Après plus de 40 ans d’exercice, le comité de rédaction m’a proposé de raconter le syndicalisme médical. Ces courts articles qui se succèdent au fil des numéros, doivent être lus comme des notes, et surtout susciter des commentaires, critiques, et compléments d’information.
Nous en étions restés à la veille de 1981, et la naissance d’une opposition au secteur 2 au sein de la CSMF. « Vigilance et action » est créé avec notamment des MG, beaucoup exerçant en groupe, dans plus de 40 départements. Ce secteur 2 nouvellement créé introduit une liberté d’honoraire au sein du conventionnement, et donc une rupture de la protection sociale. Il sera choisi par 5,75 % des médecins majoritairement spécialistes.
1981 Mitterrand
Dès 1971, dans le programme commun de la gauche, était avancée l’idée de la gratuité des soins.
En 1974, ce sont les CSI, Centres de Santé Intégrés, et en 1980, le PS prône des soins primaires comportant des Centres de Santé Pluriprofessionnels, dans le respect des modes d’exercice, avec des conventions adaptées au paiement à l’acte ou à la capitation, ainsi que la fin du secteur 2.
Ceci se retrouve dans les 110 propositions du candidat de la gauche avec en plus la suppression de l’Ordre des Médecins. La FNOF accueille plutôt favorablement les premières mesures du ministre communiste Jack Ralite en 1981 et 1982 : suppression du secteur privé à l’hôpital, expérimentations dans les exercices, réforme des CA de la Sécu,… mais les syndicats restent vigilants sur le libéralisme médical. Décembre 1981, Jacques Beaupère préside la CSMF avec une ligne très libérale dans un contexte d’honoraires bloqués, avec une inflation à 14 %. De fait, en 1982 une revalorisation de 10 % intervient ainsi qu’une fenêtre d’ouverture du secteur 2 d’un mois en janvier 83. La convention de 1980 est annulée et remplacée à l’identique avec un ajout sur le secteur 2, dont les praticiens devront s’acquitter des cotisations sociales. Avril 84 grande manifestation menée par l’UNAPL contre le blocage des honoraires, notamment ceux de la visite. La FMF signe seule, les spécialistes sont favorisés.
Les médecins généralistes vont mal
Une démographie médicale galopante avec l’arrivée massive des jeunes médecins des années 70 (+ 15 000 en 4 ans), une multiplication des spécialistes libéraux et de leurs actes techniques, et la baisse de leurs revenus (25 % déclarent des revenus inférieurs au SMIC et pointent pour certains à l’ANPE) vont dévaloriser l’image des MG. Le malaise est fort et le système conventionnel ne répond plus à ces angoisses existentielles. Et ce d’autant plus que le syndicalisme est affaibli. De 58 % en 1978, le taux de syndicalisation baissera à moins de 20 % en 1989.
La FNOF (les omnipraticiens) au sein de la CSMF ne peut faire entendre sa voix.
Le SMG (Syndicat de la Médecine Générale) n’est pas reconnu représentatif et n’a guère de poids.
La question d’un syndicat autonome de généralistes est désormais clairement mise en avant. La CSMF continue de penser que cela peut se faire en son sein en transformant la FNOF en UNOF, cela prendra du temps (1983/85), et surtout décevra nombre de ces généralistes qui se sentiront grugés et ce sera l’appel des 10.
Jean-Louis BENSOUSSAN