunes médecins ?
Horaires de travail extensifs, et continuité des soins s’étalant sur 64 h par semaine, gardes non incluses. Pas de nombre maximal d’heures travaillées par unité de temps, pas de nombre minimal de jours de congés par unité de temps. Ajoutons que si la protection sociale des médecins libéraux s’améliore - sous la pression constante de MG France - elle reste cependant bien en dessous du meilleur standard à ce niveau de revenus. Ce même revenu, qui rendait autrefois tolérable une protection sociale quasi inexistante, est de 75 000 € toutes charges déduites, soit 6 250 € mensuels.
Rapportée à une amplitude hebdomadaire de 55 h en moyenne, cette rémunération de notre travail n’est pas au niveau d’un revenu salarié équivalent sur la base de 35 h. Il n’est donc pas étonnant que beaucoup de jeunes soient attirés par les sirènes du salariat qui comporte moins de contraintes pour un revenu somme toute comparable.
Enfin, la moindre productivité quotidienne des médecins salariés nécessiterait un effectif supérieur de 35 % si tous les médecins généralistes étaient salariés. Dans le contexte actuel ce serait évidemment difficile. On connait le nombre de patients sans médecin traitant, de l’ordre de 10 %, ainsi que le nombre moyen de patients par médecin traitant. Il est aisé de calculer le nombre de médecins généralistes nécessaires pour permettre à chaque habitant de disposer d’un médecin traitant, point de repère santé pour la population.
La revalorisation du statut du médecin généraliste traitant s’impose sans tarder pour en garantir le recrutement en nombre suffisant. L’assurer, c’est garantir l’accès aux soins de la population à un juste niveau, et garantir le droit à la santé à tous et partout. Pour cela, plus que jamais, la médecine générale réclame l’investissement massif qui créera un choc d’attractivité.
Jacques Battistoni, Président de MG France