N° 72 - 17 novembre 2016
Romillé, un village breton d'irréductibles médecins
À Romillé, village breton de 3 600 habitants, la situation est tendue entre les médecins généralistes du secteur et leur CPAM. Depuis le mois de février 2016, ces médecins généralistes, suivant en cela le mot d’ordre de dépassement tarifaire lancé par MG France dès mars 2015, appliquent scrupuleusement le CS+DE=25 €
Depuis quelque temps, ils sont harcelés par leur CPAM.
En octobre, ils ont organisé une réunion d’information avec le soutien de la population et des élus locaux, inquiets des conséquences d’un éventuel renoncement des praticiens sur la démographie médicale locale.
En réaction à l’intransigeance de la caisse, ils ont récidivé ce mercredi 16 novembre.
Présents sur place Bruno Deloffre, membre du bureau de MG France, responsable du Département Défense Juridique et Alain Berthier, délégué régional MG France, nous expliquent l’origine du mouvement de contestation tarifaire, les actions en cours et la position de MG France.
Alain Berthier, Bruno Deloffre, pourquoi ce mot d’ordre de dépassement tarifaire de la part de MG France ?
Le 26 mars 2015, MG France lançait l’opération de contestation tarifaire avec le C à 25 €.Rejoint ensuite par d’autres syndicats, ce mouvement est maintenant installé dans le paysage et les caisses s’en inquiètent.
Ce mouvement a lieu en réaction à un avenant signé en janvier 2007, qui créait une majoration de 2 euros dont était exclue la seule médecine générale.
Cet avenant avait été signé par la CSMF et le SML qui ne l’ont d’ailleurs jamais renié !
J’apprécie particulièrement aujourd’hui leur participation à ce mouvement spontané de protestation, mais j’attends toujours de leur part qu’ils retirent leur signature de cet avenant discriminatoire pour la seule médecine générale !
Toute repentance mérite d’être saluée ... Quand elle est exprimée. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
J’ajoute aussi que MG France, la FMF et le BLOC ont attaqué cet avenant, ont gagné en Conseil d’État, mais cette décision de justice n’a JAMAIS été appliquée par le directeur de la CNAM de l’époque, soutenu en cela par la CSMF et le SML.
Ce mouvement de dépassement est-il très suivi ?
De nombreux médecins appliquent ce mot d’ordre, leur nombre varie selon les régions. Nous sommes régulièrement contactés à ce sujet par nos adhérents .Le Président de MG France, Claude Leicher lui-même, a déjà reçu deux lettres recommandées de la part de sa caisse. Nous attendons la suite.
Ce mouvement tarifaire est une réponse à une situation discriminatoire inacceptable, qui persiste malgré une décision de justice. Et qui a couté en moyenne 10 000 euros par an à tous les généralistes !
C’est pour cela que, malgré le résultat des discussions conventionnelles qui ont consacré le principe de l’équité , nous maintenons notre mot d’ordre jusqu’au premier mai 2017, date où les généralistes vont enfin voir supprimée cette discrimination tarifaire. Nous ne lâcherons pas avant !
En pratique que va faire MG France pour les médecins poursuivis ?
MG France mobilise ses équipes locales et régionales sur le terrain pour répondre à ces agressions de la part des caisses.
Nous assurons régulièrement, localement en CPL et CPR, avec nos équipes, la défense des médecins qui nous le demandent. Le DDJ (Département Défense Juridique) répond aux médecins qui le sollicitent et fournit une aide juridique qui, grâce à l’expertise dont nous disposons, a remporté de nombreuses victoires au niveau local, mais aussi national.
De plus, force est de constater que les Caisses sont moins promptes à assumer leurs obligations conventionnelles qu’à exiger des médecins qu’ils assument les leurs.
S’agissant du tiers payant, nous constatons que les rejets de télétransmission au motif que la carte vitale n’est pas à jour existent toujours, alors que les caisses sont conventionnellement engagées depuis 2011 sur une garantie de paiement !
S’agissant de la notion du médecin traitant dans les cabinets de groupe, il aura fallu attendre 2016 pour que les pénalités disparaissent alors que la loi le prévoit depuis 2007 !
Tous ces sujets sont importants pour la pratique quotidienne, et si les choses s’améliorent c’est grâce aux actions répétées de MG France à tous les niveaux.
Nous continuerons à défendre les médecins contre des actions que nous jugeons injustes, par solidarité professionnelle, mais aussi parce que c’est notre devoir de syndicalistes.
C’est pour porter ce message que nous sommes ici, auprès de ces médecins de Romillé, qui ont eu le courage de se lever et de protester, à leur façon, contre une injustice que nous dénonçons depuis bientôt dix ans.
Prothèses mammaires : l'imprimé scélérat
Jean-christophe Nogrette
Léa vient de fêter ses 17 ans.
Le bel âge, celui de toutes les espérances.
Mais Léa souffre, oui elle souffre, d’une aplasie mammaire gauche.
C’est très rare.
Mais elle, ça lui pourrit la vie.
Elle est belle comme le jour mais elle n’a pas de petit copain comme ses amies.
Depuis sa puberté, elle a cousu de petits sacs de tissu remplis de mousse pour mettre un sein gauche dans son soutien-gorge. Elle refuse d’aller dormir chez ses copines, elle demande des dispenses de sport, de piscine …
Elle a longtemps refusé de voir un spécialiste. La chirurgie, on en parle depuis longtemps mais, jusque là, elle avait peur.
Son sein droit est “bonnet C”. Le spécialiste lui a dit sans ménagement qu’il faudrait le réduire pour obtenir une symétrie, s’il lui met une prothèse interne à gauche. Alors on a parlé d’une prothèse externe en silicone. C’est dur, à cet âge, les prothèses …
Et voilà que le ministère décide et publie au Journal Officiel une réglementation qui va obliger Léa à étaler le malheur de ce qu’elle considère comme une infirmité sur un imprimé à la pharmacie. Tous les détails y seront : la qualité de sa cicatrice, les adhérences, la date de l’opération et les bouffées de chaleur, la transpiration et autres délicatesses.
Alors, elle est outrée, Léa. Outrée comme le seront des milliers de femmes déjà gravement blessées dans leur féminité par le cancer du sein, qui devront désormais subir l’indignité de cet imprimé scélérat.
Cet arrêté a été publié au JORF le 4 avril 2016. L’administration est décidément capable de toutes les ignominies …
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2016/4/4/AFSS1609152A/jo
Sécu intelligente ... et parfois stupide
Roger Bolliet
SÉCU INTELLIGENTE
On ne peut que se féliciter de la récente simplification des demandes d'ALD en ligne sur Espace Pro.
Une vraie démarche de confiance entre partenaires, les médecins certifient les critères remplis, le Service Médical les croit a priori. On peut simplement regretter que cela ne se soit pas fait plus tôt ...
"Quand on veut, on peut" me disaient mes parents quand j'étais gamin !
SÉCU STUPIDE
Le Service Médical du RSI, bien connu pour canarder facilement les médecins, m'adresse récemment une lettre de mise en garde. En recommandé bien sûr, et avec menace de pénalités si je deviens récidiviste.
Qu'ai-je fait de grave ? J'ai prescrit deux fois à 28 mois d'intervalle un lecteur de glycémie à un patient sous insuline. Au lieu des quatre ans réglementaires.
Qu'importe si ce patient n'a que 40 ans, et qu'il a enfin pu franchir le déni de sa maladie ...
Et que, comme pour les imprimantes, ce ne sont pas les lecteurs qui coutent cher mais les bandelettes qu’on met dedans.
Alors soit vous mettez une alarme supplémentaire dans votre logiciel, soit vous haussez les épaules, vous mettez la lettre au panier et continuez à faire ce que vous savez le mieux faire : soigner.
Droits de l'enfant
Sandrine Delamare
La loi le prévoit enfin, chaque enfant va désormais avoir aussi son médecin traitant. Il s’agit d’une légitime reconnaissance des faits : en France, 79 % des enfants de moins de 16 ans sont exclusivement suivis par leur médecin généraliste, et 16 % suivis conjointement par le pédiatre et le médecin généraliste.
Le libre choix du médecin traitant par les enfants est également un nouveau pas dans l’autonomie et la responsabilité des patients mineurs qui fait écho à la journée internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 2016.
Notre statut de médecin de famille nous place en référent privilégié des différents moments de vie de l’enfance à l’adolescence. Les suivis des nourrissons, les pathologies infectieuses de la petite enfance, les vaccins, les certificats de sport… laissent en grandissant la place à des consultations où nous accompagnons avec prudence les jeunes en devenir.
Nous les voyons grandir, s’autonomiser, s’interroger… Nous cherchons la bonne distance auprès d’eux afin de les aider dans ce chemin de la vie souvent complexe et questionnant. Les adolescents qui consultent viennent chercher auprès de nous des réponses pour des problématiques évoquées ou non avec leurs proches : addiction, sexualité et contraception, troubles du comportement alimentaire, souffrance morale…
Ce sont des consultations délicates car au delà de l’écoute et du soin, elles nous interrogent sur notre rôle auprès des mineurs et de leurs parents. En effet la loi Kouchner du 4 mars 2002 a modifié plusieurs articles de loi sur le statut des mineurs en leur accordant une plus grande autonomie et responsabilité notamment dans le domaine de la santé. Nous sommes donc confrontés à une réflexion éthique vis à vis de nos jeunes patients reconnus désormais comme des personnes affranchies de l’autorité absolue de leurs parents, en particulier dans le domaine de la santé (appréciation de l’aptitude des mineurs à donner leur consentement, appréciation des raisons pouvant les conduire à opposer le secret, protection de l’intérêt des enfants, préservation des liens familiaux, etc.).
Cette journée des droits de l’enfant nous rappelle le libre arbitre des mineurs notamment dans le domaine de la santé et de notre place auprès d’eux à tous les moments de la vie. MG France l’a bien compris et a beaucoup œuvré pour que les enfants aient enfin un médecin traitant identifié.
Quiz Cotation
Jean-Christophe Calmes
Médecin généraliste à Sète, vous voyez lors de ses vacances d’été un patient dont le médecin traitant est à Paris. Vous envoyez un petit mot à ce MT pour l'informer que son patient a fait une allergie aux crustacés.
Que cotez-vous ?
270 000 centenaires en 2070
Selon l'INSEE, si les tendances démographiques actuelles se confirment, le nombre de centenaires pourrait atteindre 270 000 en 2070.
Ils sont 21 000 aujourd'hui, et étaient seulement 1 000 en 1970.
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