Editorial de Jacques Battistoni

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N°0

Encore une grande aventure...
C’est toujours une aventure de se lancer dans une entreprise de presse, si modeste soit-elle. Nous vous proposons, avec ce nouveau journal, un regard sur la médecine générale par et pour les médecins généralistes.
Cela peut sembler « bateau » mais ce regard, existe-t-il déjà ? Pas si sûr.

La médecine générale est décrite par bien des gens mais ces descriptions nous paraissent trop souvent extérieures, trop distanciées, inexactes et nous peinons à nous y reconnaître.
Notre ambition est de fédérer une identité de la médecine générale, une identité pour un corps professionnel malmené, méprisé parfois, dont la France a choisi depuis fort longtemps de ne pas utiliser tout le potentiel. MG France veut relever ce défi ! La Covid-19 a été un test en vraie grandeur.

Parmi les spécialités médicales, deux ont incontestablement « tenu la baraque » : les réanimateurs et les médecins généralistes. Chacun à sa place, faisant ce qu’ils savaient faire, ces professionnels ont évité à notre pays de s’écrouler totalement devant un tout petit virus d’une centaine de nanomètres...

Chacun mesure maintenant, avec le recul nécessaire,
combien les médecins généralistes ont été démunis de tous les équipements de protection et de tout soutien de l’État, pourtant malgré cela, seuls celles et ceux qui étaient particulièrement fragiles se sont mis en retrait, les remplaçants n’ont pas déserté, un grand nombre de retraités en pleine forme sont revenus prêter main forte, les étudiants en médecine ont renforcé les régulations des appels d’urgence...
La médecine générale, globalement, riche de toutes ses composantes, a tenu et résisté. Même si elle déplore hélas, de trop nombreux morts et « blessés » dans ses rangs.

Au-delà du juste sentiment d’honneur que nous ressentons toutes et tous, ne voit-on pas la démonstration qui a été faite ? Une profession que tout le monde disait en perte d’effectifs, en perte d’attractivité, dont on ne parlait que pour évoquer les « déserts médicaux » a démontré qu’elle était présente,  utile mais plus encore, inventive, dynamique : les centres Covid ont été bâtis en quelques heures pour accueillir en flux séparés les malades de la Covid-19, les coopérations interprofessionnelles dopées partout avec une accélération inédite des réalisations  des CPTS existantes, l’émergence de tant d’autres projets de CPTS et autres coopérations pluri-professionnelles.

Le vrai problème est qu’une fois de plus, cette résilience, cette utilité, cette imagination agissante, se sont développées exclusivement  grâce aux « fonds propres » des soignants libéraux de proximité. Au propre comme au figuré, toutes et tous, médecins généralistes, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes et tant d’autres ont donné. Oui, donné.  Les soignants hospitaliers donnent beaucoup et reçoivent peu, nous le savons toutes et tous. Mais nous aussi ! Au sortir de cette première vague, le gouvernement a lancé le « Ségur » de la santé. Occasion manquée,  il n’en sort rien de concret pour la médecine générale qui doit encore et toujours attendre. On nous renvoie à des négociations conventionnelles à l’automne.  Seront-elles dotées de moyens conséquents fléchés vers la médecine générale et les soins primaires ? Nous avons tant donné : nous attendons un juste retour.

Jacques BATTISTONI, Président de MG France.