(Ce papier est à lire en imaginant que c’est Gabin qui le joue).
Les gros ordinateurs de la CNAM tournent et comptent les IJ.
Évidemment les chiffres sont à la hausse.
Bien entendu, c’est la faute de patients pervers et de médecins inconscients.
Nicolas Revel est comme l’inspecteur Pluvier.
Il les traque avec méthode et patience.
Comme dans le film de Grangier*, ça va mal finir.
Les médecins généralistes ne sont pas meilleurs que les autres.
Mais pas pires.
Pas inconscients.
Pas tricheurs.
La plupart d’entre eux font très attention à leurs prescriptions.
Quant aux malades, ils sont rarement pervers.
Être en arrêt maladie, ce n’est pas un plaisir.
Les bénéfices secondaires de la maladie, on a appris ça en psychologie.
Pourtant, on ne souhaite pas d'être malade à ses proches, sous le gui ...
La vie, la maladie et la société sont trop dures pour beaucoup d’entre eux.
La “Sécu”, les généralistes comme les malades, en ont besoin.
C’est un partenaire incontournable de notre système de santé.
Seuls ceux qui n’ont jamais été malades peuvent la regarder de travers.
Tous les autres ont été bien contents de l’avoir quand il le fallait.
Et elle était là.
Et pourtant, si la CNAM continue de nous traiter comme des délinquants.
Si la seule façon de gérer le budget est de désigner des coupables,
Si des gens faits pour s’entendre se parlent mal,
inéluctablement, on va dans le mur.
Que la CNAM utilise des outils “gagnant-gagnant” :
“Vous prescrivez beaucoup d’IJ, nous vous aidons à analyser votre pratique !”
Un dialogue constructif permettra d’améliorer les choses bien mieux qu’une pression constante et absurde.
Que l’on renforce la médecine du travail au lieu de la saborder.
La prévention sera toujours plus efficace que réparer la casse.
Sinon, les généralistes se défendront.
Quand tous nos malades seront devant les portes des CPAM
pour faire valider leurs arrêts maladie par les médecins conseils,
il sera trop tard pour rétablir le dialogue.
Et à propos de dialogue, Audiard nous manquera toujours …
* Le rouge est mis, Film de Gilles Grangier, 1957, avec Jean Gabin. Dialogues de Michel Audiard
Jean-Christophe Nogrette