L’été est là. De nombreux médecins font appel à de jeunes remplaçants. Mais que veulent ces jeunes confrères qui ne sont pas encore installés? Comment lever leurs craintes à l’installation ? Les récentes enquêtes menées auprès d’eux sont concordantes : les jeunes aspirent à s’installer en médecine générale libérale, pour plus de 3/4 d’entre eux. Mais pas n’importe comment.
Depuis deux ans, les enquêtes se succèdent : celle de l’ISNAR IMG, principal syndicat représentant les internes de médecine générale, mais aussi une thèse d’une interne ou les travaux d’un département de médecine générale. Ces études ont montré que les jeunes ne rejettent pas notre modèle d’exercice libéral : de 78 à 86 % des internes qui souhaitent exercer la médecine générale veulent s’installer en libéral!
Petit bémol, ce chiffre descend à 61,5 % des jeunes interrogés si l’on intègre les internes se destinant aux urgences ou à la gériatrie. Ceci est bien compréhensible car ces installations se font le plus souvent dans des structures salariées.
Parmi les avantages de l’installation libérale, les jeunes citent la liberté professionnelle et la liberté d’organisation du travail. En revanche, 85 % jugent dissuasives les charges administratives et 77 % trouvent que le salariat donne plus d’avantages sociaux que l’exercice libéral.
Pour exercer leur métier comme ils l’ont appris, en équipe et en prenant le temps de la réflexion diagnostique, de l’éducation des patients, de la synthèse et de la coordination, 78 % des internes souhaitent sortir du paiement à l’acte exclusif.
MG France, qui organise depuis des années des ateliers de l’installation, connait ces aspirations. A nous, médecins généralistes installés, de créer les conditions propices pour que les internes en stage dans nos cabinets, ou les remplaçants qui arrivent cet été, franchissent le pas de l’installation dans les prochains mois. Le but est de transformer les déclarations d’intention de ces internes en installations réelles !
Il faut à cet égard une protection sociale améliorée, notamment pour les femmes médecins et leur grossesse, des moyens pour financer un temps de personnel administratif (sur place ou externalisé), le financement des temps de coordination en équipe de soins, des aides pour s’équiper (cabinet médical, informatique), en bref une part de forfaitisation pour tout le travail que nous faisons en plus de nos actes. En y ajoutant une formation initiale et continue digne et un métier, la médecine générale, à valoriser.
Ce sont les revendications actuelles de MG France et la ligne directrice des revendications que MG France soutient depuis plus de 30 ans. Certaines ont abouti. D’autres doivent encore être traduites dans les faits. Ces enquêtes récentes confirment que les mutations de notre spécialité nécessitent des évolutions significatives et des moyens nouveaux.
A nous de faire de l’internat, puis du remplacement, un tremplin vers l’installation en gardant un métier attractif. Ajoutons-y une bonne dose d’entente cordiale entre associés et beaucoup de freins seront levés. A condition que les idées de MG France germent dans l’esprit de nos gouvernants qui semblent être les seuls à ne pas entendre le malaise de notre discipline.
Teddy Bourdet