Soins Primaires

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N°0

Organisation des soins primaires : plus qu’une nécessité, une évidence.

Le Ségur de la santé, sorte de grand-messe très médiatisée et hospitalo-centrée, est censé proposer des pistes de réforme de notre système de soins pour lui permettre de s’adapter. Force est, en effet, de constater que la place du système de soins français dans le monde ne cesse de diminuer. Nous sommes aujourd’hui sorti du « top ten » des pays européens d’après le classement EuroHealth Consumer Index 2018 (CF. QR code) et d’autres...
La crise de la COVID-19 et la dégradation du système de soins français imposaient donc une réponse rapide et le gouvernement a donc organisé, dans l’urgence et pour répondre à la colère des hospitaliers, ces grandes assises de la santé. L’hôpital sera probablement le grand gagnant avec une augmentation de l’ONDAM en vue et une reprise du tiers de la dette. Ce qui représente quand même  l’équivalent  des  investissements  de  l’État  pour  sauver l’aéronautique ou l’automobile. Et nous nous en féliciterons collectivement. Sauf que... les faits sont têtus et ne résistent pas à l’analyse.
Alors que de nombreux pays en Europe et dans le monde investissent massivement sur les soins primaires, la France elle, a fait le choix d’investir massivement sur l’hôpital. Et va probablement continuer à le faire. Le différentiel d’investissement entre la France et la moyenne des autres pays de l’OCDE dans ce domaine est d’environ 10 milliards d’euros par an. Vous avez bien lu...10 milliards d’euros.
Un  désinvestissement  massif  donc,  probablement  en  grande partie à l’origine de la baisse de notre système de soins dans le classement. Ce qui n’enlève rien à la qualité et au dévouement de nos soignants hospitaliers, de nos services de pointe et de nos chercheurs.
Mais à l’heure de l’explosion des maladies chroniques, alors que l’on estime qu’en 2050 que plus de 20 millions de Français auront plus de 70 ans, il est urgent de repenser le système de soins, non pas tel qu’il a été imaginé en 1958, centré sur l’aigu et l’excellence hospitalière, mais autour des patients chroniques, de la proximité, de la prévention et des soignants des soins primaires !
Il faut sortir le système de santé du siècle dernier et le propulser vers l’avenir ! Et l’avenir nous est dicté par la réalité de ce qui se passe sur les territoires. Partout où des MSP, des CPTS existent, elles ont démontré leur capacité à gérer la crise que nous venons de passer.Là où elles n’existent pas, de nombreux professionnels se sont regroupés pour créer des structures d’accueil, pour échanger et prendre en charge les patients.
L’avenir de la santé est sur les territoires de soins. L’avenir de la santé est collectif. Et les professionnels de santé que nous sommes, sommes bien conscients du poids de l’État et des structures hospitalières dans les processus décisionnels. MG France a compris depuis longtemps que notre avenir passe par notre structuration, seule à même de permettre aux soignants de proximité d’être en position pour collaborer d’égal à égal avec les hospitaliers et les autres structures de soins. MG France est à l’origine des Équipes de Soins Primaires avec notamment les ESP CLAP dans les pays de Loire. MG France a imaginé et porté les MSP dont le modèle doit aujourd’hui évoluer vers plus de souplesse. Les adhérents de MG France sont à l’origine de nombreuses Communautés Professionnelles de Santé sur l’ensemble du territoire national. Et parce que le poids politique de ces organisations compte aussi, MG France a soutenu la création de la FCPTS. L’adhésion des soignants est  massive.  Le  mouvement  est  enclenché,  mais  ce  mouvement a besoin d’être soutenu. Sans investissement massif sur les soins primaires, notre système de soins continuera de décliner, quelles que soient les sommes investies.
Aujourd’hui avec pas loin de 12 % de notre richesse nationale nous sommes vice-champions du monde en termes  d’investissement. Cet  investissement  doit  être  réorienté là où il sera réellement utile pour être efficace. « Donnez-moi un levier et je soulèverai la terre» disait Archimède. Donnez-nous des moyens et nous changerons le système de soins !