N° 43 - 29 juin 2015
 

Roanne : une colère légitime qui s'étend

Florence Lapica

La ministre continue à faire la sourde oreille et ignore les médecins, ces privilégiés qui osent revendiquer. Mais que lui faudra-t-il pour qu’elle comprenne le désespoir qui monte dans la profession. Que le ras-le-bol, la grogne montent encore et encore dans les rangs des généralistes.

Face à la loi de « modernisation » du système de santé et à son tiers payant obligatoire, face à la sous-rémunération de notre spécialité et aux tracasseries administratives, les médecins se révoltent. Que nous est-il répondu : des rustines pour notre spécialité, quand on offre des pneus neufs aux autres !

Le ministère a voulu faire passer sa loi en accéléré, malgré toutes les remarques, malgré le mécontentement manifesté dans les rues de Paris, le 15 mars dernier, par plus de 40 000 médecins et professionnels de santé. Rien depuis….Ce n’est pas acceptable !

Les généralistes se débrouilleront! Et les patients aussi ! C’est ce que pense le gouvernement.

Il faut un vrai Plan Marshall pour la médecine générale, pour enfin attirer les jeunes médecins et les encourager à s’installer, les rassurer sur leur avenir, leur donner des perspectives. Ils attendent une organisation de la santé qui passe par les soins primaires.

Nous le savons tous : fermer notre cabinet ne serait-ce qu’une journée, ce n’est pas une affaire simple. A Roanne et dans sa région, 95 % des médecins généralistes, épuisés, révoltés, ont fermé leur cabinet pendant 3 jours. Un mouvement complété par une grève totale de la permanence des soins (PDS). Tous les acteurs de la PDS ont participé au mouvement, qui s’est depuis étendu en Saône-et-Loire, puis dans l’Ain et ailleurs…

Et pourquoi pas demain chez vous ? Ces médecins ont donné le signal et nous ont montré l’exemple : c’est en nous mobilisant dans nos villes, dans nos quartiers que nous sauverons la médecine générale. Car les médecins généralistes ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

Le mouvement va faire tâche d'huile, c'est à vous d'en décider sur le terrain. MG France a lancé son appel à la mobilisation dès le 2 octobre 2014, estimant que notre métier était en danger de mort. Nous ne devons rien lâcher ! 

L43_PolSante.jpgRégime maladie universel : refonder dit-elle !

JC Nogrette

Notre ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine a récemment déclaré, dans le cadre de la préparation des 70 ans de l’Assurance-maladie qui doivent être célébrés à l’automne, qu’elle voulait refonder cette vénérable institution et “créer un régime maladie universel”. Rien moins que cela ! Faut-il se gargariser de mots ou passer aux actes ?

Depuis trois ans, nous faisons remarquer à cette ministre que l’accès aux soins, c’est d’abord des soignants de proximité et plus particulièrement des médecins généralistes. Grâce à la politique constante de son ministère au fil des ans, c’est le contraire que subit le pays.
De même, nous lui faisons valoir que la limitation des dépassements d’honoraires, qu’elle fait inscrire dans le marbre de “l’avenant 8” de la Convention médicale, ce n’est pas la panacée de l’accès aux soins. Ils ont encore largement augmenté en 2014 !

Enfin, nous lui demandons depuis des mois de faire une « vraie » réforme du système de santé en France. A la hauteur de la réforme hospitalo-universitaire de 1958, mais cette fois en faveur des soins de proximité et de la médecine générale. Au lieu de cela, on nous présente un catalogue de “diverses mesures d’ordre social”, ces classiques DMOS ne produisant évidemment que de l’illusion, pas une “grande loi”…

Alors ce “régime maladie universel” auquel fait allusion notre ministre est-il un projet solide ou encore de la “littérature de gare” ? La loi prescrit déjà que tout résident français a droit à une assurance maladie. Des systèmes multiples, complexes - et par là-même coûteux - s’empilent pour assurer ce service à toute la population. Le financement en est assuré de manière tout aussi protéïforme et complexe - et bien entendu de manière insuffisante - puisque le déficit, qui résiste à tous les plans géniaux, depuis 30 ans est manifestement structurel.

Nous proposons une simplification générale qui rende la protection maladie transparente :

- au lieu d’assoir les cotisations principalement sur le travail, il faut les assoir totalement sur la solidarité nationale, financée par un prélèvement équitable sur toutes les sources de revenu. Car comme le disait fort justement le Docteur Knock, “toute personne bien portante est un malade qui s’ignore”…donc chacun a - ou aura - besoin de l’Assurance-maladie.

- au lieu d’une multitude de régimes d’assurance maladie différents, décidons d’un régime unique, national, solidaire. Au fond, un des piliers de notre pacte social est bien le principe fondateur de la Sécurité sociale, « chacun paie selon ses moyens et reçoit selon ses besoins”, cher à Pierre Larroque et Ambroise Croizat. C’était il y a 70 ans, c’était hier.

- et instaurons le vrai tiers-payant : un payeur unique, des droits évidents qu’il n’est pas besoin de vérifier, un paiement immédiat, garanti, avec une traçabilité parfaite.

Une vraie réforme. Faisable. Rapide. Raisonnable. Éthique. Économique. Iconoclaste ?
Et si on arrêtait de se payer de mots, Madame la ministre ?

L43_profession.jpgLe contrat d’accès aux soins pour les nuls

Bernard Pledran

Autrefois les choses étaient évidentes. Il n’y avait pas de convention entre les médecins et l’assurance maladie. A partir de 1970, il y a eu une convention et les choses restaient encore simples : il y avait les médecins conventionnés - l’écrasante majorité - et ceux qui ne l’étaient pas. Dans le premier cas, les patients étaient remboursés de leurs dépenses de santé. Dans l’autre, ils ne l’étaient pas ou si peu. Depuis les choses ont évolué.

Mais nous sommes en France : il fallait donc que les choses bougent. En 1980 est donc créé le secteur à « honoraires libres ». Ça commence à devenir un peu plus complexe. Entre les deux premiers secteurs est créé un nouveau où, avec tact et mesure (sic), le médecin peut prendre les honoraires qu’il estime justifiés. Comme on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, et pour éviter une hémorragie vers le secteur 2, il a été acté que les cotisations sociales et de retraite des médecins qui resteront en secteur à « honoraire opposable » seront prises en charge aux 2/3 par l’Assurance-maladie - ce qui rend d’ailleurs assez incompréhensible que nombre de médecins de ce secteur votent aux élections à la CARMF pour des équipes qui veulent faire disparaître cet avantage accordé aux médecins conventionnés ; mais ça c’est une autre histoire ! -.

Mais le secteur 2, c’est aussi un piège pour ceux qui l’ont choisi : j’augmente mes honoraires, mais en retour je paye plus d’impôts et de cotisations sociales. Donc, pour maintenir mes revenus, j’augmente encore mes honoraires. Mais au final, je paye encore plus d’impôts et de cotisations sociales. Un cercle infernal où il faut du tact pour cadrer la mesure.

Pour un gouvernement de gauche, une telle spirale infernale est insupportable. Un nouveau dispositif a donc été créé : le Contrat d’Accès aux Soins (CAS). Quand ce contrat a été négocié, le montant moyen des dépassements se situait aux environs de 30 %. Pour que ce secteur soit attractif, il a donc été décidé qu’un dépassement limité à 100 % serait tout à fait raisonnable ! C’est du bon sens ! On a aussi fait inscrire dans la loi en cours de discussion au Parlement que ces dépassements devront, à terme, être pris en charge par les assurances complémentaires en santé. C’est bien logique !

Et pour faire bonne mesure, les cotisations sociales des médecins qui se lancent dans l’aventure seront aussi prises en charge par l’Assurance-maladie, comme pour les médecins à honoraires opposables.

Au final, le premier bilan qui est fait du dispositif est que nombre de médecins du secteur 1 qui ne faisaient pas de dépassements se sont mis à en faire. Que rien que pour ce secteur ces dépassements ont fait un bond, dépassant maintenant les 2,8 milliards. Que le tarif normal d’un acte médical est en fait de 200 % du tarif de la SS. Que les médecins du secteur 2 voient leurs patients remboursés des dépassements et leurs cotisations prises en charge.

Bien sûr, ce dispositif n’est pas ouvert aux médecins généralistes en tarif opposable. Dans tout vaudeville, il faut toujours un cocu. En médecine, c’est toujours le même.

L43_metier.jpgC à 25 : juste l’équité !

J-C. Calmes

Le C à 25 ne fait même plus débat. Ce combat initié par MG France au nom de l’équité des tarifs est en passe de se généraliser, après avoir été repris par la CSMF et la FMF. Un traitement équitable entre toutes les spécialités est plus qu’une nécessité. C’est une évidence. Pour autant ce ne sera pas suffisant pour que les médecins généralistes rentrent définitivement dans le rang.

Comment pourrait-on continuer plus longtemps à rémunérer au-dessous de la valeur du CS les seuls généralistes, sinon à laisser entendre que l’acte intellectuel du spécialiste en médecine générale est de moindre valeur que celui du spécialiste d’organe ! Le CS doit donc disparaître et il ne doit rester qu’un C à 25 pour toutes les spécialités. Juste l’équité…
Nous appelons l’ensemble des généralistes à coter [CS+DE], dès que la situation l’exige et au moins plusieurs fois par jour. MG France les soutiendra face aux caisses d’assurance-maladie.
Pour autant est-ce suffisant pour que les généralistes rentrent définitivement dans le rang et reprennent le harnais ? Non ! Définitivement non !

La médecine générale a besoin de moyens, désespérément, sous peine de disparition. Dans un monde où l’hyperspécialisation devient la règle, le rôle essentiel du généraliste est de plus en plus évident.
J’ai dit « pour tous » ? Hélas non ! Car une poignée d’irréductibles n’a pas encore compris l’ampleur du changement et la place prépondérante qui doit être faite aux soins primaires.
Au lieu de cela, la prise en charge des dépassements des médecins secteur 2 par le contrat d’accès aux soins (CAS), c’est-à-dire par la solidarité nationale, avec pour corollaire leur inévitable envolée, a été une erreur politique supplémentaire de Marisol Touraine. Cette erreur grève aujourd’hui lourdement les finances publiques.

Et ce sont évidemment, les généralistes, secteur 1, qui sont une fois de plus les victimes de ces décisions illogiques. Car, pour le Gouvernement, le C à 25 pour le secteur 1 peut attendre de futures négociations conventionnelles. Pas les dépassements !

Les médecins généralistes du fait de leurs missions spécifiques devraient pouvoir bénéficier d’un ONDAM et d’un volet conventionnel spécifique. Face à ces besoins, face à la baisse de l’attractivité de la médecine générale, face à la crise démographique que nous propose-t-on ? Rien… ou si peu.
C’est ce silence qui explique la révolte des médecins et en particulier ceux de la région de Roanne, en grève, trois jours durant, à 98 %. Une grève que nous comprenons et soutenons.

Le mépris, ça suffit ! A MG France, fidèles à nos idéaux, nous ne lâcherons rien !

L43_pratique.jpgTiers payant généralisé : non réalisable

Teddy Bourdet et Florence Lapica

La ministre brandit le tiers-payant généralisé comme l’étendard de sa volonté de faciliter l’accès aux soins. Elle fait voter la loi en accéléré à l'Assemblée Natioale et se dit que les médecins se débrouilleront avec. Ils ont déjà répondu qu’ils n’en veulent pas. Parce que c’est inapplicable !

La plupart des médecins n’a pas d’opposition idéologique au tiers-payant : ces derniers le pratiquent volontiers lorsqu’il est nécessaire à l’accès aux soins, simple à réaliser, avec des délais de paiement garantis, notamment avec la CMU, les patients en ALD…

La surconsommation d’actes des patients CMU est, elle aussi, d’ordre idéologique. Plusieurs études montrent bien que ce sont les patients aisés, ayant un accès très facile aux soins qui consomment le plus et entrainent le plus de remboursements.

Les médecins refusent unanimement le tiers payant obligatoire et généralisé à cause des difficultés techniques qu’il va entraîner et qui sont impossibles à résoudre en l’état. Avec un système qui compte quelques dizaines de régimes obligatoires, plusieurs centaines d’assureurs complémentaires, générateurs d’incertitudes, de réclamations, de refus de paiement, de pertes financières, les généralistes n'en veulent pas !

Pour les spécialistes en médecine générale, cette surcharge administrative, conjuguée à des revenus largement inférieurs à ceux des autres spécialistes, est inacceptable et elle découragera encore un peu plus les installations de jeunes praticiens. Si la réforme devait passer en force, elle conduirait au résultat inverse des intentions affichées par la ministre : l’accès aux soins serait mis en danger, faute de médecins.

Une vraie réforme consisterait à faire prendre en charge intégralement par la Sécurité sociale les consultations du médecin-traitant, et, à terme, les actes réalisés à sa demande dans le cadre du parcours de soins.

Le ticket modérateur - le reste à charge pour le patient après remboursement par la Sécu - devrait être supprimé pour les consultations chez le médecin-traitant, c’est-à-dire pour l’entrée dans le parcours de soins. L’intervention des assureurs complémentaires dans cette prise en charge entraîne un gaspillage des ressources (doubles frais de gestion, aides publiques à l’acquisition de complémentaires etc.), une injustice sociale (des cotisations qui ne tiennent pas compte des revenus) et une complexité de l’accès aux soins (tiers-payant en pratique impossible, même lorsqu’il est souhaitable).

Pourquoi le gouvernement ne s’attaque-t-il pas aux vrais problèmes : l’attractivité de la médecine générale, le développement des soins de proximité, l’unification des régimes de sécurité sociale, la limitation et la redéfinition de la place des régimes complémentaires ?

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Allergies saisonnières :

Le RNSA ou réseau national de surveillance aérobiologique nous précise quelles sont les alertes aux pollens, les risques par veille et nous fournit divers bulletins pour lesquels vous pouvez vous inscrire.
Il possède aussi un espace adhérents pour ceux qui veulent aller plus loin.

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La loi de Financement de la sécu pour 2015 a fixé à 182,3 milliards d’euros l’objectif de dépenses pour 2015, en progression de 2,3 % par rapport au montant estimé des dépenses en 2014. Les dépenses de soins de ville s’établiraient à 81,0 milliards, en progression de 3,1 %. « Cette croissance plus élevée des dépenses de ville a été principalement portée par les dépenses de médicaments, sous l’effet des nouveaux traitements contre l’hépatite C, qui ont pesé à hauteur de 700 millions », vient d’indiquer le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance maladie. Les 2 euros réclamés par MG France par équité tarifaire avec toutes les spécialités ne coûteraient pas plus cher !


 

 

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