Lors de la conférence de presse qui s'est tenue mercredi 21 janvier à Paris, le président de MG France a en appelé au Premier ministre et au Président de la République. Le syndicat invite les généralistes à fermer leur cabinet le 5 février prochain. Il soutiendra les généralistes qui pratiquent le Cs à 25 euros ou le V à 56 euros.
Ce 21 janvier marque une date anniversaire : celle de la publication au Journal Officiel, il y a 7 ans jour pour jour, d'un avenant signé le 29 novembre 2006, qui permet à tous les spécialistes, à l'exclusion des seuls médecins généralistes, d'appliquer une majoration MPC portant la valeur de la consultation à 25 euros. "Cet avenant de la honte contient un seul article qui dit que la majoration pour acte clinique de 2 euros qui était prévue pour toutes les spécialités – 44 sont citées dans un texte signé par l'assurance-maladie et les syndicats de spécialistes - ne l’est pas pour celle de la médecine générale", a précisé Claude Leicher en introduction à la conférence de presse. Le blocage du tarif de la consultation des généralistes depuis quatre ans, ajouté à cette discrimination tarifaire entre spécialités, a conduit le comité directeur de MG France, qui s'est réuni le 15 janvier àpoursuivre le mouvement de revendication engagé par le syndicat des généralistes le 23 décembre dernier. « Nous n’avons toujours pas obtenu satisfaction sur nos demandes, dont la principale concerne les moyens d’exercice des médecins généralistes, a poursuivi le président de MG France qui a également annoncé une nouvelle fermeture des cabinets médicaux le 5 février prochain, avant de nouvelles fermetures prévues pour le 19 mars, avant-veille des élections départementales. En parallèle, le syndicat encourage les généralistes à poursuivre la guérilla administrative, c'est à dire la grève administrative sur les feuilles de soins électroniques et les télé-services - services en ligne - de l’assurance-maladie, ainsi que la grève des gardes. De plus, une pétition sera prochainement soumise à tous les patients des cabinets des médecins généralistes, expliquant les raisons de leur mécontentement et les invitant à soutenir leur médecin traitant.
De gré ou de force
"Marisol Touraine nous annonce, dans une lettre qu'elle nous a adressé, une 5ème année de blocage tarifaire, ajoute Claude Leicher. Ce n’est pas acceptable pour nous ! On ne peut accepter qu’un gouvernement installé depuis 2012 nous impose 3 ans de blocage tarifaire : cela concerne la MPC (23 + 2 ) et la visite longue qui est la visite "normale" du médecin aujourd’hui." Sans compter que la majoration de déplacement (MD) pour la visite est bloquée depuis 2002. Pour le syndicat des généralistes, le mouvement actuel a démarré sur le problème de la médecine générale et il doit se terminer sur le règlement de ce problème. " Il faut désormais que les arbitrages soient pris au plus haut niveau", commente encore Claude Leicher. Une raison pour laquelle le syndicat des généraliste a écrit au Premier ministre et a demandé audience au Président de la République. "Aujourd’hui l’accès aux soins n’est plus défendu. Nous en appelons aux plus hautes instances de l'Etat pour qu’elles nous disent si la médecine générale doit disparaitre dans ce pays, si le secteur 1 n’a plus d’avenir et si les généralistes ont intérêt à en sortir ? Ce n’est pas la demande de MG France mais c’est un constat."
Si le syndicat des généralistes se félicite de l’ouverture proposée par Mme Touraine pour discuter du contenu de la future loi de santé en installant 6 groupe de travail, il déplore cependant que la ministre de la Santé dise aux médecins généralistes que des arbitrages budgétaires l’empêchent de répondre à leurs demandes relatives aux tarifs. "Sur 245 milliards d’euros consacrés aux dépenses de santé totales en France, on doit pouvoir consacrer 500 millions d’euros à un investissement sur les soins de proximité chaque année pendant les 10 ans qui viennent. C’est nécessaire, cela se fera de gré ou de force !", ajoute le président de MG France. 52 080 MG attendent désormais que leur rémunération soit augmentée. Pas question de voir s'ouvrir une «nouvelle année blanche» du point de vue des rémunérations. «La profession ne se laissera pas faire», a encore indiqué Claude Leicher, qui a donné la parole à trois médecins qui ont récemment augmenté leurs tarifs à titre personnel et que son syndicat soutiendra en cas de conflit à venir avec l'assurance-maladie.
Ils contestent les tarifs bloqués
Agnès Morretti (à g. sur la photo) généraliste à Chinon, en Touraine, a coté 56 euros ses visites longues chez des patients dans l'impossibilité de se déplacer. "Les gens que nous voyons en visite sont forcément grabataires et ne peuvent plus se déplacer, explique la généraliste. Nos secteurs sont de plus en plus larges et nous voyons des gens en soins palliatifs, jusqu’au bout, à domicile. Cela nécessite de l’écoute, du temps de la coordination et tout ce travail n’est pas rémunéré à sa juste valeur." Les six généralistes de son groupe médical ont ainsi décidé de facturer des visites longues à 56 euros pour les patients qui leur prennent beaucoup de temps. "Il sera facile d’étendre ce mouvement chez nous où 100 % des médecins ont suivi le récent mouvement de grève."
Pascal Dureau (à d.sur la photo), généraliste à Venissieux, près de Lyon, où il exerce dans un cabinet de 4 généralistes, a de son côté décidé d'appliquer depuis le 23 décembre, la cotation CS + MPC, pour un patient par jour, en tiers payant. "Aujourd’hui, je trouve insupportable que l’avenant 19 nous ait mis à l’écart des autres spécialités, explique le médecin. Je suis spécialiste en médecine générale, je suis maitre de stage. Je porte individuellement cette revendication et je la porterai devant le tribunal. Il y en a assez de se faire dévaloriser."
Alain Carillon (au centre sur la photo), généraliste dans l’Ardèche, s'est lancé dans la même opération depuis début janvier. Il a coté 8 fois CS à 25 euros. " Je suis spécialiste depuis juin 2007, explique ce dernier. La consultation à 25 euros me semble une revendication normale. Il faut arrêter la discrimination. Nous sommes victimes de l’apartheid. Ce qui repose sur nos épaules est de plus en plus important. On n’arrive plus à tout faire rentrer dans les cases."
"Passer à 25 euros n’est pas une mesure de revalorisation tarifaire, conclut dans ce registre Claude Leicher. La 1ère mesure que nous demandons est une mesure d’équité. C’est juste une demande : il faut que l’on cesse de nous discriminer. Il n’est pas exclu que ce mouvement prenne de l’ampleur et que le secteur 1 soit balayé. MG France soutiendra les médecins qui se sont lancés dans cette contestation tarifaire. Nous avons en son temps attaqué cet avenant devant le Conseil d’Etat, qui l’a annulé. Pour autant le directeur de l’assurance-maladie a maintenu cette discrimination. C’est une mesure inique, honteuse."
JJC