Un cheval bon marché est rare. Tout ce qui est rare est cher.
Donc un cheval bon marché est cher.
Pour les experts c’est pareil.

Un expert sans conflit d’intérêt est souhaitable.
Mais un expert sans conflit d’intérêt n’est pas très expert.
Donc un expert sans conflit d’intérêt est inintéressant …

C’est du moins la position que défendait naguère notre actuelle ministre de la santé,
Agnès Buzyn, quand elle était à la tête de la HAS.

Ce principe de la déclaration des liens d’intérêt est incontestablement utile
et de nature à améliorer la transparence des autorités et donc la validité de leurs décisions.
On se rappelle de recommandations émises par la HAS et retirées précipitamment après que des liens d’intérêts gênants des auteurs-experts aient été révélés …

 

On le sait moins, mais nos représentants siégeant dans les commissions scientifiques
qui valident les programmes de notre DPC ont tous été inquiétés et/ou poussés dehors
du fait de leurs liens d’intérêt : ils avaient tous un passé dans la formation médicale continue !
Naïvement, nous avions envoyé dans ces commissions des gens qui y connaissaient un peu quelque chose …

Il serait bon de clarifier les choses en faisant la transparence sur tous les plans,
mais attention, si même nos oripeaux sont transparents, nous serons nus.

Le conflit d’intérêt doit être d’autant plus dépisté que le niveau d’autorité est élevé.
La traque du conflit d’intérêt est utile.

Certains ont proposé la formation d’experts en santé, vierges de tous liens d’intérêt,
pour expertiser les décisions, recommandations et produits de santé.
Par qui les faire former pour que leur compétence soit indéniable ?
Par qui les faire rémunérer pour que leur indépendance soit totale ?

Jusqu’où faut-il aller ? Ce n’est pas souvent que ça m’arrive : je plains la ministre.
 

Jean-Christophe Nogrette

 

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