Au coeur du cabinet

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N°0

Sauvons la planète
Notre santé est tributaire en grande partie de celle de l’environnement naturel, or les écosystèmes subissent sans discontinuer des dégradations causées par l’homme, avec des impacts sanitaires majeurs. Ainsi, la pollution de l’air tue chaque année dans le monde 7 millions de personnes, dont 48 000 en France ; les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et longues, avec de lourdes conséquences pour les plus vulnérables ;  la biodiversité subit un déclin sans précédent, menaçant la sécurité alimentaire  sur  l’ensemble  du  globe  et  favorisant  les  maladies émergentes...
En tout ce sont 12,6 millions de décès annuels qui sont liés à l’environnement dans le monde d’après l’OMS. Et si le réchauffement climatique n’est pas contenu en dessous des 1,5°C de l’accord de Paris, ce seront encore 250 000 décès supplémentaires chaque année entre 2030 et 2050 !Passé ces constats et chiffres terrifiants, la bonne nouvelle est que des solutions existent pour éviter le pire :  limiter le  réchauffement  climatique,  diminuer  drastiquement  l’utilisation des énergies fossiles, adopter des modes de vie plus sains et plus respectueux de l’environnement (moins de viande plus de légumineuses, moins de diesel plus de vélo etc..), sortir d’un monde basé sur la consommation à outrance, etc. Et nous, médecins généralistes, soignants de premier recours, avons le pouvoir/devoir de changer les choses !
Chaque jour nous voyons (un million ?) de patients de tous âges et toutes conditions sociales qui nous font confiance. Nous pouvons leur montrer l’exemple, en rendant nos cabinets durables, en faisant nos visites à vélo quand c’est possible, en optimisant nos prescriptions pour favoriser le choix éclairé et l’autonomie des patients et limiter la iatrogénie ; nous pouvons aussi informer sur les impacts sanitaires des perturbateurs endocriniens ou de la pollution atmosphérique. Nous sommes en mesure d’aider nos patients fragiles à repérer les pics de pollution, à agir en période de canicule, et prévenir ainsi des hospitalisations et des décès. Nous sommes également les spécialistes de la coordination avec les autres intervenants, afin d’orienter et de faciliter des parcours parfois longs et compliqués.
Car  la  prise  en  charge  globale  est  notre  expertise  quotidienne, et aussi ce qui fait la variété et la richesse de notre métier. Nous savons que pour soigner efficacement nous devons évaluer notre patient dans son environnement au sens large, qu’il soit familial social ou naturel. Ce sont ces interactions essentielles entre l’individu et son environnement qui éclairent la compréhension de ses symptômes et nous permet de l’accompagner au plus près de sa réalité. Prescrire des bronchodilatateurs peut certes être efficace ponctuellement, mais ne suffira pas à soulager Carole, dont l’asthme est aggravé par le tabagisme passif subi à la maison ainsi que par son allergie aux pollens qui s’aggrave depuis quelques années. D’autant qu’elle assure seule le quotidien de ses enfants, et qu’elle a tendance à oublier son traitement de fond.
Pour agir et limiter les impacts sanitaires des changements environnementaux, les médecins généralistes n’ont rien d’autre à faire que de faire ce qu’ils savent si bien faire : être les experts de la santé de leurs patients, dans toutes ses dimensions. En prenant en compte les interconnexions avec l’environnement et la planète, nous agissons en faveur de la santé planétaire et pouvons améliorer la qualité et le cadre de vie de nos patients tout en contribuant à sauver des vies pour les générations futures. Ce serait dommage de s’en priver. Il est plus que temps de passer du stade de la contemplation à celui de l’action