C’est bien connu, les médecins généralistes n’utilisent leur voiture que pour aller acheter des Lego pour leurs enfants, des sacs Hermès, éventuellement pour aller faire les soldes. Rarement pour assurer le maintien à domicile des patients les plus âgés, les plus fragiles, les plus malades. Rarement !
En outre, c’est aussi bien connu, ils ne se servent jamais de leur caducée, ils le confient à leur conjoint pour qu’il fasse n’importe quoi
avec. Nous connaissons tous quelques fameuses « histoires de chasse » de ce médecin qui avait laissé sa voiture plusieurs jours sur un arrêt minute, ou de cet autre sortant d’une boutique de la place Vendôme, où elle avait sûrement donné des soins urgents à un célèbre joailler !
C’est pour cela que je comprends parfaitement les maires qui ont instauré une nouvelle forme de taxe professionnelle, la carté pré-payée de stationnement.
Ils ont la Loi pour eux, les bougres. Il existe bien une circulaire datant du 26 janvier 1995 (et publiée dans le Bulletin officiel du ministère de l’intérieur n° 95/1 pages 728-729) qui précise les « facilités de stationnement accordées aux véhicules des médecins »
« Les véhicules des médecins arborant le caducée, ou ceux des sages-femmes arborant leur insigne professionnel, pourront bénéficier de mesures de tolérance en matière de stationnement irrégulier dès lors que leurs propriétaires sont appelés à exercer leurs activités professionnelles au domicile de leurs patients, ou à proximité de leur domicile en cas d’astreinte et essentiellement pour satisfaire à leurs obligations, en cas d’urgence. »
Mais il ne s’agit pas d’un droit, c’est une tolérance. Or, chacun sait que la tolérance, il y a(vait) des maisons pour cela.
Les maires taxent donc de bon droit les docteurs, ces nantis, qui voudraient juste ne pas être trop embêtés quand ils se déplacent, quand ils vont voir leurs patients âgés, fragiles, malades. Ils voudraient juste de ne pas être embêtés par une mesure supplémentaire, vexatoire et injuste quand ils font juste leur boulot, dans des conditions de plus en plus difficiles.
Alors, mesdames et messieurs les Maires de France, choisissez ! Montrez-vous intelligents ou continuez votre petit jeu stupide. Mais, dans ce cas, interdisez-vous aussi de venir, dans les médias, vous lamenter sur l’irrésistible progression des déserts médicaux. Cette mesure ne porte sûrement pas la plus grande responsabilité dans cette progression. Mais une taxe supplémentaire de 1250 € voire plus, fait partie des mille et unes choses qui alimentent le ras-le-bol des médecins et découragent les vocations.
Bernard Pledran