LOGICIEL : Application Ségur : ce qui change

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N°10

Ça fait des mois qu’on en parlait, de la mise à jour « Ségur » de nos logiciels métier...Parler en l’air c’est bien mais tester dans la vraie vie face au patient, c’est mieux.

Le grand jour est là, la mise à jour Ségur est installée. L’apparence générale ne change pas beaucoup quand on lance l’appli, c’est comme d’habitude. Mais on remarque vite un nouveau « pavé » rouge quand on ouvre le dossier du premier patient. Le rouge attire l’oeil… « INS : validez l’identité du patient ». L’INS, c’est l’Identité Nationale de Santé, obligatoire depuis 2021 pour qualifier les données de santé. Car avec le DMP sur Mon Espace Santé, gare aux homonymes, mais aussi aux prénoms composés avec ou sans tiret, aux noms de naissance et d’usage… Un ordinateur, on dira tout ce qu’on veut, c’est rigoureux et précis.Jeane Marie Dupont, ce n’est pas pareil que Jeane-Marie Dupont… Là où cela se corse, c’est que si on regarde le dossier, Jeane-Marie Dupont, ou la carte vitale, Jeane Marie Dupont (pas de tiret), en discutant état civil autour de la carte d’identité ça deviendra quand même Jeane-Marie, Véronique, Isabelle, Dupuis épouse Dupont ! Il faut aller jusqu’à ce niveau de détail sans quoi il est impossible de valider l’INS. Et pas d’INS, pas de Ségur.

Il est impossible de partager un document sur le DMP sans validation de l’INS. Bonne nouvelle, vous allez devoir valider les identités avec chaque patient de votre file active. Cinq bonnes minutes de palabres pour obtenir une pièce d’identité, ils n’ont pas l’habitude que le Docteur se transforme en flic ! S’il vous reste de l’énergie après avoir interrogé et examiné votre patient, il faudra lui faire une ordonnance moderne c’est à dire « dématérialisée ». Avant, une ordonnance c’était un click pour lancer l’impression, un click pour « fermer et enregistrer ». Le progrès, c’est de mettre cette ordonnance sur le DMP pour le moment, sur le DMP et une plateforme quand ce sera au point et obligatoire en 2024, pour que le pharmacien ou le professionnel prescrit la récupère et l’applique, sans avoir à l’imprimer. La réalité c’est qu’il faut tout de même remettre l’ordonnance au patient.
Sur cette ordonnance, si l’identité nationale est validée, apparaissent en pied de page l’identité du patient et un QR-Code qui rend cette ordonnance unique et infalsifiable et renvoie...sur la plateforme où seuls les professionnels habilités pourront la récupérer. Pour gérer cette ordonnance, au lieu de deux clicks, il en faut un pour sélectionner « qualifier le document », puis il en faut un pour dérouler le menu, puis un double clic sur le type de document ad-hoc, ici « prescription de produits de santé » ou « prescription de biologie » , puis, une fois le document qualifié, il faut cliquer sur « partager sur le DMP » ou sur « ne pas partager sur le DMP » et enfin, sur « imprimer » puis sur « enregistrer et fermer ». Ouf ! Et cela bien entendu pour chaque ordonnance ! Ça promet… Enfin, admettons que vous avez réussi à prescrire un examen biologique à ce patient. Vous recevez le résultat et vous voulez le commenter mais ce patient est bavard. Eureka ! Vous lui envoyez un mail sur la messagerie sécurisée intégrée à votre application, pour lui expliquer que sa glycémie et son hémoglobine glyquée sont au-dessus de la norme et qu’il faut resserrer sa diététique et aller marcher tous les jours. C’est assez simple dans le principe mais il faudra accéder au mail sécurisé du patient et il faudra qu’il tienne compte de l’alerte « Mon Espace Santé » sur son smartphone… Possiblement illusoire avec certains vieux patients de 92 ans qu’on suit depuis une trentaine d’années. Allez, on y arrivera peut-être mais le côté humain du métier, la proximité fraternelle avec le patient, vont en prendre un sérieux coup !