ONDAM 2016 : comment se répartit le gâteau ?

L’ONDAM, Objectif National de Dépenses de l’Assurance-Maladie, ce n’est pas qu’un truc d’énarque, de technocrate. C’est un dispositif clé qui, sous prétexte de verrouiller l’évolution des dépenses, entretient le marasme de la médecine générale et nous prépare des lendemains difficiles. Comment ça marche ?

Prenons une famille avec trois beaux adolescents qu’il faut nourrir comme il faut.
On leur donne un gâteau, déjà amputé par d’autres, qu’ils doivent se répartir. L’ainé, un solide gaillard, s’appelle Etablissement de santé. Il mange à lui seul presque les deux tiers du gâteau qui lui est présenté. Les deux autres, les jumeaux, se répartissent le reste. Le premier, Spéspé, est aussi un vorace. Il se sert en premier et avale plus des 2/3 restants. Son frère, SpéMG ne peut prendre que les miettes.

Tous les ans il faut augmenter la taille du gâteau. Pour rester simple, disons de 5 %. Si la première année le gâteau mis à disposition pèse 100 grammes, au bout de cinq ans, en appliquant cette règle, il va en peser 128. Il est intéressant de noter que l’écart entre Spéspé et SpéMG qui était de 13 g au départ est de 18 g à l’arrivée. Et je ne m’étends pas sur la part de l’autre goinfre Etablissement de santé. Si cela continue ainsi, Spéspé va devenir obèse, alors que SpéMG va devenir anémique et souffreteux. Peut-être même qu’à force, il pourrait mourir. Mais tout le monde s’en fout, personne ne l’aime. Il est râleur et fait des choses que n’importe qui croit possible de faire à sa place.

C’est ça l’ONDAM ! On décrète un pourcentage d’augmentation de dépenses et on ne s’occupe pas de ce qui se passe à l’intérieur. Et si Etablissement de santé bouffe encore plus que sa part, ce n’est pas grave les autres n’auront qu’à se serrer un peu plus la ceinture. Ceci dit, dans la « vraie vie » ce n’est pas tout à fait aussi simple que ça. Mais si vous avez compris ce mécanisme, vous avez bien avancé.

Ainsi, tant que les pouvoirs publics ne décideront pas qu’un pourcentage conséquent de l’évolution des dépenses doit être fléché vers la médecine générale, l’écart entre nous et les autres spécialités continuera à se creuser avec les conséquences dont tout le monde commence à prendre conscience. Perte d’attractivité d’un métier essentiel à la population, désertification des quartiers et des campagnes.
Mais pas d’inquiétude, nos ministres et notre président continueront à se faire soigner au Val-de-Grâce.

Bernard Pledran

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ONDAM : décryptage

L'Objectif national des dépenses d'assurance maladie sera de 1,75 % en 2016. Ce taux s'inscrit dans la "nouvelle étape de redressement des comptes", comme l'a précisé Marisol Touraine le 7 octobre devant la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. " En 2015, dans des conditions de maîtrise renforcée des dépenses et de développement des traitements innovants de l’hépatite C, l’ONDAM sera à nouveau tenu, a précisé la ministre de la santé. Cette dynamique sera poursuivie en 2016." Objectif : déficit du régime général et du Fond de solidarité vieillesse (FSV) sous la barre des 10 milliards d’euros.

Cet object s'accompagne d'un autre : celui de réaliser 3,4 milliards d'économies supplémentaires en 2016 dans le domaine de la santé.

Ces économies se répartiront comme suit :

* 1,2 milliard au titre de la lutte contre les gaspillage. Il s'agit d'éviter "les actes inutiles ou redondants : examens pré-anesthésiques, examens biologiques, recours aux transports sanitaires"

* 1 milliard d'euros sur les prix des produits de santé ( médicaments et dispositifs médicaux). "Les médecins, en ville comme à l’hôpital, seront davantage incités à les prescrire, et une campagne de communication sera lancée dans le courant du premier semestre 2016 pour sensibiliser les Français à l’intérêt de ces médicaments", a ajouté la ministre.

* 700 millions sur l'hôpital, via des économies d'échelle et des regroupements hospitaliers, tout en mettant un terme définitif au "tout T2A" (tarification à l'activité)

A cette somme d'économies s'ajoute la volonté affirmée par la ministre de "favoriser le virage ambulatoire". " Les ressources effectivement allouées aux soins de ville – et qui montrent notre engagement en faveur du virage ambulatoire – progresseront de 2 %", a précisé Marisol Touraine. Reste à savoir combien seront affectés aux soins primaires et aux médecins généralistes ?

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