N° 73 - 1 décembre 2016
Médicaments, le grand n'importe quoi ...
Ça y est ! Les antihistaminiques atropiniques sont arrivés en libre service devant nos nez bouchés dans les pharmacies ...
Avec leurs effets secondaires. Gare aux rétentions aiguës …
Les vasoconstricteurs qui provoquent des accidents vasculaires sont aussi commercialisés sans prescription. En cas d’hémiplégie, on pourra toujours se moucher d'une main …
Les anti-Alzheimer sont inefficaces et dangereux selon la HAS ? La ministre maintient leur remboursement de peur que France Alzheimer ne gronde. Courage, fuyons.
Vous pouvez initier un traitement par 10 mg de bisoprolol, mais si vous ne souhaitez mettre que 5mg de bisoprolol, vous devez attendre le feu vert du cardiologue ...
On nous dit : les benzodiazépines, c’est toujours en traitement bref. Mais il n'existe pas de boite de moins de 30 cp ... Sans parler du Lysanxia 10 en boite de 40 cp, nombre tordu au possible !
Vous en connaissez d'aussi bonnes, sans même évoquer la galère des vaccins introuvables, sauf s'ils sont très couteux.
Qui est responsable de ces décisions incohérentes ?
Et qui viendra vous défendre si vous êtes mis en cause en cas d’accident lié à cette politique du médicament ?
Roger Bolliet
Zéro pour cent, c'est l'augmentation du revenu moyen des généralistes en 2015
Jean-Christophe Nogrette
Nous sommes tous “au taquet”.
Il faut donc que nos gouvernants ouvrent les yeux :
Les avantages obtenus pour la médecine générale dans la nouvelle convention étaient indispensables. Ils ne sont qu’un début ! Bien insuffisant encore. Pourquoi ?
Pour adapter la médecine générale à cette situation nouvelle de sous-effectif généralisé, il va falloir des moyens, beaucoup de moyens.
Les pouvoirs publics, depuis les années “80”, ont eu un seul credo : “moins de prescripteurs = moins de prescriptions”.
C’était idiot et c’est comme prévu un échec.
Ils n’ont pas le droit, dans la situation actuelle, de persister dans cette erreur aussi grossière du "rationnement pour la médecine générale".
La médecine générale, dans sa diversité, doit avoir les moyens de moderniser ses installations, ses systèmes d’information, d’embaucher du personnel de secrétariat et des assistants de consultation, de se former en permanence.
C’est un investissement très important mais ce sera plus efficace et moins cher que de “monter” des systèmes administratifs tentaculaires pour “projeter l’hôpital jusqu’aux patients” ou de créer des “plateformes d’appui” diverses et variées qui produiront peu, si elles ne sont que le simple recyclage des réseaux de triste mémoire …
Zéro pour cent, pendant les dix ans qui viennent, c’est le chiffre interdit !
La médecine générale doit bénéficier d’un investissement du même ordre que celui lancé par la Loi Debré en 1958 (création des CHU).
Déserts médicaux et syndicalisme
Jean-Christophe Nogrette
La désertification, pour les médecins généralistes qui restent en activité, c’est du travail en plus et du temps en moins.
Moins de temps pour les malades, moins de temps pour la famille et les amis.
Moins de temps aussi pour l’action collective. Et les conséquences vont se faire sentir.
Plus de travail et moins de praticiens pour le faire.
On pourrait y arriver en rationalisant notre activité, en déléguant certaines tâches …
Pour que cela se fasse sans perte de qualité, il nous faudrait moderniser nos cabinets, matériels et systèmes d’information notamment.
Il faudrait embaucher du personnel. Un(e) secrétaire pour recevoir les appels, faire le travail administratif, et un(e) infirmièr(e) pour nous assister dans les soins. Du personnel pour le ménage aussi.
Pour que cela se fasse sans perte de qualité, il faudrait une solide formation continue, qui ne se déroule pas aux dépens de la vie personnelle et soit indemnisée correctement.
Que se passe-t-il en réalité ?
La loi “Accessibilité” est en train d’épuiser la trésorerie des cabinets médicaux en s’ajoutant aux taxes et impôts déjà lourds.
Les revenus stagnent a confirmé la CARMF la semaine dernière.
Le temps disponible se fait rare et ce n’est pas la tête dans le guidon qu’on peut restructurer son activité. Quant à se former, avec le “DPC” qui a dépecé notre FMC …
Tout a donc été fait pour que les médecins généralistes en exercice soient moins nombreux.
Et maintenant tout est fait pour que nous ayons juste la tête hors de l’eau mais surtout pas la possibilité de nous adapter !
Une situation aussi ubuesque devrait déclencher un vaste mouvement de la profession.
Soit nous structurons et animons ce mouvement social en le plaçant dans des perspectives plus générales de politiques publiques : c’est le rôle des syndicats mais reste-t-il beaucoup de courageux qui peuvent consacrer du temps pour s’investir dans le syndicalisme ?
Soit nous revendiquons en désordre, de manière affective, “Ras-le-bol ! On mérite mieux, plus !”
Et les pouvoirs publics ne voient que revendication catégorielle et rien ne change …
Réveillons-nous, médecins généralistes !
Prendre en main notre destin, plus que jamais, c’est s’engager, sans quoi l’histoire est écrite d’avance.
Violences conjugales, un problème de santé publique. Quel rôle pour les généralistes ?
Isabelle Leclair et Roger Bolliet
La violence conjugale ne doit pas seulement être abordée sous un aspect social ou psychologique mais doit être aussi considérée comme un problème de santé publique. L’OMS a évalué que les femmes victimes de violences conjugales perdent entre 1 et 4 années de vie en bonne santé et que leur prise en charge ambulatoire coûte 2,5 fois plus cher que la prise en charge d’autres femmes.
La violence conjugale n’est pas un "accident". C’est le moyen utilisé par un des partenaires pour contrôler et dominer l’autre. Par des violences physiques, sexuelles, verbales, psychologiques et économiques … Dans 98 % des cas la violence est perpétrée par le conjoint de sexe masculin, l'inverse étant donc exceptionnel.
Dans les pays industrialisés, une femme sur sept est victime de violences conjugales au moins une fois dans sa vie d’adulte ! En France, une femme décède de violence tous les 3 jours. Et pourtant, la violence conjugale reste sous-estimée. Elle est aussi sous-diagnostiquée.
Le médecin généraliste y est confronté directement lors de la demande de rédaction d'un certificat médical de coups et blessures.
Mais il faut aussi y penser systématiquement devant toute anxiété ou dépression, demande de prescription d'un anxiolytique, d'un hypnotique. Ainsi que face à des somatisations. Et bien sûr lors de la prise en charge de traumatismes dont l'origine n'est pas vérifiée. La demande d'IVG, le suivi d'une grossesse peu investie, la demande de soins pour un époux alcoolique ou dépendant d'un produit sont d'autres situations à risque.
Chercher la violence, parfois avec insistance, est important car très souvent elle est tue par la victime, qui ressent honte voire culpabilité. C'est une des raisons du sous diagnostic.
Encore une mission pour laquelle notre rôle de médecin de soins primaires est fondamental, mais comment l'améliorer ?
- D'abord en développant plus largement à la Faculté et dans la FMC l'enseignement sur ce fléau.
- En restant tout le temps empathique et non jugeant face à la victime, y compris quand elle cumule les certificats sans déposer plainte.
- En disposant d'outils: un ou deux numéros d'appel nationaux gratuits, les coordonnées de l'Assistante Sociale de secteur du Département et d'une Association d'aide, c'est un minimum pour chacun.
- En essayant de travailler avec d'autres professionnels, ce qui aide à dépasser le sentiment d'impuissance que nous pouvons ressentir, même si ce n'est pas facile quand on est débordé ou peu écouté.
Et savez-vous que, lorsque votre patiente n'arrive pas à faire le pas du dépôt de plainte, vous avez le droit, si elle vous donne son accord, de signaler vous même par courrier, la violence et son auteur présumé directement au Procureur, qui transmet rapidement à la Police ou Gendarmerie ?
A communiquer aux patientes
Site Internet d’information pour les professionnels de santé, modèle de certificat médical : www.sivic.org
Site Internet d’information pour les victimes et listes des centres d’hébergement et d’accueil : www.sosfemmes.com
Violences conjugales, Femmes Info Service : 01 40 33 80 60 (anonyme et gratuit )
Le certificat de décès, un acte généraliste
Sandrine Delamare
Je lis avec intérêt que les certificats de décès vont enfin être rémunérés mais, ma joie est brève lorsque je comprends que seuls les certificats effectués en dehors des heures ouvrées seront concernés …
Encore une fois, je comprends que cette part de notre travail de médecin généraliste ne sera pas rémunérée et donc ne sera pas reconnue comme tant d’autres actes auprès de nos patients.
Il est vrai que l’établissement d’un certificat de décès n’est pas fréquent. Mais lorsque nous y sommes confrontés, nous nous préparons à un acte à plusieurs facettes.
Nous pensons d’abord à notre patient et au chemin parcouru ensemble, à sa maladie et aux circonstances de sa mort. Peut-être avions-nous accompagné notre patient depuis plusieurs semaines ou mois ? Peut-être la mort est-elle arrivée plus vite qu’envisagée ? Peut-être nous interrogeons-nous sur sa cause et ses conséquences pour les proches ?
Tant de pensées nous envahissent tandis que nous essayons d’organiser au mieux cet acte inattendu et long au milieu de notre journée de travail.
Nous prenons le temps, pas tant pour établir le certificat que pour entendre les proches présents.
Ce sont des moments importants où la famille raconte et débute avec nous sa démarche de deuil.
Nous sommes là pour eux et pas uniquement pour établir le papier légal nécessaire à l’organisation des obsèques. Il est donc inacceptable que les certificats soient rémunérés pour des médecins de garde indemnes de l’histoire du patient et qu’ils ne le soient pas pour ceux qui la portent en eux.
Etablir un certificat de décès est un acte complexe pour les médecins généralistes qui étaient là avant le décès et qui le seront après aussi.
MG France demande que le certificat de décès soit rémunéré pour tous les médecins quel que soit l’horaire où il est effectué.
Quiz Cotation
Jean-Christophe Calmes
Médecin généraliste à Sète, vous voyez lors de ses vacances d’été un patient dont le médecin traitant est à Paris. Vous envoyez un petit mot à ce MT pour l'informer que son patient a fait une allergie aux crustacés.
Que cotez-vous ?
0 % C'est l'augmentation du revenu moyen des médecins généralistes en 2015.
Outils d'aide à la décision d'adaptation
des posologies d'AVK pour un objectif d'INR entre 2 et 3