N° 80 - 23 mai 2017
 

Nouveaux modes d'exercice, création de maisons de santé : le médecin généraliste est-il un couteau suisse ?

Notre profession a beaucoup évolué ces dernières années grâce à quelques défricheurs qui ont impulsé le concept et la création des maisons de santé pluri professionnelles, des maisons médicales de garde, et de manière générale, développé l’organisation des soins primaires au service des besoins de santé de la population.
Ces défricheurs y ont sacrifié leur temps et leur énergie parce qu'ils aiment leur métier, mais aussi parce qu'ils ont cela dans le sang.

Alors que la loi de santé consacre l'organisation du système de soins, à coup d’équipes de soins primaires, de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et de plateformes territoriales d’appui (PTA), beaucoup de médecins voient venir ce mouvement avec inquiétude et craignent d'être laissés sur le côté. Abandonnés.
Parce qu'ils se disent qu'être un bon médecin généraliste, c'est déjà énorme.
Coordonner des professionnels, monter de gros dossiers, ils n'en ont pas envie. Ils n'ont pas choisi la médecine libérale pour cela.
Et lorsqu’ils en ont envie, ils ne savent pas comment s'y prendre ou sont découragés par l’inertie de l’administration et ses complexités.

La loi de santé offre à la médecine générale de réelles perspectives. Encore faut-il qu'État et Assurance Maladie donnent aux professionnels libéraux des moyens humains et matériels pour la mettre en musique.

Les médecins généralistes sont des professionnels en activité qui ne peuvent pas tout faire. Il faut nous donner l’appui de professionnels non médicaux de l'animation et du montage de dossier. Il y a urgence, sinon nous risquons de créer un corps des généralistes à deux vitesses.
 

Roger Bolliet

La ROSP : nouvelle convention, nouvelle version pour l’avenir

Florence Lapica

Malgré un intérêt financier non négligeable (5 000 € en moyenne par généraliste, un début de rattrapage entre nos revenus et celui des autres spécialistes), la ROSP « première mouture » a été boudée par un certain nombre de confrères. Parce que, et ils avaient raison sur ce point, bien des items proposés étaient critiquables sur le plan scientifique.

Les choses changent. Si dans la convention précédente, les indicateurs de qualité de la pratique médicale avaient été définis par la CNAM, ils sont désormais en grande partie fixés par le Collège de la Médecine générale, sur la base des dernières recommandations en vigueur. En outre, ces indicateurs pourront, tant en ajouts qu’en suppressions, être modifiés pendant la vie de la convention, en fonction des évolutions des données de la science.

Par ailleurs, si la convention 2012 mêlait des indicateurs scientifiques et organisationnels, c’est fini. La nouvelle rémunération forfaitaire distingue d’une part des données scientifiques, d’autre part les éléments organisationnels du cabinet, indépendamment les uns des autres.

La ROSP 2018 s’articule autour de trois axes : le suivi des pathologies chroniques, la prévention et l’efficience des prescriptions. Le nombre total d’indicateurs passe de 24 à 29 pour les médecins généralistes.
Autre nouveauté, la ROSP inclut désormais des indicateurs spécifiques de suivi des plus jeunes par le médecin traitant de l’enfant. Ces indicateurs concernent majoritairement des objectifs de prévention (dépistage de l’obésité, suivi bucco-dentaire, vaccination) .

Alors faut-il encore hésiter ? À chacun de voir. Mais il faut prendre ce dispositif pour ce qu’il est, un outil, un simple outil qui ne doit pas nous éloigner de ce qui caractérise notre spécialité : la prise en charge globale des patients, tenant compte de leur propre rapport à la maladie, de leur propre capacité face à la maladie. Un outil qui doit nous permettre de continuer à soigner des patients tous différents, ne répondant pas à des normes.

Compliqué ? Tu rigoles ! 

Jean-Christophe Nogrette

La nouvelle convention est compliquée.
Mais on y est, elle s’applique. G ou GS, VG ou VGS …
Et aussi MEG, COE.
Trop de codes, de lettres, de tarifs différents ?
Et si tout était là, justement ?

Les radiologues utilisent plus de 4 000 codes d’actes différents.
Ils sont presque trois fois mieux payés que les médecins généralistes.

Aucun malade ne prépare à l’avance son chèque pour aller chez le radiologue.
Aucun ne sait combien ça coûte.
Quand c’est cher, que font les radiologues ?
Du tiers payant, pardi !
Au moins sur la part du régime obligatoire. Comme ça ce n’est pas trop cher.

Amis généralistes, je vous mets au défi de devenir malins comme les radiologues !
Les codes, vous les apprendrez.
Vos patients apprendront que, selon le problème, la somme est différente.
Pour les actes chers, vous adoucirez la facture avec le tiers-payant.

Les revalorisations tarifaires feront un peu moins peur aux ministres. Ils n’augmenteront pas toutes les lettres-clefs en même temps, et nous ne resterons plus six ans sans revalorisations.

Compliquée, la convention, vraiment ?
Vous allez y arriver !

La visite oubliée 

Sandrine Delamare

Chaque jour en marge de mes consultations au cabinet, je me munis de ma mallette et je prends ma voiture pour effectuer mes visites à domicile. Je l’appelle encore « ma tournée » comme les médecins de famille d’hier.
J’aime ces visites à domicile parce qu’au chevet de mes patients dépendants et âgés j’ai le sentiment d’œuvrer activement au sein de la société en évitant hospitalisation ou institutionnalisation, en maintenant un lien social, en laissant ouvert pour ces personnes un choix de vie. Car je fais partie de la chaîne qui permet à ces personnes de rester chez elles.

Nous assumons avec constance cet acte complexe et long qui reste malheureusement insuffisamment valorisé eu égard au temps passé, au service rendu à la société, à l’énergie déployée pour la coordination avec les autres professionnels de santé intervenant à domicile (infirmiers, kinésithérapeutes, auxiliaires de vie, etc.) et au nécessaire temps de dialogue avec les proches … On est loin du compte quand on est réglés 35 euros !

Ce tarif encore insuffisant n’est malheureusement pas le seul obstacle à la visite à domicile. Certaines municipalités veulent désormais réglementer et taxer le stationnement des médecins dans l’exercice de leur métier. Comment peut-on prôner d’un côté l’amélioration de l’accès aux soins et d’un autre côté mettre en place des mesures coercitives freinant la réalisation des soins à domicile pour les plus fragiles ?

Confrontés à ces multiples freins, les médecins généralistes sont tentés de délaisser la visite à domicile. L’assurance maladie, les pouvoirs publics vont devoir, dans ce domaine comme dans tant d’autres, se poser les bonnes questions : La visite à domicile, spécificité française, dont le nombre ne cesse de diminuer depuis des années, doit-elle disparaître ? Doit-elle être maintenue ? Est-ce un acte utile ? Est-ce une réponse adaptée à l’isolement des personnes âgées et dépendantes ? Et cet acte médical est-il simple ou complexe ?
Un début de reconnaissance de l’utilité et de la complexité de la visite est reconnu par l’assurance maladie qui a créé la visite longue, des visites spécifiques post hospitalisations. Mais dans un cadre trop restreint.

Pour MG France il n’y a pas de visite simple, facile. La visite du médecin généraliste traitant chez les patients dépendants doit être honorée au niveau de la VL, 56 euros aujourd’hui. C’est une partie de la réponse à l’isolement des patients, à la prise en charge adaptée des personnes les plus fragiles, à la désertification médicale. C’est un acte typique du médecin généraliste français, la réponse sociale et médicale à de multiples situations.
N’attendons pas qu’il soit trop tard.
 

Osons la nomenclature !

Jean-Christophe Nogrette

 Mr G.Touffe sort d’hospitalisation pour un sévère OAP qui marque un tournant évolutif de sa cardiopathie.

Vous le voyez en visite domicile quelques jours après sa sortie pour faire le point.
Comment allez vous coter ?

On pourrait répondre VGS+MIC+MD(+IK) puisque la MIC (23€) est la majoration de suivi par le MT après une hospitalisation pour décompensation sévère d’insuffisance cardiaque.

Mais il est plus “rusé” de coter VGS+MSH+MD (+IK) : MSH (23€) est la majoration de suivi par le MT après une hospitalisation pour une pathologie lourde qui modifie fondamentalement la prise en charge du patient.
Mr G.Touffe, c’est maintenant un patient fragile. Vous commencez l’adaptation de son traitement de sortie, les mesures de soutien, les mesures hygiéno-dietétiques.
Mais le mois prochain, vous le reverrez car bien entendu, tout n’ira pas comme sur des roulettes du premier coup…
Et là est la subtilité : MSH se cote seulement dans les trente jours suivant la sortie du patient de l’hôpital.
MIC se cote dans les 60 jours.
Il vaut mieux coter MSH en sortie d’hôpital et MIC le mois suivant car si vous inversez, le mois suivant MSH vous sera interdite…

VGS 25 + (MSH ou MIC) 23 + MD 10 = 58€ : ne laissez pas passer ces deux majorations !

 

 

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