Les médecins généralistes, vous êtes là ?
Les femmes, vous êtes là ? Les hommes aussi ? Et les jeunes ? Vous voulez tous faire entendre votre voix ? Vous êtes au bon endroit, car la voix des spécialistes en médecine générale, c’est MG France qui la porte.
Que ce soit lorsque nous négocions, ou nous refusons de céder à un management toxique pour la profession ! Que ce soit dans la défense des collègues face à l’arbitraire, et — osons le dire — à l’imbécillité des algorithmes qui ciblent souvent des collègues simplement préoccupés par des patients qui vont mal. Que ce soit pour faire partager une vision et tenter de construire un système de santé plus juste, plus équitable, qui ne laisse personne sur le bord de la route. Sans la médecine générale, c’est l’ensemble du système qui s’effondre. Sans les médecins traitants, impossible de prendre en charge une population qui vieillit et de faire face au défi de la multimorbidité et des maladies chroniques !
Stop ou encore à la financiarisation ? Stop ou encore à l’ubérisation du système de soins ? Stop ou encore à la désorganisation et à la fragmentation des soins, et au concours de celui qui prendra la plus grande part de marché à l’autre ? MG France réaffirme : que la solidarité doit rester le fondement de notre système de santé. Nous ne voulons pas avoir à choisir tel ou tel traitement ou prise en charge en fonction du porte-monnaie du patient. Nous ne voulons pas de perte de chance pour raisons financières. que l’équité ne peut pas se négocier : ce qui est permis pour l’un doit l’être pour l’autre.
- que la gradation des soins — entre soins primaires, spécialistes de second recours, hôpital et plateaux techniques lourds — est la seule voie qui garantisse la qualité, la pertinence des soins et leur soutenabilité.
- que les conditions d’une interprofessionnalité réussie demandent un cadre de coopération effectif et opérationnel entre les divers professionnels et le médecin généraliste traitant.
En cette période de crise, il n’y a pas d’outil magique. Le numérique, ce ne sont que des outils : leurs conséquences dépendent des choix politiques et de la vision des tutelles — entre outil d’amélioration de la qualité des soins ou instrument de dérégulation et de désorganisation. Nous ne sommes pas assez nombreux : ce n’est pas par la contrainte que nous pourrons nous démultiplier ! Sans compter des mesures technocratiques s’appuyant sur des zonages très complexes, élaborés par des gens très intelligents mais hélas totalement erronés, car incapables de suivre en temps réel les départs, incapables de faire la différence entre un médecin traitant, un urgentiste ou un médecin esthétique, et qui risquent de conduire à demander à des médecins exerçant dans un contexte de pénurie d’aller renforcer une autre zone en difficulté. Le fameux : déshabiller Pierre pour habiller Paul. Être médecin généraliste, c’est être confronté à la complexité de la vie, des situations. Chaque patient est unique. Et c’est la profondeur du lien entre un patient et son médecin traitant, et la confiance qu’il lui accorde, qui nous permettent de faire face ensemble aux écueils de son parcours de vie et de santé. Nous sommes les acteurs essentiels permettant la résilience d’une population qui va mal. Gérer l’incertitude au quotidien, nous adapter aux préoccupations et aux réalités de chaque patient, à sa capacité propre, à sa spécificité. Avoir un discours toujours vrai, mais propre à chacun et à chaque moment particulier.
Au grand désespoir de certains, impossible de confier cela à une IA. Impossible, contrairement au souhait d’autres syndicats, de réduire cela à des RMO ou à des protocoles. Deux arrêts de travail pour un même motif doivent-ils avoir la même durée ? Entre une femme de ménage avec deux employeurs et de longs temps de trajet, et un cadre dynamique en télétravail ? En 40 ans, notre métier s’est métamorphosé. Nous avons appris à travailler en équipe, avec les autres professionnels. Nous avons révolutionné nos organisations, investi les domaines de la santé publique et de la prévention, surmonté la crise sanitaire, et nous répondons présents encore aujourd’hui au plus fort de la crise démographique. Nous sommes de moins en moins nombreux, mais les patients les plus graves ont besoin de soins : nous avons répondu présents à l’appel, et aujourd’hui, 96,4 % des patients en ALD ont un médecin traitant ! Merci à chacun pour son engagement.
Ceux qui parlaient de droits et devoirs pendant la première négociation conventionnelle, prêts à signer, quand nous avons refusé les contraintes et l’inéquité, parlent maintenant de responsabilité quand nous parlons de solidarité, de volontariat. Les mots ont changé, les idées restent. MG France refuse définitivement qu’un management toxique encadre les médecins généralistes, toujours coeur de cible de tous les resserrements de vis ! Nous sommes engagés au quotidien, nous avons toujours été aux côtés des patients, et nous le resterons ! Mais nous le réaffirmons : pas sous la menace, et pas le pistolet sur la tempe ! Nous n’en avons pas besoin ! Rappelons que les médecins traitants sont les médecins de l’aigu comme du chronique. 50 % de notre activité est consacrée à un motif de survenue brutale, lors d’un RDV non programmé. Donc plus nous serons nombreux à être installés, moins la question des SNP se posera. Nous sommes également les acteurs essentiels de la prévention, aussi bien primaire que secondaire et tertiaire : 25 % de notre temps de consultation y est consacré. D’ailleurs, nous attendons toujours l’autorisation d’avoir les vaccins dans nos frigos (en plus de ceux contre la Covid) !
Nos plus proches collaborateurs — qui, au quotidien, travaillent avec nous pour accueillir les patients — secrétaires médicales, assistants médicaux, nos précieuses infirmières Asalée qui nous aident à surmonter les situations les plus difficiles des patients les plus en difficulté, les IPA qui travaillent en collaboration avec certains d’entre nous… C’est eux, et personne d’autre, qui vont nous aider à surmonter les cinq années difficiles qui arrivent. Notre point fort, c’est aussi tous ces jeunes qui sont là, ce qui nous réjouit ! Ils sont particulièrement bien formés et motivés, prêts à continuer à faire évoluer notre métier et à s’impliquer pour les patients. Entendons-les et aidons-les à prendre cette voie, au lieu de les entraver ou de les décourager. Nous devons aller plus loin dans certains domaines : être plus autonomes dans la prise en charge des pathologies chroniques, pouvoir pratiquer nous-mêmes certains actes techniques. Ainsi, l’échographe doit se généraliser, et son utilisation devenir aussi banale que celle du stéthoscope — de même que le dermatoscope. À quand la possibilité pour les MG qui le souhaitent de pratiquer les holters ECG, les holters tensionnels… ?
Maintenant, il nous faut construire l’avenir : valoriser la complexité, et non le one-shot ; renforcer la vraie coopération interprofessionnelle, au profit des patients les plus complexes. Les batailles qui s’annoncent sont celles de l’extension de la GL et de la VL, du renforcement du FPMT, de la généralisation d’Asalée. Oui, plus que jamais, affirmons que médecin traitant est un métier d’avenir ! Et que la médecine générale est prête à relever le défi de l’accès aux soins. Et c’est MG France qui portera ces batailles !
SANS LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES, C’EST TOUT LE SYSTÈME QUI VACILLE. ILS EN SONT LE PIVOT, LE POINT D’ÉQUILIBRE.
Jean-Christophe NOGRETTE