N° 62 - 18 avril 2016
 

Je vais au congrès de MG France. Evidemment !

Bernard Pledran

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Je ne vais pas revenir sur les propos du Pr Vallancien dont, avec le recul, je me rends compte qu’ils ont juste été publiés un peu tôt. C’était une lettre prévue pour le premier avril !
Non, ce qui m’interpelle dans la démarche du professeur d’urologie, et ce qui devrait nous faire réagir tous, c’est que son nom s’ajoute à la liste déjà très nombreuse des spécialistes de tout poil, des « grands » patrons hospitaliers et bien sûr des énarques complètement exaltés qui se penchent sur notre métier, qui parlent en son nom, et prétendent nous construire les solutions toutes prêtes qui vont régler tous les problèmes. Sans rien savoir de la médecine générale, de ce que nous faisons au quotidien.
Quelle arrogance ! Est-ce que nous allons encore longtemps laisser les autres parler et décider à notre place ?
Notre vrai problème collectif, nous les médecins généralistes, c’est justement notre manque d’arrogance et notre manque de visibilité. Nous ne nous mêlons pas (assez) de ce que font les autres spécialistes, nous ne montrons pas assez tout ce que nous faisons dans nos cabinets.
Prenons l’exemple des vaccins : bon an, mal an, nous faisons 10 millions de vaccins dans nos cabinets, que ce soit ceux des bébés, l’ensemble des rappels, et bien sûr la campagne contre la grippe. Mais que le H1N1 remontre le bout de son nez et nos politiques montent une campagne de vaccination aussi dantesque qu’inefficace. Dont ils excluent complètement les médecins généralistes.
Alors, on continue comme ça ou on réagit ?
Je ne vais pas me mêler au chœur des pleureuses qui se désolent du fait que les jeunes ne s’installent pas, qu’ils ne veulent pas travailler, et que, de mon temps, les choses ne se passaient pas comme ça !
Je sais ce que je fais tous les jours auprès de mes patients, j’en suis fier. La diversité de mes activités, de l’infection ORL banale, c’est vrai, à la prise en charge pluri professionnelle de malades lourds et complexes, donne tout son intérêt à mon métier. L’écoute au quotidien des problèmes des patients et le « mieux », j’ai l’orgueil de le croire, que mes réponses leur apportent, me confortent dans l’idée de l’utilité de ce que je fais.
Alors, je vais prendre mon billet pour Grenoble et participer au 7ème congrès de MG France dont le fil directeur est : « construire la médecine générale de demain ». Nous allons échanger sur ce que nous faisons, décider, et montrer aux politiques que le virage ambulatoire n’est pas une option, les déserts médicaux pas une fatalité.
Les médecins généralistes, jeunes et moins jeunes, seront là, prêts à faire. Encore faut-il qu’on leur en donne les moyens !

polsante.jpgNégociations conventionnelles : où en sommes-nous ?

Jean-Christophe Calmes

Depuis six semaines, les négociations conventionnelles entre syndicats de médecins libéraux et assurance-maladie, qui vont décider des moyens qui seront alloués à l’avenir à la médecine générale ont commencé. De nombreuses analyses et bilans de la situation actuelle ont été présentés par les parties prenantes. Reste que le patron de la CNAMTS a d’emblée campé le paysage.

Le montant prévu par la CNAMTS pour revaloriser l’exercice de la médecine libérale sera inférieur à un milliard d’euros a prévenu Nicolas Revel, le directeur de la caisse nationale d’assurance-maladie. Ce sera 1 milliard pour revaloriser les actes des médecins généralistes, mais aussi ceux des autres spécialités.
Ce sera seulement un petit milliard pour entamer le « virage ambulatoire » annoncé dans la loi de modernisation du système de santé.
Ce sera aussi un seul milliard pour, à la fois, revaloriser l’exercice libéral, améliorer notre protection sociale (notamment maternité) et indemniser les médecins en cas d’AT. Finalement, le patron de la CNAM annonce un milliard pour permettre le développement des équipes de soins primaires, la coordination des soins entre professionnels de santé, l’éducation thérapeutique des patients, etc.

Face à cette annonce qui sonne comme une provocation, la simple mise à niveau du CS des généralistes (de 23 à 25 euros) coûtera déjà 600 millions ! Autant dire que le budget prévu par la CNAM est révélateur d’un manque d’ambition tant pour le système de santé, qui doit être réformé en profondeur, que pour notre profession, qui confine au mépris pur et simple !
La réponse faite aux médecins est toujours la même. Il n’y aurait pas de moyens !

Rappelons que le budget de la santé en France tel que prévu par le PLFSS, et donc la représentation nationale, est de 201 milliards d’euros, dont 84 milliards pour les soins de ville.
Ce que nous demandons, à savoir un milliard d’euros par an, et non sur 5 ans, correspond simplement à ½ pour cent des dépenses de santé annuelles. 0,5 % pour réformer une profession en péril ! Est-ce encore trop ?
La médecine générale attend des mesures et des moyens à la hauteur des problèmes sanitaires que ses acteurs doivent affronter au quotidien. Il faut un plan Marshall pour la médecine générale. Il y a urgence !

profession.jpgContinuité des soins : de plus en plus difficile à garantir sans moyens

Jean-Christophe Nogrette

La ministre de la santé, les parlementaires et l’Assurance-Maladie s’inquiètent pour la continuité des soins. Le règlement arbitral des nouveaux modes de rémunération (NMR) des maisons et pôles de santé prévoit qu’elle soit organisée pour la sécurité des malades. Les pouvoirs publics étendront-ils le périmètre de son financement à l’ensemble des médecins ?

Travailler beaucoup, la plupart d’entre nous le font déjà. La continuité des soins, pour l’administration, c’est bien mieux ! C’est assurer la prise en charge de nos patients du lundi au vendredi de 8h à 20h et le samedi de 8h à midi, soit une couverture hebdomadaire de 64 heures. Le reste du temps, la PDSA organisée se substitue au docteur qui peut se reposer. L’administration a résolu le problème, il y a toujours un médecin “ouvert”, à n’importe quelle heure et pour n’importe quoi, le “Docteur du coin”, en général !

Certes, mais nous ne faisons pas que dormir ! Il nous arrive de ne pas travailler le mercredi après-midi ou de fermer à 18 heures pour nous occuper de notre famille ou d’une autre cause que nous n’avons pas à justifier : nous sommes des « libéraux » !
Et quand nous sommes absents, il n’y a pas de problème (nous sommes libéraux), car il nous revient toujours d’organiser les choses et de mutualiser nos absences. Et si nous n’avons pas de “personnel de recours” pour couvrir nos heures de loisirs sur ces plages horaires, la solution passe par la suppression de nos loisirs. La vie est simple !
Ajoutons à ce tableau quelques gardes et notre temps de travail moyen hebdomadaire passera à 70 heures par semaine (contre actuellement 57 h en moyenne). Nous le savons, nous sommes (trop) nombreux à fonctionner déjà de cette manière. La raréfaction des médecins généralistes dans bien des secteurs, ne permet plus à ceux qui restent de souffler un peu en semaine.

Tout compris, actuellement nous gagnons, en moyenne, 148 000 euros brut, soit 74 000 euros annuels nets avant impôts. Avec une couverture horaire de 70 heures hebdomadaires, cela se traduit par 3 640 heures par an, soit pour le même revenu environ 20 euros nets de l’heure.
Telle que nos dirigeants politiques veulent la continuité des soins, celle-ci se valorise à 20 euros nets de l’heure et pour 70 heures de travail par semaine.
Nos dirigeants ne veulent pas investir sur la médecine générale et espèrent que les jeunes vont s’installer en libéral. Ils ne veulent pas donner des moyens à la médecine générale et ils espèrent que nous allons faire 13 heures par semaine en plus, gratuitement !
Les administrations qui nous gouvernent ont-elles encore le sens des réalités ?
La continuité des soins, c’est avant tout un médecin traitant pour chaque patient. C’est ensuite une démographie qui permette aux médecins installés de s’entraider en recevant les patients du confrère qui s’absente. Cela signifie une installation attractive pour les jeunes, des conditions d’exercice dignes pour tous. Mais pour cela, il faudrait des moyens nouveaux supplémentaires, et non des enveloppes fermées, et des négociations “sans grain à moudre” qui détournent nos jeunes confrères de l’exercice libéral !

Venez discuter de la continuité des soins avec nous à Grenoble, Congrès de MG France 9 &10 juin !
 

metier.jpgPourquoi tant de cabinets sans secrétaire ?

Florence Lapica

Disposer d’un secrétariat pour exercer sereinement notre métier devrait être une évidence tellement les fonctions administratives, pourtant nécessaires, sont devenues envahissantes et chronophages. Préparer notre journée de consultation, mettre à jour les dossiers, que ce soit à partir des courriers reçus ou des fichiers reçus par internet, prendre certains rendez-vous pour des patients, très souvent perdus dans le système de soins, sont quelques-unes des tâches essentielles dans notre activité quotidienne, qui devraient être systématiquement déléguées.

L’embauche d’une secrétaire médicale est une décision qui doit être soigneusement pesée. Les conséquences financières peuvent peser terriblement sur l’entreprise médicale. Sauf à accepter de voir ses revenus sévèrement amputés, ce coût n’est aujourd’hui pas à la portée d’un médecin qui travaille seul. Même dans les cabinets où 2 ou 3 médecins exercent, l’embauche d’une secrétaire constitue une charge nouvelle importante.
Pour le reste, il faut anticiper : quelles sont les démarches à suivre avant d’embaucher et quand l’embauche est-elle effective ? En cas d’arrêt maladie, comment s’organise-t-on ? Dans quelles conditions peut-on organiser un remplacement, et quelles sont les démarches à faire dans ce cadre ?
En cas d’évolution de notre exercice, de sa modernisation, de regroupement, de déménagement, comment cela se passe-t-il ? Tout n’est pas toujours très simple. Lorsqu’un changement de local, le départ en retraite d’un associé conduit au licenciement d’une secrétaire, les médecins peuvent avoir à faire face à des frais importants, de plusieurs milliers d’euros.
Les jeunes médecins ont besoin de sécurité et de visibilité pour s’engager. C’est normal. Dans de nombreuses professions existent des aides spécifiques à l’embauche ou à la prise en charge partielle ou totale des cotisations sociales. Ce genre d’aide n’existe pas pour les cabinets de médecins libéraux, en particulier pour ceux installés en secteur 1. Ce ne serait pourtant pas illogique dans la mesure où les honoraires conventionnés ne permettent pas de répercuter le coût d’une secrétaire sur les honoraires demandés aux patients.
Le coût du secrétariat est un obstacle supplémentaire qui s’additionne aux nombreux autres que rencontrent ceux qui envisagent une nouvelle installation. L’embauche massive de personnel dans les cabinets permettrait pourtant de libérer du temps médical particulièrement utile à la prise en charge des patients et cela pourrait en outre avoir des répercussions intéressantes sur le niveau de chômage dans notre pays.
Il faut rassurer le candidat à l’installation et supprimer les obstacles qui se présentent sur sa route et le rebutent. Il faut faciliter l’embauche des secrétaires et des personnels qui entourent le médecin, qui lui permettent de libérer du temps médical au bénéfice du soin.

pratique.jpgL'installation en médecine générale : un pari ?

Teddy Bourdet

Les médecins généralistes sont attachés à la qualité de l’exercice professionnel. Concilier vie professionnelle et vie privée, qualité de soins et temps médical disponible optimisé, et s’assurer d’une rémunération adaptée pour ne pas être obligé d’accumuler les heures de travail (1) est déjà un défi en soi.

Il semble qu’un revenu de 4 500 euros nets mensuels (pour 35 heures de travail hebdomadaire) convient à des jeunes médecins qui s’installent, à condition d’avoir une amplitude de travail décente, incluant le travail administratif, la prévention, le suivi. C’est l’idée des centres de santé. Si le temps de travail dépasse les 35 heures, les heures supplémentaires sont limitées.

Bon nombre de confrères installés ont des attentes identiques : un revenu décent avec une quantité hebdomadaire de travail raisonnable. S’installer pour gagner 4500 euros nets par mois fait des adeptes. Mais le chiffre d’affaire à dégager pour y parvenir est nettement supérieur. Car les jeunes, comme nous tous, souhaitent limiter le temps de travail administratif (scannage, saisie, gestion de commandes) et être rémunérés aussi pour le travail hors consultation (courriers, réponses téléphoniques, tenues de dossier). Pour cela, il leur faudra une secrétaire temps plein par médecin (2500 euro mensuel, en comptant les cotisations patronales), un local adapté, un système informatique performant, moderne, un électrocardiographe, (le tout pour 1500 euros mensuels), payer les cotisations sociales (Carmf et URSSAF, protection sociale pour limiter la perte de ressources à 15 jours au lieu de 90), soit encore 2500 euros mensuels.
Au total, dans le système de santé actuel, pour générer 4 500 euros de revenu mensuel et vivre une qualité d’exercice avec une secrétaire temps plein par médecin, il faut réaliser un chiffre d’affaires de 11000 euros par mois. Soit 440 actes à 25 euros de moyenne, si l’on s’en tient au paiement à l’acte. Il faudra donc travailler bien plus que 35 heures par semaine ! C’est ainsi que les jeunes rechignent à s’installer dans ces conditions. Ils ne souhaitent pas être aussi corvéables que leurs ainés.

La réalité est là. Les généralistes adorent leur métier, qui est passionnant. Ils soignent la plupart des maux de leurs concitoyens. Ils assurent les urgences, les suivis, ils accompagnent, écoutent leurs patients, comme le décrit le film « Médecin de campagne » brillamment interprété par François Cluzet. Reste qu’aucun jeune ne veut s’engager 24h/24h, avec la crainte de vivre seul, abandonné de sa famille. Le film l’illustre également ! Pour que l’installation soit un pari gagnant pour les jeunes, il faut donc des moyens !

Investir sur la médecine générale aujourd’hui, c’est prévoir plusieurs milliards d’euro par an pour mieux rémunérer les 55 000 généralistes ! Bien plus que le milliard évoqué pour « toutes » les spécialités par le directeur de la CNAM dans les négations conventionnelles. Les choix sont politiques. Le gouvernement doit orienter le « virage ambulatoire » vers les soins primaires. L’urgence est ici !

1- http://www.snjmg.org/blog/post/quest-ce-que-les-jeunes-medecins-generalistes-attendent-pour-sinstaller/389


 

 

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