Témoignage-réflexion sur un contrôle CPAM « bon de transports »

Je suis une bonne élève, rigoureuse, attentive à ses patients, soucieuse des dépenses de santé, investie dans sa profession, je suis médecin généraliste. Je suis même super médecin généraliste puisque que la dame de la CPAM qui vient me visiter régulièrement ne m’amène que des bonnes notes : je suis dans le vert avec les antibiotiques, avec les statines ... Et "vous êtes la meilleure du département pour le suivi du diabète " !
 
Tout ceci, c’est ce que je croyais.
 
Un appel tous les jours pendant 10 jours pour m’intimer de me rendre à la sécurité sociale au sujet de prescriptions de transports m’a réveillée. Quoi ? Moi ? Mais je suis une bonne élève, j’ai des bonnes notes ! A ma demande de précisions pour cette convocation m’obligeant à fermer le cabinet une demi-journée j’ai obtenu un «  je vous répondrai quand vous aurez pris rendez vous. »
 
Et là je me suis forcément demandé pourquoi ? Est ce grave ? Vais-je être sanctionnée ? Qu’ai-je pu faire pour justifier une procédure si sévère ? Dois-je prendre des dossiers médicaux avec moi ? Mais lesquels ? J’y vais seule ? Accompagnée ? Mais avec qui ? Un confrère ? Il va lui aussi perdre une demi-journée … 
 
Et puis, non ce n’est pas possible, j’ai dû rater un truc.
Alors, j’ai décrit la situation et en tant que médecin syndiquée à MG France, je me suis adressée à mes confrères de la CPL qui ont remis en main propre mes interrogations naïves à madame la directrice et me soutiennent dans mes démarches, y compris au niveau national.
 
Je n’ai pas eu sa réponse ...
J’ai par contre été contactée par la dame qui me dit que je suis parfaite. Qu'elle a été contactée par une autre dame qui lui a fait passer un courrier pour moi. J’ai finalement reçu un mail daté du mois de juin qui serait resté dans les tiroirs, oublié puis retrouvé.
 
Et là, j’ai appris que la dame de la caisse qui vient me voir, ne vient me voir que pour les « trucs qui vont bien ». Pour le transport, j’étais trop « pas bien » alors elle n’a pas été informée et ne peut donc rien me dire : c’est le travail des dames (ou des hommes) qui envoient les lettres pour nous dire qu’ils ou elles veulent nous rencontrer, car on n’est pas parfait.
 
Bref, pour l’instant j’en suis là.
 
Mais, ce n’est pas possible d’en rester là. N’oublions pas que je suis une bonne élève, et que je n’ai rien compris.
 
1 – Dois-je continuer à recevoir une personne qui ne sert à rien ? Autant lui libérer du temps et ne pas perdre le mien en attendant la lettre qui me dira que ça ne va pas.
2 - Quel intérêt de nous contacter quand on passe dans le rouge ? « J’ai bien vu que l’HbA1c de mon patient montait régulièrement mais j’ai attendu qu’elle soit à 2 chiffres pour l’appeler en urgence et lui dire que là ce n’était plus possible. » : ça c’est inimaginable pour un médecin généraliste envers son patient. Pourtant, c'est la pratique des caisses ...
3 - Fermer mon cabinet une demi-journée pour me dire que je ne suis pas dans les clous (enfin, je suppose que c’était pour ça) c’est autant pénalisant pour les patients que pour le médecin.
4 - Attentive à mes patients, je prends garde à respecter les 4 principes de la bioéthique : autonomie, bienfaisance, non malfaisance et justice.
 
*Respecter l’autonomie suppose que l’on donne toute l’information nécessaire à une prise de décision éclairée et que l’on ait vérifié que cette information a été comprise. Cela n’a pas été mon cas et je n’ai, avant la convocation, pas pu remettre en question mes pratiques, ni les ajuster.
 
*Le principe de bienfaisance qui pour nous est de contribuer au bien être d’autrui contient 2 principes : que l’action entreprise soit bénéfique et qu’elle soit utile.
 Le principe de non malfaisance se définit par : ne pas infliger un préjudice intentionnellement « primum non nocere ». Je ne peux pas savoir si c’était intentionnel, mais cette démarche ne m’a pas fait du bien, c’est sûr.
 
*Le principe de justice dans le sens médical (délivrer des soins de manière équitable à tous les patients) ne s’applique pas ici. Je trouve cependant injuste d’être informée sur ce qui est dans les normes et de taire ce qui ne l’est pas mais qui pourtant est améliorable. Le pire est par contre d’être informé quand on est très hors norme.
 
Quelle ironie lorsque l’on voue sa vie à entreprendre tout ce que l’on peut pour prendre soin de son prochain, d’être traitée à l’inverse dans l’exercice de cette vocation.
 
Isabelle Leclair
 
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