La future négociation conventionnelle et la bataille pour l'équité tarifaire, les récentes élections aux Unions régionales de professionnels de santé et le projet d'une action intersyndicale commune étaient les thèmes principaux de la dernière conférence de presse de MG France du 27 janvier.

2016 sera-t-elle une nouvelle année blanche pour les médecins généralistes ? C'est ce que prognostique Claude Leicher en ouverture de la conférence de presse de MG France ce jeudi 27 janvier. Aussi invite-t-il les médecins généralistes, à la veille de l'ouverture des négociations avec l'Assurance-maladie, à prendre leur destin en main : "Aujourd’hui, nous attirons l’attention sur le fait qu’il n’est pas tolérable qu’un blocage tarifaire arrive à sa sixième année. les médecins généralistes doivent décider qu’ils ont droit à la consultation à 25 euros au bout de ce blocage tarifaire de 5 ans". Lancé par le syndicat le 2 octobre 2014, le mouvement en faveur d'une équité tarifaire entre toutes les spécialités doit s'amplifier afin que la cotation de la consultation à 25 euros soit remboursée. "Le dépassement tarifaire n’était pas notre tasse de thé chez MG France, ajoute son président. Aujourd'hui des médecins nous appellent pour nous demander comment faire techniquement et ce qu’ils risquent. Nous répondons que les médecins ne risquent rien. C’est mon cinquième combat tarifaire et je suis toujours médecin généraliste conventionné." "Comment les mutuelles pourraient nous chercher des noises pour 2 euros quand des médecins pratiquent des dépassements de 400 ou 500 %  - ce qui fait 115 euros ?, poursuit Claude Leicher. Je suis scandalisé que des associations de consommateurs [le CISS en particulier] viennent nous donner des leçons sur notre démarche, alors qu’on les entend peu sur les dépassements beaucoup plus importants." "Nous sommes rejoints sur ce mot d’ordre par l’UNOF. Je salue cette décision mais je m’étonne de la position de la FMF, qui hésite sur le montant, estimant que 25 euros ce n’est pas assez. D’autres syndicats polycatégoriels hésitent, comme le SML. Je ne comprends pas ces atermoiements !" Ce d'autant qu'une récente enquête menée par les principaux syndicats de généralistes, qui a recueilli 5000 réponses, est claire sur la question de la transgression tarifaire : " Le premier mot d’ordre soutenu par les médecins généralistes est le passage à 25 euros, souligne le président de MG France. Nous allons encourager les médecins à s’y mettre."

Pénalisation des généralistes

Sur le chapitre des résultats des élections aux URPS, Claude Leicher a rappelé que MG France a, sur le collège des généralistes, atteint une première place, avec 31,5% des voix et que la quasi totalité des recours initiés contre ces élections ont été rejetés. "Le résultat définitif sera donc proche de ce chiffre, ajoute-il. Mais ce résultat ne se retrouve nulle part dans le bilan que l'on peut aujourd'hui dresser des bureaux constitués au sein des Unions. "C'est la portion congrue pour les généralistes", constate Claude Leicher. "Pour la constitution des bureaux des URPS, les arrangements entre les syndicats polycatégoriels ont prévalu sur la logique de l’élection par collège. Ce mode de fonctionnement n’est pas adapté au principe initial. C’est la raison pour laquelle les médecins sur le terrain ne s’y retrouvent jamais. Ils ne comprennent pas ce qui s’est passé, entre l’élection à laquelle ils ont participé et les résultats d’une élection à laquelle ils ne comprennent pas grand’chose." Pour le président de MG France, la constitution des Unions régionales fait ressortir une nette pénalisation des généralistes : seulement trois médecins généralistes sont élus présidents aux URPS, alors que les généralistes représentent environ la moitié des électeurs. "Le médecin de base se demande à quoi servent les URPS." Aussi, invite-t-il les responsables politiques à s’interroger sur l’utilité de ce type d’élections. "Nous connaissons cette situation depuis toujours. Nous avons poussé à l’élection d’un président du syndicat LE BLOC en Bourgogne-Franche-Comté, estimant qu’un syndicat qui représente dans son collège les deux tiers de ses électeurs doit avoir une présidence d’Union. Nous aurions pu réclamer la présidence de l’Union régionale Rhône Alpes où nous faisons plus de 53% des voix. Mais les syndicats poly catégoriels ne le voulaient pas. Il faudrait donner aux URPS une organisation qui corresponde aux modalités de l’élection, si on veut qu’elles servent à quelque chose", a conclu  Claude Leicher sur ce registre.

Priorité à la médecine générale

Ce dernier a enfin évoqué la rencontre avec les syndicats de médecins libéraux en vue de la préparation d'une plateforme commune.  Estimant que la spécialité médecine générale est en danger en termes de moyens, de revenus et de démographie, le président de MG France a indiqué le préalable posé par son syndicat à cette plateforme : donner la priorité à la médecine générale dans le cadre des négociations conventionnelle à venir. "La spécialité médecine générale a des droits acquis auxquels il ne faudra pas toucher, qu’il ne faudra même pas aborder", indique Claude Leicher. Sur l’ASV, il a rappelé que les déficits annoncés pour ce régime imposent  de faire des ajustements.

Au nombre des objectifs retenus par MG France pour les négociations à venir figurent :
une rémunération de toutes les tâches et fonctions du médecin généraliste. "Il ne faut pas des rémunérations à la place de l’acte, note Claude Leicher. il faut des rémunérations en plus de l’acte, comme les tâches de coordination, qui sont actuellement payées aux médecins correspondants."
un forfait structure pour payer la structure de travail : l’équipement (particulièrement en informatique), les locaux (l’accessibilité est un problème majeur, avec un risque de désertification des centres villes), le lieu d’installation, l’embauche de personnel (notamment de secrétariat). "Nous sommes actuellement à 0,3  équivalent temps plein en secrétariat. Il faut au minimum doubler le secrétariat sur place."
une charte relationnelle du médecin avec les structures : "un arbitraire statistique s’est développé dans la recherche de la fraude. Ce n’est pas acceptable. "