"La médecine générale réclame un plan d'investissements pluriannuels de 2,4 milliards d'euros pour accompagner les investissements accordés cette semaine à l'hôpital par la ministre de la Santé", a déclaré Claude Leicher lors de la conférence de presse de MG France le 25 mai.
Vous savez ce que disent les pompiers : un incendie, au début, ça s’éteint avec un dé à coudre. Si l’on tarde, il faut quelques seaux d’eaux. Et si l’on tarde encore, c’est plusieurs casernes qu’il va falloir mobiliser. Nos amis canadiens viennent d’en faire l’expérience !
Pour la médecine générale, c’est pareil. A force de retarder les mesures adaptées aux soins primaires, il faut aujourd’hui investir 2,4 milliards sur notre métier pour répondre aux besoins et pouvoir continuer à soigner correctement la population. Beaucoup plus que si les mesures avaient été prises plus tôt. Mais beaucoup moins que si l’on tarde encore !
2,4 milliards d’euros ! Est-ce dément ? Irréaliste ? Complètement décalé de la réalité, allez-vous dire ? Non pas du tout
C’est simplement le prix de l’ambition.
L’ambition de MG France pour la médecine générale est d’obtenir les moyens pour travailler dans des conditions simplement normales. L’ambition est de mettre fin au différentiel injustifié de revenus entre nous et les autres spécialistes. Il est de 49 % inférieur, je vous le rappelle ! Qui peut, aujourd’hui, avec les niveaux de formation et de responsabilité que nous avons, justifier un tel écart?
2,4 milliards, c’est juste l’accès à la MPC de 2 euros aux généralistes comme à tous les autres spécialistes, la visite rémunérée à sa juste valeur, la revalorisation des forfaits, l’ajustement de l’ASV et sa pérennisation, la rémunération de la fonction « médecin traitant de l’enfant » et celle des maitres de stages, sans compter quelques autres mises à niveau. Mesures qui, pour la plupart auraient pu et auraient dû être prises depuis longtemps.
Mais si l’on attend encore, combien faudra-t-il mettre pour qu’il y ait un médecin accessible à l’ensemble de la population ? Trois ? Quatre milliards ? Nos politiques vont-ils attendre le crash démographique annoncé pour nous pondre une de ces mesures stupides et coûteuses dont ils ont le secret ? Des hélicoptères à tous les coins de rue ? Des cabines numériques pour que les patients s’auto-diagnostiquent ? Des hôpitaux de proximité dans toutes les campagnes ?
Ce qui reste plus surprenant, c’est l’attitude de nos petits camarades des syndicats poly-catégoriels. Ces défenseurs de la médecine libérale - mais défenseurs très modérés de la médecine générale - prennent acte et versent des larmes de crocodile sur notre niveau de revenu ridicule. De là à en tirer les conséquences et proposer des mesures concrètes pour changer cet état de fait, il y a un fossé qu’ils n’osent pas encore franchir !
Alors demandons du courage aux « politiques », même si n’avons pas beaucoup d’illusions sur leur capacité d’écoute et d’action. Et demandons aussi de la cohérence à tous les représentants syndicaux pour qu’ils nous aident à mettre fin à la situation de plus en plus intenable de la médecine générale, qui à terme sera préjudiciable à tous !
Bernard Pledran
NB : Les détails du Plan Marshall pour la médecine générale demandé par MG France