Vous êtes très nombreux à recevoir des patients qui vont mal depuis le nouveau levothyrox, qui ont des symptômes multiples entraînant, dans certainscas, l’arrêt de leur traitement
Qu’en est-il vraiment ?
L’ANSM a demandé au laboratoire Merck de modifier la formule de ce fameux levothyrox pour 2 raisons :
1. Disposer d’un comprime plus stable
2. Ôter le lactose qui pouvait être source de troubles digestifs. Il a été remplacé par du mannitol ou E421. Au quotidien il peut nous arriver de consommer du mannitol en mâchant des chewing-gums par exemple.
Ainsi, le principe actif est resté le même, ce sont les excipients qui ont été modifiés. Le nouveau levothyrox se retrouve finalement comme un générique de l’ancien.
Mais que s’est-t- il donc passé pour que d’une situation apparemment simple on en arrive à une crise sanitaire ?
Ce n’est pas moi qui vais vous apprendre que l’équilibre thyroïdien n’est pas toujours facile à obtenir en « temps normal » et que lorsque l’on modifie la posologie on ne contrôle pas au bout de 48h mais au bout de plusieurs semaines.
Avec une substitution ON/OFF de tous les patients prenant cette molécule tous les jours depuis de nombreuses années, plusieurs sortes de situations sont inévitablement survenues.
1. Plus de 20% de différences d’absorption en ce qui concerne la bioéquivalence de ce nouveau comprimé pour 1/3 des patients
2. Des effets indésirables connus (comme pour tout placebo) ont été ressentis de bonne foi
3. La méfiance du monde médical et l’arrêt du traitement
4. L’amplification du phénomène
5. La colère des usagers
Il n’y a rien de délétère ni de dangereux dans ce comprimé mais trouver un nouvel équilibre va prendre au patient et son médecin plusieurs semaines.
Nous pouvons tous regretter la transition qui n’a pas eu lieu et qui aurait permis une adaptation en douceur à cette nouvelle formule ainsi qu’une très mauvaise communication montée en boucle négative complètement disproportionnée.
Rappelons enfin que l’objectif de cette modification à la demande de l’ANSM était pour le bien du patient : une meilleure stabilité et une meilleure tolérance.
Isabelle Leclair