N° 37 - 03 mars 2015
 

La tentation de Venise ?

Jean-Christophe Calmes

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Alors que je parlais de nos actions avec l’un de mes amis, qui exerce à la Réunion, il m’a confié combien il se sentait loin, en dehors de toute l’agitation actuelle autour de la loi de Santé. Et comme je le comprends. Combien de fois ai-je ressenti cette « tentation de Venise », cette envie d’ailleurs, d’autre chose. Ce besoin de m’éloigner de ce métier si passionnant, mais si exigeant, si humain et donc violent et dont l’importance dans la société n’a d’égal que le mépris dans lequel il est tenu par nos dirigeants.

Cette envie de s’exclure, de ne pas participer, de se dire « A quoi bon ? », est présente en chacun de nous. A un degré variable suivant l’usure du temps, le mode d’exercice et les contraintes personnelles.
Pourtant, à l’heure où des réformes importantes, qui vont transformer l’ensemble de notre profession, sont en passe d’être engagées, nous ne pouvons pas ne pas réagir.
Ce métier de généraliste, nous l’avons voulu, rêvé, fantasmé. Nous l’avons pratiqué de jour et de nuit, dans toute sa richesse humaine, dans toute sa diversité.
Ce métier que nous aimons, ce métier de généraliste, si nous ne nous mobilisons pas, va s’effacer, se diluer, disparaître.
Ce spécialiste de l’humain, de la globalité, ce praticien capable d’intégrer les données complexes de la pathologie dans leur contexte social doit-il s’effacer au profit d’une médecine protocolisée, déshumanisée, hiérarchisée, administrée verticalement, optimisée financièrement ?

C’est tout l’enjeu du combat qui se déroule en ce moment.

À une vision sclérosante et administrative de la santé, nous opposons notre vision de l’organisation du système de soins. Une vision développée par de nombreux rapports, soutenue par diverses institutions de l’Etat (Cour des Comptes, IGAS) : celle d’un système de soins organisé autour du patient, à partir de lui, avec les autres professionnels de santé. Celle d’un système de soins que notre ministre de tutelle, Mme Marisol Touraine, refuse de soutenir.

On peut décider, aujourd’hui de ne pas se mobiliser, de ne pas bouger, de ne pas dénoncer les lourdeurs du système et le manque de moyens de la médecine générale. On peut se dire : « Je suis trop vieux ou trop jeune, ou trop occupé. Ce n’est pas mon combat ! ».
Mais c’est accepter de voir disparaître cet idéal qui fait toute la beauté de notre métier.
C’est accepter de voir disparaître le métier de généraliste.
Et cela malgré mes envies d’ailleurs, je ne suis pas prêt à l’accepter.

Alors le 15 mars, je manifesterai à Paris avec mes confrères, depuis la place Denfert-Rochereau (rendez-vous à 15h), et le 19 mars, je fermerai à nouveau mon cabinet médical, parce que je ne peux pas accepter de voir disparaître mon métier sans bouger. Et vous ?

Coordination des soins : l'IGAS donne un avis sans nuances.

Jean-Christophe Calmes

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’Inspection Générale des Affaires Sanitaires et sociales (IGAS) ne pratique pas la langue de bois ! Alors que l’actuel projet de loi de Santé est de plus en plus contesté, essentiellement du fait de son approche purement technocratique du système de soins, avec une vision du monde de la santé désespérément rétrograde, sinon conservatrice, l’IGAS, missionnée par Marisol Touraine, a rendu un rapport détonnant sur la coordination des soins.

Et tout y passe : les nouveaux modes de rémunération, les réseaux de soins, PRADO, SOPHIA, CLIC et autres acronymes, dont l’IGAS dénonce le manque d’efficacité pour une raison simple: dans un peu plus de la moitié des cas seulement, le médecin traitant est associé à ces modes de coordination. Seulement dans la moitié des cas ! Comment s’étonner, dès lors de l’absence d’efficacité de ces structures.

Après avoir passé en revue l’ensemble des dysfonctionnements et démontré que le coût associé à l’activité de ces structures (450 millions d’euros au moins…) serait mieux investi dans un fonctionnement coordonné par le médecin traitant, l’IGAS propose un catalogue de solutions de bon sens. Des solutions déjà énoncées dans plusieurs rapports et études, que curieusement on ne retrouve pas dans le projet de loi de Santé.

L’IGAS réaffirme notamment avec force l’importance que devrait avoir le médecin traitant dans l’organisation du système de soins. Pour peu qu’on lui donne de nouveaux moyens.
C’est donc un nouveau rapport qui conforte les idées que nous défendons.
Nous devons cependant nous interroger de l’absence de prise en compte des recommandations venant de l’IGAS, mais aussi de la Cour des Comptes, des 11 rédacteurs du rapport Cordier qui a permis d’élaborer la Stratégie nationale de Santé, ou encore de multiples rapports passés qui ont mis l’accent sur la place du généraliste dans notre système de santé.
Pourquoi, dans ce pays, refuse-t-on toujours à la médecine générale la place qui doit être la sienne ?

Le colloque qui se tient à Paris le 5 mars avec pour thème « Virage ambulatoire, un challenge pour la médecine générale » devrait apporter des réponses à la question.
 

Mobilisation des médecins : tous à Paris le 15 mars !

Jean-Christophe Nogrette

C’est rare et c’est le signe d’une profonde exaspération : toute la médecine libérale, entrainée par les jeunes médecins appartenant à deux syndicats (internes de l’ISNI et chefs de clinique de l’ISNCCA), va défiler à Paris contre les dispositions de l’actuel projet de loi de Santé présenté par la ministre de la Santé et le gouvernement. Cette manifestation aura lieu à Paris, le 15 mars 2015. Elle partira de la place Denfert-Rochereau à 14 h (rendez-vous à 13 h), pour arriver avenue Duquesne, aux portes du ministère de la Santé. Les médecins défileront tous derrière une même bannière: « Non au projet de loi de santé, tous unis pour la santé de demain. »

S’il ne faut pas s’imaginer que la médecine soit soudain complètement unie, les parties prenantes de cette journée se sont mises d’accord sur quelques mots d’ordre.
Les médecins n’ont pas besoin de plus de complexité dans leur exercice, mais de simplification.
Les médecins n’ont pas besoin de plus de surveillance de leur travail, ils ont besoin de moyens pour le faire bien.
Les médecins “de ville” ne sont pas des irresponsables que l’on admoneste et que l’on brime, mais des professionnels de haut niveau indispensables au fonctionnement du système de santé français. Ils se feront respecter.

Il ne faut pas s’imaginer qu’il soit simple de défiler tous ensemble. Nous avons nos spécificités. Nous avons des désaccords profonds, sur l’accès aux soins, sur les dépassements d’honoraires et le secteur II, sur les majorations tarifaires “réservées” à toutes les spécialités, sur la place de la médecine générale, sur la gestion de notre formation, de la CARMF, c’est à dire de notre protection sociale et de nos retraites…

Mais sur l’essentiel, nous sommes d’accord, il faut une médecine libre et indépendante, proche des gens, adaptable, accessible, correctement traitée et valorisée. Le projet de loi de Santé, dans son état actuel, ne garantit pas cela. L’union syndicale et professionnelle est donc indispensable pour corriger tout cela, pour faire reculer le gouvernement sur son texte.

Manifestons tous le 15 mars à Paris, pour la médecine libre ! Soyons tous à Denfert-Rochereau à 15h. Puis le 19 mars, nous remettrons cela, en fermant nos cabinets médicaux dans nos régions, pour défendre la médecine générale qui, parmi les médecines de ville, est la plus maltraitée, depuis bien trop longtemps !
 

Santé : le dégrippant, c'est pour quand ?

Teddy Bourdet

Fatigué de vos journées à rallonge en cette période hivernale? Au moment où l'épidémie de grippe bat son plein, la ministre de la Santé lance son plan ORSAN (qui en fait n'existe pas). Aussitôt, les médias mettent en lumière les urgences et les hôpitaux qui voient arriver les flux de patients. Pas un mot sur les cabinets de médecins généralistes, pourtant débordés eux aussi ! Comme souvent nous assumons notre rôle de premier recours sans aucune reconnaissance. Les médecins généralistes méritent mieux que ce mépris.


Nous savons tous que les patients viennent surtout dans nos cabinets parce que nous savons gérer la situation pour la plupart des malades de la grippe et que nous repérons immédiatement ceux qui nécessitent une hospitalisation. C'est notre travail quotidien. En pleine épidémie, tous les médecins généralistes et leurs secrétaires assument l'augmentation de la charge de travail. De plus, s’ils en avaient les moyens, les spécialistes de médecine générale pourraient, avec l'aide d’autres acteurs de la prévention, faire de l'éducation en santé préventive. Avec pour objectif d’apprendre aux patients à identifier les signes qui doivent les amener à consulter un médecin en cas d'état grippal. Il suffit pour cela d'une (bonne) volonté politique, peut-être d’une formation continue adaptée et de temps médical disponible, non surchargé par les multiples demandes de certificats, par exemple.
Ce véritable investissement sur les soins primaires économiserait bon nombre de passage aux urgences, et reviendrait moins cher qu'un plan ORSAN.
Aux médias, comme au gouvernement, il est temps de montrer que notre métier est indispensable et très efficient en termes de réponse sanitaire aux besoins de la population.

Exigeons la reconnaissance de nos compétences : le 15 mars à Paris, pour l'organisation de la médecine en général, et le 19 mars en région, pour mettre en avant la médecine générale. Madame la ministre, pour prendre un virage ambulatoire sans dérailler, le dégrippant, c'est maintenant !

Certificat médicaux : où est la simplification administrative ?

Teddy Bourdet

La faculté menace un étudiant de ne pas valider son année s’il n’apporte pas un certificat médical justifiant son absence à un examen ? La même université qui nous a enseigné la médecine, les diagnostics, les traitements, la prise en charge globale, a oublié de nous dire que notre métier consisterait à remplir moult certificats inutiles ! L’hiver apporte son lot de demande de certificats d’absence, de non contagiosité, d’absence à la cantine, etc. Que de temps perdu, c’est agaçant ! Et pourtant le ministère nous avait fourni un outil en 2011 !

Une circulaire ministérielle de septembre 2011 a précisé officiellement les certificats médicaux inutiles. Ce texte date de 2011, et il me faut déjà le renvoyer, comme il y a 3 ans, sans doute au gré des changements d’équipe de direction ou de formateurs dans les écoles, les cantines, l’enseignement supérieur, etc… Un texte qui mentionne en introduction dans ses « mots clés » : « simplifications administratives – médecins – certificats médicaux. »
Alors que le législateur (et même le président de la République) nous parle de choc de simplification, il serait temps que le ministère de la Santé réfléchisse aussi aux certificats redondants de demande d’APA (1), de demande d’aide-ménagère, de grille AGGIR (2) pour maisons de retraites, d’assurance, etc. Que dire des certificats pour affection de longue durée (ALD), à reprendre tous les 18 mois pour les ACFA, ou encore pour certains AVC ?

Pire encore, de plus en plus de dossiers MDPH (3) sont demandés complets, même pour des renouvellements évidents (je pense par exemple à des hémiplégies sévères, etc.). Mais aussi pour les demandes de carte de stationnement. Un patient - de 86 ans…en pleine forme à part son arthrose qui l’empêche de marcher - me disait que l’accord de carte devrait être automatique à partir d’un certain âge, sauf contre-indication listée, sans dossier complet à remplir par le médecin traitant. Pragmatique, ce patient. Puis-je lui suggérer de se présenter aux élections départementales ?

 

1- APA : Allocation Personnalisée d’autonomie
2- Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources
3- Maison Départementale des Personnes Handicapées

 

 

 

 

 

 

 

 

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