Le titre de notre congrès était : Accès aux soins - La médecine générale relève le défi...
Nous avons toujours été présents aux côtés de la population. N’oublions pas que nous assurons aujourd’hui un million de consultations chaque jour. Nous, les médecins généralistes, sommes les champions du monde de l’adaptation, comme nous l’avons montré pendant la crise Covid. C’est l’essence de notre métier : gérer l’incertitude. Car à chaque instant, dans chaque consultation, tout peut survenir, et nous devons être en capacité d’y faire face. Nous sommes donc partants pour relever le défi, mais pas le couteau sous la gorge ! Nous fêtons les 80 ans de la Sécurité sociale. Depuis quelques semaines, certains propos tenus sur les ALD nous préoccupent, car leur remise en cause signifierait, pour nous, la fin de la solidarité avec les plus malades, sachant que ce sont eux qui ont déjà la plus forte contribution financière.
Notre système de protection en matière de santé est-il menacé ? Ces dernières années, l’accent a été mis sur l’aigu (urgences, SAS, PDSA), la question de la polypathologie et de la multimorbidité étant la grande absente de la vision politique, alors que c’est le défi de la santé publique.
Comment le relever sans développer Asalée et l’assistant médical ? Nous entendons régulièrement que le médecin traitant est le pilier des soins, au centre du parcours... La réalité est aujourd’hui contrastée : l’exercice de la médecine traitante est moins valorisé et plus complexe (en matière de charge mentale, de complexité des patients) que beaucoup d’autres exercices, comme les centres de soins non programmés. Comment faire en sorte qu’exercer en tant que médecin traitant soit demain le plus attractif des modes d’exercice pour les jeunes MG ? Nous parlions des CSNP, nous pourrions citer les plateformes de téléconsultations commerciales, exemples qui illustrent tous deux la financiarisation rapide des soins primaires. Les voix sont parfois dissonantes sur ces sujets… Quelle est vraiment la position des pouvoirs publics sur ce type d’offre médicale ?
Depuis 20 ans, le système se structure progressivement en niveaux de recours, avec une gradation. Quelle place pour le médecin traitant dans ce système, par rapport aux infirmiers et pharmaciens dont l’activité mord de plus en plus sur le métier généraliste ?
Ces professions ont-elles vocation à se substituer au médecin généraliste traitant ? La solidarité et l’équité sont des principes incontournables pour MG France. Mais la mise en place qui débute autour du principe de solidarité territoriale nous paraît mal engagée pour plusieurs raisons : d’abord, il n’y a pas de solidarité s’il y a contrainte. Pas de solidarité « obligatoire » sous peine de sanction. Ensuite, le zonage : l’actuel est périmé, le nouveau semble en cours, mais comment mesurer les besoins des zones fragiles sans connaître le nombre de médecins généralistes traitants, par rapport aux généralistes aux activités non traitantes, puisque l’Assurance maladie ne sait pas bien les distinguer ? Dans les faits, des zones en grande difficulté pour assurer le suivi des patients, et qui espéraient du renfort, non seulement risquent de ne pas en avoir, mais pourraient être tenues de contribuer ! Ce serait un comble…
Depuis fin mai, l’Assurance maladie a débuté une double campagne sur les indemnités journalières (IJ). Nous comprenons le souci du gouvernement, confronté au déficit budgétaire, de tenter de réduire le coût des IJ. Une campagne d’entretiens confraternels. Qui dit confraternel dit évidemment médecin-conseil et non infirmier. En revanche, une nouvelle campagne de contrôles appelée MSO-MSAP est également lancée, à partir encore une fois d’un ciblage statistique discutable. Dans la convention, nous nous étions mis d’accord pour réfléchir ensemble aux modalités de ces campagnes. Cela n’a pas été fait. Nous rappelons que ce qui coûte cher, ce sont les arrêts longs, et qu’ils le sont pour des raisons structurelles bien connues : vieillissement, management toxique, accès difficile au second recours.
MG France n’accepte pas que les médecins généralistes soient les boucs émissaires de cette augmentation des IJ, qui est multifactorielle. MG France a lancé une opération « Transparence IJ », à la fois en direction des médecins généralistes et des assurés, qui permettra d’éclairer les médecins et leurs patients sur les causes — et donc les responsabilités — du coût des indemnités journalières.
Conclusion : notre congrès a tracé une perspective et un chemin à suivre. Tracer l’avenir, faire des propositions, alerter : c’est l’essence de MG France. Défendre encore et toujours les MG, comme nous l’avons fait tout l’été face à la campagne MSO-MSAP.
Promouvoir l’équipe de proximité du médecin traitant et soigner nos patients jour après jour, courageusement.
Agnès GIANNOTTI, Présidente de MG France