Les Français conservent leur confiance dans l'État social

Quel doit être le rôle de l'Etat social dans un environnement économique pour le moins incertain et dans une période de crise qui semble devoir perdurer ? Les opinions exprimées par les jeunes adultes en matière de protection sociale sont‐elles le reflet de ce fonctionnement du système, ou sont‐elles également le signe de valeurs spécifiques ? La DRESS (1) a tenté de répondre à ces questions à travers sa récente enquête diligentée auprès de quelque 4000 personnes sur la France entière.

Les moins de 30 ans sont un peu plus de 43 % à penser qu’en France, la solidarité est avant tout l’affaire des individus et des familles. Les 30-44 ans sont 40 % à partager cette opinion, un pourcentage qui diminue avec l'âge (38 % des 45‐59 ans et 36 % des 60 ans ou plus). La crise qui perdure depuis 2008 n'est pas étrangère à cette appréciation, même si le rôle d’amortisseur joué par la protection sociale et l’État a bien été perçu dans l’immédiat après crise. Certes, la tendance des jeunes à privilégier la sphère privée est à relier aux faibles prestations directement destinées aux jeunes et à l'importance de la solidarité familiale vécue par ces derniers. "Les moins de 30 ans sont toujours plus nombreux que les 30‐59 ans à citer l’individu et la famille comme les acteurs principaux de la prise en charge de la solidarité", note à cet égard l'étude de la DREES.



Reste que si les jeunes Français voient majoritairement la solidarité comme une affaire privée, ils ont une demande en matière d’intervention publique dans le domaine économique et social comparable à celle des autres tranches d’âge. Ainsi, près de 60 % des 18-29 ans souhaitent davantage d’intervention de l’État en matière économique et sociale, à un niveau très légèrement supérieur, mais proche des 30‐44 ans. A l'inverse, les 60 ans ou plus, se distinguent du reste de la population par une préférence moins forte pour accroître l’intervention de l’État (46 %). Au regard de la Sécurité sociale, si les 18-29 ans lui font largement confiance (74 %), ils estiment cependant à près de 60 % que le financement de la protection sociale alourdit la dette de la France et va être un frein pour sortir de la crise. Ils ne sont que 42 % à penser que le système de protection sociale permet d'atténuer les conséquences de la crise économique en France. Les 30-59 % partagent la même confiance dans notre Sécu (74 %), mais estiment dans une moindre mesure (54 %) que notre haut niveau de protection sociale alourdit la dette. Ils sont également plus nombreux (46%) à penser que la Sécu permet d'atténuer les effet de la crise économique.

"La prédominance d’une vision négative des effets du système est une constante chez les jeunes sur la période, au contraire de leurs aînés, dont l’opinion a basculé au cours du temps, résume la DREES. Parmi les personnes âgées de 30 à 59 ans, le système de protection sociale est majoritairement vu positivement jusqu’en 2011, puis la part de ceux qui le perçoivent comme un frein à la sortie de la crise devient majoritaire à partir de 2012."


Cotiser davantage ?

Parmi les moins de 30 ans, les jeunes en études expriment une propension à cotiser supérieure aux autres, quel que soit le domaine social (maladie, retraite, chômage, famille) : ils sont entre 50 et 60 % à le vouloir pour l'assurance-maladie et pour leur retraite future et entre 40 et 45 % à la souhaiter pour les allocations chômage ou familiales. De plus, les jeunes en études se disent prêts à cotiser quel que soit le risque et sont plus nombreux à le vouloir dans la classe d'âge des moins de 30 ans (63 % contre 51 % en moyenne pour l'assurance-maladie, 62 % contre 54 % pour la retraite). De même, les jeunes Français pensent davantage que les autres classes d’âge qu’il est souhaitable que les entreprises cotisent plus pour la protection sociale (46 % avant 30 ans, 38 % de 30 à 59 ans et 33 % pour les 60 ans ou plus)
Quel modèle de protection sociale pour demain ?

Le Baromètre d'opinion de la DREES a permis de dégager 5 différents groupes d'opinion (graphique ci-dessous) en matière de protection sociale qui traduisent les préférences des Français sur la question. Ils s'inscrivent sur trois types de répertoires de la protection sociale : le modèle d’inspiration sociale‐démocrate, qui recherche davantage d’intervention publique par des prestations universelles (en bas à gauche et au centre sur le graphique ci dessous), le modèle de type corporatiste ou assurantiel (en bas à droite) et enfin le modèle libéral (dans le quart supérieur droit).

Le premier groupe (28 % des Français) se distingue par une confiance dans l’intervention des pouvoirs publics bien plus forte que la moyenne. "Ils prônent l’universalisme du modèle français, déclarant que la protection sociale doit bénéficier « à tous sans distinction de statut ». Ils sont toutefois favorables au maintien à l’identique du mode et du niveau de financement de la protection sociale et ne souhaitent pas d’augmentation des cotisations." 23 % des moins de 30 ans et 28 % des 30-44 ans sont favorables à ce système universaliste, faisant confiance en l'État.

Le deuxième de groupe d’opinions (23 % de la population) est tout aussi conservateur en matière de financement de la protection sociale que le premier. "Sans remettre en cause le rôle de l’État dans la protection sociale par rapport à l’ensemble de la population (en moyenne), ce groupe rassemble des individus qui se caractérisent particulièrement par le sentiment que la solidarité passe également par la famille et les individus.Il rassemble les tenants d’une vision universaliste de la protection sociale, sans souhait d’évolution de système français. 21 % des moins de 30 ans sont favorables à ce modèle, contre 23 % des 25-29 ans.

Le 3è groupe (20 %) rassemble des individus manifestant une certaine adhésion à un système de protection sociale pris en charge par l’État : "ils sont prêts à augmenter leur participation au financement en contrepartie du maintien des prestations au niveau actuel et considèrent que les entreprises devraient également cotiser davantage." "Les individus qui se retrouvent dans cette classe semblent prêts à continuer à investir dans la protection sociale, avec le souhait d’une solidarité ciblée renforcée". Ce modèle a la préférence d'un tiers des jeunes de moins de 25 ans et d'un quart des 25-29 ans.

Le 4e groupe (14 %) se compose de personnes qui sont pour le maintien du système tel qu’il existe actuellement, niveau de financement compris (pas de cotisations supplémentaires ni pour eux, ni pour les entreprises). Il souhaite le resserrement de la protection sociale sur les cotisants. Il ne recueille que 10 % des suffrages des moins de 30 ans ou des 25-29 ans.

Enfin, la 5è classe d’opinions (14 % de la population) en matière de protection sociale rassemble les individus qui sont favorables à une réforme du financement de la protection sociale, en faveur d’un désengagement des entreprises et/ou d’eux‐mêmes. Partisans du moins d'Etat, ils estiment que le «monopole» de la sécurité sociale est une mauvaise chose. Ce groupe se prononce pour le développement en France d'un modèle d’inspiration libérale. Ce modèle "libéral" de protection sociale a la préférence de 16 % des moins de 30 ans et de 16 % des 30-44 ans.

"Finalement, conclut la DREES, les jeunes sont toujours relativement plutôt favorables à un changement du système de protection sociale, bien que ces changements puissent prendre différentes formes : si la majorité souhaite un modèle d’inspiration sociale‐démocrate, ciblé sur les plus démunis, d’autres s’expriment en faveur d’un modèle d’inspiration libérale."

J-J Cristofari


(1) Depuis 2000, le Baromètre d’opinion de la DREES suit chaque année l’évolution de l’opinion des Français sur leur santé, sur la protection sociale dans l’ensemble de ses dimensions (assurance maladie, retraite, famille, handicap,dépendance, solidarité, lutte contre la pauvreté et l’exclusion) ainsi que sur les inégalités sociales, en interrogeant 3 000 à 4 000 personnes de France métropolitaine, soit environ 400 jeunes de 18 à 24 ans et 300 de 25 à 29 ans. Il donne lieu à une enquête en face à face auprès d'un échantillon représentatif de la population française métropolitaine âgée de 18 ans ou plus. Cet échantillon est construit selon la méthode des quotas, par sexe, âge, profession du chef de famille, après stratification par région et catégorie d'agglomération.
 

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