Le gouvernement a récemment présenté le Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2016, qui sera débattu au Parlement à compté du 21 octobre. Le déficit de l’Assurance-maladie, une des branches de la Sécurité Sociale, est évidemment ciblé. Il diminue pourtant depuis 3 ans.

 

Plus important encore à noter pour nous, l’Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM) pour les soins de ville est sous exécuté depuis 2 ans (on ne l’a pas dépensé en totalité) et il le sera encore cette année.
Comme dans les pires entreprises privées, nous avons tenu les objectifs et … on nous les durcit encore dans ce PLFSS 2016, en réduisant notre ONDAM ville à 1,75 % au lieu de 2,2 % cette année.
On trouve des dizaines de milliards pour alléger les charges des entreprises, mais pour ce qui est du “virage ambulatoire”, la grande idée-farce* de la loi de santé : il n'y a rien !
Parmi les mesures de financement de ce virage ambulatoire au rabais, on note surtout :

  • la développement de la chirurgie ambulatoire : zéro moyen pour les soins de ville absorbent la surcharge de travail induite.
  • la réduction des inadéquations hospitalières (traduisez fermetures d’hôpitaux de proximité qui sont en fait le prolongement des soins primaires dans les territoires ruraux).
  • 400 millions d’économies sur le médicament,
  • 350 millions d’économies sur la maitrise médicalisée hors médicament,
  • Et 125 millions d’économies par “baisse de tarifs des professions de santé”, on se demande sur qui ça va tomber ?

Au total : pas un sou pour la médecine de ville, alors qu’on parle de “virage ambulatoire. Cherchez l'erreur ! C’est la sortie de route, de l'hôpital sur la ville où on ne fera qu'externaliser les dépenses. Madame la ministre, votre virage est loupé !
C’est de l’escroquerie intellectuelle.
À l’heure où nous fêtons les 70 ans de la Sécurité Sociale, ce gouvernement n’a rien à proposer et ce PLFSS 2016 le montre bien hélas.
Aucune avancée, aucune idée nouvelle ! Ah, si, une : l’instauration d’un « régime maladie universel ». Le patient qui déménage d’un département à l’autre ou un étudiant qui devient salarié ne devrait plus avoir à refaire son dossier. Et peut-être même, si tout va bien, que son médecin traitant n’aurait plus besoin de refaire sa déclaration MT...
Une bonne idée, que nous lui avons suggérée, serait la mise en place d’une exonération du ticket modérateur pour les actes du médecin traitant. Et ainsi la prise en charge facilitée des soins de premier recours.

Voila une réforme qui aurait du souffle pour fêter dignement cet anniversaire de la “sécu”. Mais du souffle, la ministre en a-t-elle encore ?

Jean-Christophe Nogrette

* idée farce : ce n’est pas une faute de frappe !