Alors que l’Assemblée nationale vient d’engager les débats autour de la future loi de modernisation du système de santé, le syndicat des généralistes a invité la presse pour refaire un point sur les dossiers les plus importants du moment. Pour Claude Leicher, président de MG France, dans la période actuelle, « les généralistes ne peuvent compter que sur eux-mêmes. »
Trois jours après la journée « santé morte » et alors que les députés planchent sur la future loi qui avance vouloir moderniser le système de santé, les dirigeants de MG France ont fait un point avec la presse sur l’actualité du moment. « La ministre de la Santé souhaite moderniser le système de santé. Mais peut-on opérer en France un réel virage ambulatoire sans organiser le 1er étage des soins primaires », a demandé Claude Leicher, pour qui le sujet central de la loi en discussion est bien l’organisation des soins ambulatoires. Face aux défis qui se présentent aux professionnels de santé, qui ont pour noms vieillissement de la population et explosion des maladies chroniques, les médecins généralistes sont en première ligne mais n’ont pas les moyens pour faire face aux enjeux. « La médecine générale est victime d’une maltraitance depuis le 1er janvier 2007 et reste la seule spécialité à laquelle la cotation du CS est interdite, martèle le président de MG France. Ils vivent leur 9ème année de discrimination et la 6ème année de blocage tarifaire avec le C figé à 23 euros. Cette situation d’iniquité tarifaire ne peut plus durer. Nous devons être traités à égalité avec toutes les autres spécialités ! Nous sommes prêts à lancer un 2ème mot d'ordre, avertit Claude Leicher : la visite à domicile à 56 euros, si les autorités de la santé ou l'assurance-maladie s'en prennent aux généralistes qui facturent leur acte à 25 euros !».
Un généraliste de moins par jour
Face à ceux qui stigmatisent régulièrement les généralistes au motif qu’ils ont bénéficié de forfaits ou de la ROSP, il rappelle volontiers que des régions entières du pays se démédicalisent, faute de jeunes médecins qui s’installent. « Aucun signe d’encouragement n’est donné aux futurs généralistes quant à leurs conditions d’exercice ou à la mise à niveau normale de la valeur de leurs actes ». « Il n’y a pas de réponse au dossier des moyens de la médecine générale et les calculs d’apothicaire de Madame Lemorton (1) ne répondront pas à cette question cruciale ». Pour l’heure, un généraliste disparaît quotidiennement du système de santé sans être remplacé.
Par ailleurs, la grande conférence de santé, annoncée pour la fin de l’année par le Premier ministre, ne suscite guère d’enthousiasme dans les rangs de MG France. « Clémenceau est de retour ! », note Claude Leicher qui voit dans le projet d’Emmanuel Valls la préfiguration d'un tryptique bien connu : « un problème, un rapport et un tiroir ». Où sont passés les rapports Hubert – sur la démographie médicale -, Cordier – sur la stratégie nationale de santé – et Druais – sur la médecine générale ?, interroge Claude Leicher qui se dit sceptique face « à un tel retour à Clemenceau » et attend de connaître la date et le programme de cette conférence pour se prononcer sur le fond.
« Les pouvoirs publics ne savent pas décider et c’est la raison pour laquelle nous maintenons la pression », conclut Claude Leicher. Pour l’avenir immédiat les membres du syndicat des généralistes vont analyser par le détail les amendements présentés aux députés et adoptés par ces derniers. « Nous ne lâcherons rien, les généralistes doivent savoir qu’ils peuvent compter sur nous. »
JJC
(1) Catherine Lemorton est pharmacienne à Toulouse et préside la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.